20 ans de journalisme,
la passion du voyage et des jardins.

Argentine, Chili, Bolivie… Trois pays en un seul voyage, avec une alternance de vallées et de défilés rocheux, de col et de hauts plateaux, de déserts de sel et de neiges éternelles. Un puzzle gigantesque pour les amoureux des grands espaces.

La cordillère des Andes

Je rêvais de découvrir la cordillère des Andes, cette immense épine dorsale qui hérisse le continent latino-américain, de suivre en Argentine la mythique Ruta 40 qui sillonne les Vallées Calchaquies et d’arpenter les pistes désertiques aux paysages lunaires de l’Altiplano chilien et bolivien

On m’avait pourtant dit que ce voyage serait éprouvant physiquement à cause de l’altitude, de la chaleur, du froid et de la réverbération de la lumière. Ce circuit de deux semaines dans le nord de la cordillère des Andes fut en réalité un véritable enchantement. Je suis partie au mois de novembre et le temps était parfait, air sec et plein soleil. L’altitude a parfois dépassé les 4000 mètres mais elle n’a affecté aucun membre de notre petit groupe. Nous étions sept participants à monter à bord du vol Paris Buenos Aires, via Madrid. Le lendemain, un vol intérieur nous a mené à Salta, dans le nord de l’Argentine, où l’aventure a vraiment commencé. (voir mon reportage sur l‘Argentine)

Argentine Cordillère des Andes

Lundi, Argentine Salta, Cachi

(210km, altitude max. 3350m)

A 1200m d’altitude, Salta dans le nord de l’Argentine séduit d’emblée avec ses demeures coloniales, ses musées, ses églises et son marché aux épices. Nous allons pourtant la quitter en fin de matinée pour monter dans 2 pickups qui ont vécu, tout comme le groupe qui semble d’une bonne humeur inébranlable…  Sur la route qui nous conduire à Cachi via la R33, halte déjeuner champêtre dans une ferme de gauchos avec un buffet convivial arrosé d’une bière locale légère et désaltérante. Et pourtant, l’alcool me monte à la tête lors du premier col à 3350m. Une bonne leçon car le reste du voyage, je serai sobre comme un lama!

Argentine Andes

Après le col, on sillonne le Parc national Los Cardones, un haut plateau aride de la cordillère des Andes hérissé de cactus candélabres et j’ai la chance d’apercevoir des guanacos, des camélidés montagnards sauvages à la fourrure rousse et au museau foncé. Nous dormons à Cachi, à 2200m d’altitude, un paisible petit village indien où il fait bon vivre.

Argentine parc Los Cardones

Mardi, Argentine Molinos, Cafayate

(350km, altitude max. 2300m)

Plein soleil et chaleur, car la cordillère des Andes se trouve tout en haut de l’Argentine, à 400km du Tropique du Capricorne. Nous roulons sur la fameuse route 40 qui descend du nord au sud, sur 5000 km, jusqu’à Ushuaia. La route ressemble plus à une piste caillouteuse qu’à une nationale, avec de petits ponts en bois qui enjambent les rivières. Elle est ici bordée par le Nevado de Cachi qui culmine à 6380m et elle serpente vers le sud dans les Vallées de Calchaquies. Ce ruban vert et fertile accueille de  grandes fermes d’élevage et de culture.

Vallée Calchaquies

On se croît dans une Provence d’il y a cent ans, avec une grande douceur de vivre. La population est presque totalement indienne, avec des petites villes coloniales, de charmantes églises et des maisons de style espagnol, longues et basses et des patios à colonnades. Et il n’y a pas un touriste dans la région, c’est pas croyable!

Argentine Molinos

Molinos apparaît soudain au détour d’un virage, évoquant un oasis avec les deux clochers de son église qui émergent de la verdure. Au delà s’annonce l’une des portions les plus spectaculaires de la route 40 dans le nord de la cordillère des Andes. Des paysages de western à couper le souffle qui valent tous les parcs des Etats-Unis!

