A quoi va ressembler notre jardin dans les années à venir? Réchauffement de la planète oblige, voici les dix commandements du jardin bioclimatique.
Le jardin bioclimatique
Bienheureux les propriétaires qui se lancent dans la conception d’un nouveau jardin. Ils vont pouvoir créer un jardin bioclimatique, un jardin qui fait du bien à la planète et au climat. Pour les autres, il va falloir adapter son jardin au changement climatique pour travailler avec la nature et non se battre contre elle. (voir mon reportage sur la Canicule et la Sécheresse au jardin et le Bilan de la canicule en 2018)
Repenser notre façon de jardiner
Dans les régions tempérées, depuis trois ans, l’herbe verte au printemps vire au paillasson jaune en été, comme en Sicile. Les feuilles de rhododendrons pourtant coriaces sont grillées, tout comme les ombelles et le feuillage des hortensias. Pour faire face à la canicule et la sécheresse mais aussi aux pluies diluviennes, il faut repenser notre façon de jardiner, déplacer ou remplacer certaines plantes et couvrir son sol pour ne plus être esclave de son tuyau d’arrosage. A suivre, le guide du jardin bioclimatique:
1) Bannir les déserts écologiques
Les jardins sont devenus des observatoires qui donnent une place centrale à la nature. Les strates végétales de la forêt inspirent les jardiniers qui cultivent en permaculture. Nous pouvons recréer un écosystème dans le jardin avec des zones ombragées, des haies bocagères variées et l’apport de fumures organiques qui profitent aux plantes et à la vie des micro-organismes dans la terre. (voir mon reportage sur la Haile libre et sur la permaculture)
2) Améliorer le terrain
Un sol forestier se dessèche beaucoup moins qu’un sol dénudé. Il peut y avoir dix degrés de différences entre les deux situations. Cet abaissement de la température qui freine l’évaporation provient, outre de l’ombrage, essentiellement de la biomasse. La couche d’humus du sol est épaisse et joue le rôle d’isolant thermique et de rétenteur d’eau. Si le terrain reçoit régulièrement du compost et des amendements organiques, sa réserve en humus jouera le rôle d’une éponge et pourra stocker l’eau pendant plusieurs semaines. (voir mon reportage sur jardiner bio)
3) Planter un arbre
Grâce au mécanisme de la photosynthèse, les végétaux consomment du carbone et rejettent de l’oxygène dans l’atmosphère. Les arbres en particulier sont considérés comme des puits de carbone grâce à leur importante capacité à piéger ce gaz à effet de serre tout au long de leur vie. Un grand arbre peut retenir jusqu’à 5,4 tonnes de CO², soit les émissions d’un Airbus A320 sur un trajet de 600km. (voir mon reportage sur Planter un arbre)
4) Profiter du réchauffement climatique
Il y a quelques années, planter un nandina, un lilas des Indes, un romarin, un figuier, un olivier, un pêcher ou une vigne au nord de la Loire aurait été une aventure. Aujourd’hui, c’est une chose courante même si les plantes ont besoin d’une situation abritée et d’une petite protection durant les premières années. Par contre, certains végétaux ne sont plus adaptés à nos régions tempérées. Par exemple, les forêts de hêtres qui couvraient notre pays vont devoir migrer vers le nord pour trouver plus de fraîcheur. (voir mes reportages sur les plantes du Sud )
5) S’adapter au terrain et à l’exposition
Lorsque l’on crée un jardin, il est important de choisir ses plantes en fonction de son terrain et de son exposition. Les racines superficielles du rhododendron souffrent vite de la sécheresse. Il faut donc installer l’arbuste plutôt à la mi-ombre qu’en plein soleil. Il a aussi besoin d’un sol à tendance acide. Une lavande au contraire apprécie le soleil et la chaleur ainsi qu’un sol à tendance calcaire. (voir mes reportages sur les plantes de rocaille, l’analyse du sol, les sols acides et les sols calcaires)
6) Choisir des plantes frugales
On a pu le constater lors des trois derniers étés de canicule et de sécheresse, certains végétaux résistent parfaitement à la canicule et à la sécheresse. Parmi les arbustes, on peut citer les Cotinus, Cognassier, Hibiscus, Pieris Pyracantha, Amelanchier et Berberis. Côté fleurs vivaces, les grands iris, sedum, gaura, euphorbe, phlomis, aster d’été et soleil vivaces ont bien passé l’été sans arrosage. Chez les graminées, il y a les stipa, pennisetum, calamagrostis, miscanthus et fétuque. Par contre les rhododendrons et les hydrangea macrophylla et serrata ont beaucoup souffert, tout comme les plantes qui développent de grandes feuilles tels les gunnera, rodgersia, dipelta peltata ainsi que les pulmonaires et les astilbes, à réserver aux zones ombragées et plus humides. (voir mon guide sur les plantes, arbres, conifères, buissons qui résistent à la sécheresse, sur les plantes vivaces qui résistent à la sécheresse et sur les arbustes qui résistent à la sécheresse.
