Au pied du Massif des Maures, le Domaine du Rayol met en scène des paysages caractéristiques du climat méditerranéen. Une invitation au voyage.
Face aux Iles d’Hyères
Le Domaine de Rayol domine les flots turquoise de la mer Méditerranée. Il fait partie de ces résidences bâties au début du siècle dans le maquis sauvage parmi les bruyères, les cistes et les arbousiers. Au coeur de cette végétation méditerranéenne, une magie s’opère. Le visiteur est au coeur d’une scène où se crée un lien intime entre lui, le patrimoine architectural et le paysage qu’il a devant les yeux.
Le vallon du figuier
Alfred Théodore Courmes est un homme d’affaires parisien né à Bormes. Nous sommes en 1908 et Il vient de se marier à cinquante ans lorsqu’il acquiert sur les rivages du Rayol le vallon du Figuier, un «tas de cailloux» sur un promontoire de quarante hectares face aux îles d’Hyères.
Des petits chemins muletiers, des restanques à vergers, des chênes lièges à bouchons, une rivière qui vient se perdre dans la mer, tel est le paysage champêtre qui deviendra le Domaine du Rayol.
Ouvert sur le vaste monde qu’il a parcouru du Maghreb au Tonkin, de Ceylan aux Nouvelles-Hébrides, Courmes est aussi passionné d’architecture. Il va ainsi faire édifier une ferme puis une spectaculaire pergola d’inspiration antique autour de laquelle va s’organiser le jardin.
En 1912, il construit l’Hôtel de la Mer de style Art Déco qui accueille aujourd’hui le visiteur puis, en 1925, la villa du Rayolet située à l’autre bout de la propriété face au soleil couchant.
La mode est à l’exotisme
Face à cet extraordinaire paysage marin, les palmiers dattiers, eucalyptus, araucarias, agaves, figuiers de Barbarie, dragonniers, strelitzias, mimosas et autres plantes représentant l’exotisme en vogue à cette époque dressent le décor.
Le propriétaire suivant, Henri Potez enrichit le jardin de nouvelles plantations. Il rassemble alors en 1948 près de 400 espèces exotiques. C’est de cette époque que date “le grand degré”, la majestueuse descente d’escaliers qui crée une belle perspective en-dessous de la pergola.
Le Conservatoire du littoral
En 1974, la vente du domaine signe la fin d’une époque. Promis à la spéculation immobilière et après quinze ans d’abandon, le Domaine du Rayol devient un espace naturel protégé grâce à son acquisition en 1989 par le Conservatoire du littoral. Aujourd’hui, le Rayol comprend un patrimoine architectural en cours de réhabilitation sur un domaine d’une vingtaine d’hectares dont sept ont été aménagés en jardins paysagers par le paysagiste Gilles Clément.
Le Jardin des Méditerranées.
Le Domaine du Rayol est une invitation au voyage. Observateur attentif et infatigable de la nature à travers le monde, Gilles Clément a choisi d’y combiner les paysages naturels et emblématiques des régions lointaines où règne un climat similaire à la côte varoise. Il crée les jardins en fonction de la dynamique du végétal, de la diversité biologique des plantes et de leur perpétuel mouvement dans l’espace et dans le temps. “La mise en scène des paysages n’est pas considérée comme une fin en soi mais comme un moyen de rendre intelligible la complexité du vivant.”
Le biome méditerranéen
De part et d’autre de l’Equateur, entre le 30ème et le 45ème parallèle, se trouvent des régions du monde appartenant au climat méditerranéen qui ont pour point commun une biologie liée à la pluviométrie, au feu, au vent et à la mer. Les thèmes géographiques, écologiques ou ethnologiques du Domaine se déclinent en une multitude de paysages, de formes, de couleurs, de textures et d’agencements qui renvoient aux singularités mais aussi à la diversité du biome méditerranéen.
Les Canaries et la Californie
Ces paysages dispersés aux quatre coins du monde accueillent une biodiversité remarquable avec près de 50.000 espèces. Le visiteur voyageur qui arrive au Rayol découvre ainsi le premier jardin qui nous fait découvrir la flore des Canaries peuplée les grandes Euphorbia, Echium, Aeonium et les dragonniers, Dracaena draco. Les céanothes peuplent le chaparral de Californie tandis qu’ailleurs on retrouve des bosquets de l’arbre de Joshua, Yucca brevifolia, dont les plus vieux sujets âgés d’environ 700 ans peuvent atteindre dans leur pays d’origine 18 mètres de hauteur.
L’Afrique Australe et le Chili
Au pied de la pergola, on se retrouve dans le fynbos et le karroo d’Afrique australe où dominent l’acacia à grandes épines, Acacia karroo, les Aloes et les Protea. Dans le mattoral, la savane et les palmeraies du Chili poussent de cactus cierges, Cereocactus, et le palmier à miel, Jubea chilensis. Le mallee et le kwongan d’Australie se construisent sous les grands Eucalyptus, le Banksia, le Callistemon et les Black Boys, Xanthorrhoea preisii et Kingia australis.
Le maquis méditerranéen
Plus proche de nous, le maquis de la Méditerranée se caractérise par des arbres et arbustes sempervirens, c’est à dire toujours verts, aux feuilles dures et épaisses qui contiennent souvent des huiles essentielles qui leur permettent de résister à la sécheresse. On reconnaît le pistachier lentisque, Pistacia lentiseus, l’arbousier aux fruits rouge orange, Arbustus unedo, le caroubier, Ceratonia siliqua, le chêne liège, Quercus ruber, le Cistus et le pin d’Alep, Pinus halepensis.
La Chine, le Mexique et la Nouvelle-Zélande
Il y a aussi des paysages plus exotiques à climat aride ou subtropical hérités de l’intérêt pour la botanique des premiers propriétaires. On admire ainsi des bougainvillées et des lantanas en fleurs et des palmiers, Chamaerops humilis et Washingtonia robusta.
Plus loin se dressent de spectaculaires bambous de Chine, Phyllostachis aurea, des Opuntia, Agave et Yucca rostrata du Mexique et des Cyathea et Dicksonia antartica, des fougères arborescentes de Nouvelle-Zélande.
L’esprit du lieu
Les jardiniers sont les alchimistes du jardin. Avec pertinence, ils recherchent l’équilibre entre la nécessaire conservation de cette biodiversité tout en respectant l’esprit du lieu. Les espèces végétales du Domaine du Rayol ne portent pas d’étiquettes et seuls les férus de botanique arrivent à reconnaître les différences entre toute cette flore caractéristique du climat méditerranéen ou plus exotique. Mais peu importe, car le visiteur est émerveillé par la beauté des paysages. Il est envoûté par l’odeur puissante de la mer et de la résine des pins d’Alep qui enveloppe tout. Le site est magique!
Domaine du Rayol
Le Jardin des Méditerranées, espace naturel protégé du Conservatoire du littoral, librairie spécialisée, pépinière écologique, café restaurant dans le jardin, visites libres ou guidées. Avenue des Belges à Rayol Canadel-sur-Mer, France. A lire: Le Domaine du Rayol, le Jardin des Mditerranées, Sonia Lesot, préface de Gilles Clément, collection Regards, éditions Gaud. www.domainedurayol.org
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