Quebradas de las Flechas

Les montagnes arides, gros blocs de roches grises, ocres et rouges, prennent des formes incroyables dans les défilés. Dans le Quebrada de las Flechas, des milliers de flèches semblent plantées dans le sol. Au delà de Cafayate, petite bourgade entourée de magnifiques vignobles, le Quebrada de las Conchas dresse ses falaises de sable rouge érodées par le vent. Au retour, nous suivons la N68, excellente route qui nous ramène à Salta.

Quebradas de las Conchas

Mercredi, Argentine Humahuaca, Purmamarca, Tilcara

(260km, altitude max. 3000m)

La route panaméricaine N9 s’élève en d’impressionnants lacets. Elle va nous mener vers le nord à la Quebrada de Humahuaca classée au patrimoine de l’Unesco pour ses paysages, sa biodiversité et ses villages andins. La rivière aux eaux turquoises bordée d’eucalyptus de la forêt de Jujuy disparaît tandis que les cactus colonisent peu à peu les pentes.

L’altitude augmente vite, l’air est plus rare, plus limpide, saturant les pigments des roches multicolores. En approchant de Purmamarca, à 2200m d’altitude, je découvre la Montagne aux Sept Couleurs qui forme un véritable arc en ciel minéral. Sur la place du village, à l’ombre de vénérables caroubiers, les familles indiennes ont installé leur marché artisanal avec des étals colorés, tapis, tissages aux couleurs vibrantes, poupées de chiffon… Après un arrêt à Uquia dont l’église abrite d’exceptionnelles peintures du 17e siècle, nous arrivons à Humahuaca, un village austère à 3000m d’altitude, qui annonce les rigueurs de l’Altiplano.

Argentine Andes
Pumamarca
marché de Pumarmarca
Pumamarca

 

Jeudi, Argentine Salinas Grandes, Chili Paso de Jama, San Pedro de Atacama

(440 km, altitude max 4170m)

Nous partons dans la brume sur la N52 qui grimpe en de belles courbes sur la Cuesta de Lipan, en direction du Chili. Je devine les précipices et les superbes panoramas qui se dévoilent au fur et à mesure de la montée. En franchissant le col à 4170m, le soleil fait son apparition nous offrant la vision de quelques vigognes, légères comme des gazelles.  Nous redescendons sur un haut plateau avant d’atteindre le Salinas Grandes, une immense plaine de sel couverte d’herbes et entourée d’un cirque de montagnes. Plus loin nous attend le village de Susques, à 3880m d’altitude. J’admire sa belle église édifiée en 1598 dont la charpente en bois de cactus est couverte d’une toiture en paille.  Au Paso de Jama, nous traversons la frontière du Chili à bord d’un bus international. Ambiance tendue avec les douaniers. J’ai failli avoir une amende de 200 dollars pour avoir oublié une banane dans mon sac!

Salinas grandes Argentine
vigogne Cuesta de Lipan
Cuesta de Lipan
Susques Argentine

Vendredi, Chili, San Pedro de Atacama, Vallée de la Lune

(60km, altitude max 2500m)

Entouré par des volcans aux cimes enneigées, le Désert d’Atacama est un des plus secs et des plus arides au monde. Près de San Pedro de Atacama, petit village touristique qui forme un oasis à 2400m d’altitude, une piste conduit à la Cordillère de Sel formée il y a des millions d’années par le mouvement des plaques tectoniques. Sculptées par le vent et le soleil, des formes étranges ont émergé, colorées par les minéraux.

Nos 4×4 nous mènent à des points de vue saisissants sur la Vallée de la Mort ainsi nommée car toute vie y semble impossible. En fin d’après midi, lorsque la chaleur est plus supportable, nous escaladons la Vallée de la Lune. Mes pas sont lents car je suis vite essoufflée. En forme d’amphithéâtre entouré de dunes, la vallée offre un paysage lunaire sur les cimes de la cordillère des Andes qui s’embrasent au soleil couchant. Nous ne sommes pas les seuls à en profiter, mais le spectacle est splendide… (voir mon reportage sur le Chili)