7) Planter en automne
Les végétaux qui sont plantés avant l’hiver ont le temps de développer des radicelles qui leur permettront de mieux affronter la sécheresse la saison suivante. Travaillez le sol en profondeur en apportant une bonne dose d’humus. Améliorez les sols pauvres et sablonneux par un mélange de terre argileuse et de compost. Prévoyez au moment de la plantation une cuvette d’arrosage autour du pied de la plante pour faciliter l’arrosage. (voir mon reportage sur la plantation des arbres et arbustes)
8) Valoriser les déchets verts
Les déchets du jardin et de la cuisine sont un or vert à portée de main. Tontes de pelouse, feuilles mortes, déchets de tailles d’arbustes, coupes de fleurs fanées et de légumes, les déchets organiques sont rassemblés sur le compost ou étendu comme un mulching en couverture de sol dans les massifs ou au potager. Transformé en humus, cet excellent amendement maintient le sol humide et enrichit la terre, rapportant au sol les éléments nutritifs que les plantes ont prélevés. La boucle est bouclée. (voir mes reportages sur les amendements pour améliorer la terre, le compost et le mulching)
9) Remplacer le gazon par un paillis
Une pelouse systématiquement grillée par la sécheresse, c’est vraiment démoralisant. Pour un nouveau semis de gazon, choisissez des semences spécial pour terrain sec à base de fétuque, de ray-grass et pâturin des prés qui développent des racines très profondes. Remplacez le gazon par des plantes couvre-sol ou par une prairie fleurie. Mais le jardin de demain remplacera le gazon par un paillis végétal ou minéral. Plus de corvée de tonte, un revêtement qui garde l’humidité dans le sol et qui empêche la venue des mauvaises herbes, c’est que du bon! (voir mes reportages sur le paillage et le jardin sur gravier)
10) Mieux gérer l’or bleu
L’eau devient une denrée rare. L’installation d’un récupérateur d’eau de pluie est précieux pour pouvoir assurer l’arrosage même au coeur des étés les plus arides. Il est inutile d’arroser quotidiennement. Une fois par semaine est suffisant durant les premières années suivant la plantation d’un arbuste, avec un arrosage abondant afin de forcer la plante à développer des racines en profondeur. Les systèmes d’arrosages automatiques intégrés dans la conception du jardin sont de plus en plus performants afin que chaque goutte d’eau soit utilisée à bon escient. C’est peut être l’avenir pour nos jardins. (voir mon reportage sur l’arrosage)
Une bonne adresse: Pépinière Filippi, à Mèze dans le sud de la France, entre Béziers et Montpellier, www.jardin-sec.com
A lire:
- «Manuel pratique du jardin climatique», Marc Verachtert et Bart Verelst, éd. Racine.
- «Toutes les plantes supportant la sécheresse», Aurélien Davroux, éd. Ulmer.
- «Pour un jardin sans arrosage», O. Filippi, éd. Actes Sud.
Rendez-vous dans les rubriques Jardinage et Végétaux pour découvrir mes reportages sur la Haie libre, des Plantes, arbres, conifères, buissons qui résistent à la sécheresse, sur les Fleurs vivaces qui résistent à la sécheresse, sur Sauver son jardin de la Canicule et la sécheresse, le Bilan de la canicule en 2018, le Jardin sur gravier, les Plantes de rocaille, es Arbustes qui résistent à la sécheresse, l’Analyse du sol, Arroser sans gaspiller, le Mulching, le Compost, le Paillage, Jardiner bio, la Permaculture ou cliquez sur les liens.
Très bonne résolution dans ce guide qui ne mentionne pas le mot permaculture qui ne veut rien dire de durable mais qui est plutôt un slogan qui semble avoir créer des principes nouveaux et qui ignore mes principes ancestraux du jardinage (culture en billion, culture associative et dérobée, rotation de culture et mesures conservatoires du sol)
Super idées pour entretenir son jardin
A l’essentiel. Limpide, et engageant. Tant aux niveaux efficacité qu’esthétique. Merci Agnès!
Merci Nathalie, bon jardinage…