Flamboyante, la Villa Garzoni en Toscane est entourée de jardins baroques autour d’un extravagant escalier théâtral.
Palazzo Garzoni
Accrochée à flanc de falaise dans le prolongement du village médiéval de Collodi, la Villa Garzoni est située sur un site stratégique, à la frontière entre la république de Lucca et le grand-duché de Toscane. La demeure fut bâtie sur les fondations d’une forteresse médiévale appartenant au 14e siècle à la noble famille Garzoni qui resta fidèle au Saint Empire romain germanique.
En 1620 Romano Garzoni rentre de la guerre des Flandres, auréolé du titre de chevalier de l’ordre de Santiago. Il fait construire au pied du village une villa monumentale, résidence de campagne princière typique des palazzi de Toscane avec une large façade de quatre étage côté aval ornée de grandes fenêtres, un porche richement décoré et décorée au sommet de statues de la mythologie.
Jardins baroques
Les eaux de la rivière Pescia qui surplombent le domaine joue au sein du jardin le rôle de fil conducteur d’une mystérieuse et évocatrice narration théâtrale. Les jardins en terrasses exploitent savamment la pente de la colline en contrebas de la Villa Garzoni, avec comme axe central un grand escalier théâtral.
Très loin de l’esprit du jardin toscan des 15e et 16e siècle, avec ses carrés géométriques et isolés, les jardins de la Villa Garzoni se présentent comme une véritable scénographie. Ils sont peuplés de figures mythiques et champêtres, agrémentés d’allées, de bancs, de haies, de bosquets de lauriers, de cyprès, de labyrinthes, de sculptures, de mosaïques et de grottes.
Un escalier théâtral
Construit comme un décor de théâtre, l’escalier monumental en pente raide à doubles volées symétriques est bordé de balustrades. Au 18e siècle, l’escalier fut surmonté par une série de jeux d’eau en cascades faits pour étonner et pour attirer l’attention, comme les jardins de la Villa d’Este à Tivoli.
Dans le jardin en contrebas, deux bassins circulaires animés par des fontaines sont entourés par les arabesques des parterres de broderies. Un assemblage de figures topiaires crée une ménagerie de verdure où les arbres ont la forme d’un éléphant, d’un paon ou d’un dinosaure. L’ensemble est fermé par un demi-cercle d’ifs taillés.
Les cascades d’Ottavio Diodati
En 1786, Ottavio Diodati imagina la cascade en l’élargissant habilement vers le haut pour donner l’illusion d’une eau dévalant une pente particulièrement escarpée. Il plaça des statues en terre cuite dans le jardin, entre autres une étrange collection de petits singes perchés sur la balustrade de l’escalier.
Des jeux d’eau furent installés dans la grotte placée au-dessus de la deuxième volée de marche et un théâtre de verdure édifié sur l’une des terrasses, la scène étant éclairée par des griffons portant des torches.
Sur les côtés se prolongent les coulisses vertes perpendiculaires de la scène qui accompagne le parcours initiatique jusqu’au sommet dominé par la statue de la Renommée jouant de sa trompette, ainsi que deux personnages allongés figurant les villes de Lucques et de Florence. Grâce aux ajouts de Diodati, la Villa Garzoni passe pour l’un des plus amusants jardins baroques d’Italie.
Le critique d’art et écrivain anglais William Beckford, visitant la Villa Garzoni écrivit en 1819: «Quittant nos montures à la grande entrée de ce lieu magique, nous arrivâmes à travers des jets de fontaines à un perron sans fin et parcourûmes une allée d’orangers où nous cueillîmes des fruits mûrs sur les arbres. Pendant ce temps, le soleil fit son apparition entre les nuages et illumina la végétation faisant briller en même temps l’eau qui coule abondamment à travers une succession de rochers en terrasse et asperge sans cesse les citronniers.»
Pinocchio à Collodi
C’est à Collodi qu’a grandi au milieu du 19e siècle Carlo Lorenzini, mieux connu sous le pseudonyme de Carlo Collodi, journaliste et écrivain, auteur des Aventures de Pinocchio. Le grand-père de Carlo était facteur à Collodi et sa mère travaillait au château comme femme de chambre de la fille du marquis Garzoni.
La famille Garzoni, propriétaire de la Villa Garzoni depuis le 14e siècle est restée maîtresse du pays et des territoires environnants jusqu’au début du 20e siècle. Reconnus Monument National, la Villa et les jardins Garzoni sont aujourd’hui gérés en collaboration avec la Fondation nationale Carlo Collodi. La Villa qui n’est pas ouverte au public est décoré dans le style rococo avec de nombreuses sculptures ainsi que des stucs et de remarquables fresques en trompe-l’oeil peintes par l’artiste Angelo Michele Collona.
Villa Garzoni, Piazza della Vittoria 1, Collodi, Pistoia, Italie. Visite des jardins et de la maison des papillons, visite du Parc Pinocchio dans le village. https://www.pinocchio.it/villa-garzoni/ et https://www.villagarzoni.com/ et https://www.visittuscany.com/en/attractions/villa-garzoni-and-its-garden/
A lire: Villas de Lucques, Les délices de la campagne, par Maria Adriana Guisti, éd. Gourcuff Gradenigo, 2015.
Reportage publié en 2016 dans L’Eventail (www.eventail.be)
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