Chili Atacama Vallée de la Lune

Samedi, Bolivie Laguna Colorada, San Juan de Rosario

(200km, altitude max 4200m)

Nouveau poste frontière vers la Bolivie. C’est une baraque en tôle ondulée au milieu de nulle part  et il n’y a que quelques 4×4 de tourisme. L’Altiplano bolivien est une des régions les plus pauvres et les plus désolées de tout le pays. Nous sommes à 4200m d’altitude, entourés des sommets de la cordillère des Andes. (voir mon reportage sur la Bolivie)

Chili San Juan de Rosario
Chili frontiere Bolivie Andes
Bolivie Andes
Bolivie Andes

La piste est chaotique et nous sommes seuls au monde. Les paysages que nous découvrons sont véritablement sublimes. Les lagunes aux reflets vert, bleu ou rose contrastent avec l’environnement minéral ocre et gris. Je savoure le spectacle poétique des colonies de flamants roses de la Laguna Colorada, des échassiers migrateurs qui apprécient cette eau riche en algues et en minéraux. L’activité volcanique dans ce désert d’altitude est omniprésente avec des coulées de lave qui forment de profondes crevasses et des geysers bouillonnants d’eau chaude. Nous passons la nuit dans un gîte du petit village rural de San Juan de Rosario à 3660m d’altitude qui vit de l’élevage du lama et de la culture du quinoa.

Bolivie Laguna Colorada
Bolivie Andes geyser
Bolivie Andes
Bolivie Lagouna Colorada
Bolivie Andes
Bolivie Altiplano

Dimanche, Bolivie Uyuni

(190km, altitude max 3650m)

Un ciel infiniment bleu, une surface blanche étincelante qui ressemble à un mirage, nous sommes dans le Salar de Uyuni, le plus grand désert de sel du monde, véritable banquise de 12.000m2 traversée chaque année par le rallye du Dakar. Glissant sur la croûte de sel, mon 4×4 me mène à l’Ile Incahuasi, un amas rocheux hérissé de cactus dont certains ont plus de 600 ans. Au sommet de l’île se déroule chaque année au mois d’août un rituel Aymara où les indiens font l’offrande d’un lama à la Pachamama, la déesse de la terre.  Après la visite d’un cimetière de trains, silhouettes fantomatiques de vieilles locomotives abandonnées en plein désert, nous arrivons à Uyuni, à 3650m d’altitude, juste à temps pour nous promener dans le marché. Parmi les fruits, les légumes et les poulets, on trouve des sacs de feuilles de coca pour l’infusion. Les Indiens en font une boulette qu’ils chiquent toute la journée pour lutter contre le mal d’altitude.

Salar d'Uyuni
Salar d'Uyuni
Salar d'Uyuni
Salar d'Uyuni

Lundi, Bolivie Potosi

(220km, altitude max 4070m)

Arrivée à Potosi, à 4070m d’altitude, ce qui en fait la ville la plus haute de la cordillère des Andes et même du monde! La citée minière est installée au pied du Cerro Rico, la ‘montagne riche’ qui renfermait un fabuleux gisement d’argent exploité par les conquistadores. La vieille ville qui avait le statut de cité impériale fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco.  Je me balade avec plaisir dans ses ruelles bordées de maisons aux portes en pierres sculptées et aux balcons précieusement travaillés en bois. La ville a conservé ses 32 églises de style métis baroque, San Francisco, San Bernardo, l’église de la Cie de Jésus ou le couvent des carmélites de Santa Théresa…, parfois transformées en musées. Mais le joyau de Potosi est la Casa de la Moneda, l’Hôtel de la Monnaie construit à la fin du 16e siècle sur la place principale et qui retrace toute l’histoire de Potosi à l’époque de la domination espagnole. J’y découvre une salle de numismatique, des peintures mais surtout d’exceptionnels presses et laminoirs venus d’Espagne et magnifiquement conservés.

Bolivie Potosi
Bolivie Potosi
Bolivie Potosi
Bolivie Potosi

Mardi, Bolivie Sucre

(200km, altitude max 2800m)

Le blanc est la couleur dominante à Sucre (on prononce Soucré), jolie ville coloniale classée par l’Unesco et capitale constitutionnelle de la Bolivie. Son altitude à 2800m lui offre un climat idéal et on respire mieux. La Place du 25 mai rappelle la première révolte menée en 1809 par le maréchal Antonio José de Sucre et son compagnon Simon Bolivar qui aboutira à l’indépendance de la Bolivie. Non loin du palais présidentiel se dresse le musée de la Casa de la Libertad installé dans un ancien monastère jésuite ainsi que la cathédrale qui mêle les styles renaissance, baroque et métis. Installé en haut de la ville, le monastère et l’église de la Recoleta méritent la visite mais ce que j’ai préféré, c’est le petit musée de l’Arte Indigena qui expose les savoir-faire exceptionnels des tisserands des Andes.

Bolivie Sucre
Bolivie Sucre
Bolivie Sucre

Mercredi, Bolivie La Paz

(altitude max 4085m)

Un vol intérieur nous conduit à La Paz,  siège du gouvernement bolivien. Cernée par les sommets enneigés de la cordillère des Andes, la ville est verticale, accrochée aux flancs des montagnes à 3600m. Ca monte, ça descend dans les rues bruyantes et polluées et je suis épuisée au moindre pas! (voir mon reportage sur La Paz)

Bolivie La Paz

Très traditionnelle, c’est la ville la plus indienne de toute l’Amérique du Sud, avec une majorité de Quechuas et Aymaras. Dans le mercado Rodriguez, j’admire la tenue colorée portée par la cholita, femme indigène bolivienne de l’Altiplano, gros jupons à trois volants inspirés des larges jupes des femmes de colons espagnols  qu’elle  accompagne d’un petit chapeau melon en feutre porté très haut sur la tête.

Plus loin, dans une rue étroite, je suis envoûtée  par le marché aux sorcières et son bric à brac de pierres magiques, de plantes médicinales, de foetus de lamas et d’amulettes en tout genre… En fin d’après midi, après avoir visité la basilique San Francisco, le plus bel édifice colonial de La Paz, nous montons dans un bus local pour rejoindre la station du téléphérique qui nous mène au belvédère de la ville haute, à 4085m, avec une vue imprenable sur la ville.

Notre trip se termine le lendemain par un vol vers Santa Cruz, une ville au climat tropical qui n’a semble-t-il aucun intérêt pour le tourisme si ce n’est son aéroport international. Les Andes sont déjà loin mais elles me laissent le plus beau des souvenirs…

Bolivie La Paz
Bolivie La Paz
Bolivie La Paz
Bolivie La Paz

Carnet de voyage

  • Y aller: Ce circuit en petit groupe a été organisé par La Française des Circuits (www.lafrancaisedescircuits.biz) et Terres Lointaines  (www.terres-lointaines.com), tour-opérateur sur internet spécialiste des voyages sur mesure.
  • Déplacements: Alternance de véhicules 4×4 et de mini bus, 1 bus international et 3 vols intérieurs.
  • Saison idéale: octobre novembre et avril mai.
  • Altitude: Certaines personnes peuvent être affectées par des vertiges, des nausées, des insomnies et des maux de tête. Il est conseillé de se déplacer tranquillement et d’éviter les efforts le temps de l’acclimatation. Il faut boire beaucoup d’eau car l’air en altitude est très sec. L’alcool est fortement déconseillé. Ne pas oublier de prendre crème solaire, lunettes, chapeau et polar pour les soirées.

Reportage publié dans Femmes d’Aujourd’hui, 2017 (www.femmesdaujourdhui.be)

Rendez-vous dans la rubrique Voyages, Amérique, pour découvrir mes reportages sur le Chili, l’Argentine, la Bolivie, La Paz, Santiago du Chili, l’île de Chiloé, la Patagonie, le Parc Torres del Paine, les vignobles du Chili et l‘île de Pâques , Salvador de Bahia au Brésil, la Jamaïque et La Havane à Cuba ou cliquez sur les liens.

Cordillère des Andes

 

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