Venise est le plus beau musée à ciel ouvert au monde. Une ville envoûtante avec une infinité de ruelles, de ponts et de canaux où il fait bon se perdre.

 

Destination Venise

Le Shuttle qui relie l’aéroport Marco-Polo à Venise s’arrête à la station Plazzale Roma, à côté de la gare ferrovière. Je monte dans le vaporetto de la ligne 1 qui va suivre le Grand Canal, me dévoilant les plus belles façades des palais de la Sérénissime. La lumière est sublime ce matin à Venise, comme irisée avec un léger embrun venant de la lagune. Le moment est magique!

La ville de Venise est bâtie sur plus d’une centaine d’îles raccordées entre elles par des ponts qui enjambent d’étroits canaux. Construite sur pilotis, la casa est souvent un palais que l’on appelle Ca’. Une ruelle est une calle, un quai une fondamenta lorsqu’elle longe un canal. A part la place St-Marc que l’on appelle piazza, tous les autres espaces publics sont des campi, en souvenir du temps où la cité n’était qu’un immense jardin.

Canal Grande

Serpentant à travers le coeur de la cité sous la forme d’un S inversé, le Grand Canal est une des artères les plus prestigieuses du monde. Les nobles et les riches marchands rivalisaient d’audace pour bâtir sur les rives du canal des palais plus beaux les uns que les autres dans un style unique au monde, le gothique fleuri, né de la rencontre entre l’Orient et l’Occident. Chaque palais possède son entrée sur le Grand Canal ou sur un rio avec un ponton doté de paline, de minces pieux auxquels on amarre les gondoles. Les somptueux appartements occupent le premier étage appelé le piano nobile, l’étage noble. Le vestibule qui s’étend sur toute la surface du bâtiment au rez-de-chaussée servait souvent de dépôt ou de boutiques.

Ca’ d’Oro

L’un des plus beaux palais du Grand Canal est la Ca’ d’Oro. La délicatesse des arcatures de marbre fait penser à de la broderie ou de l’orfèvrerie. Au 15e siècle, sa façade finement ciselée de feuillages et d’animaux mythologiques dans le style gothique vénitien était dorée.

Dans la cour de cette demeure aristocratique du 15e siècle, on admire une splendide margelle de puits en marbre rouge de Vérone. Les pavements et plafond sont également remarquables. Le palais abrite la Galleria Franchetti qui expose des oeuvres de la Renaissance dont l’émouvant Saint Sebastian d’Andrea Mantegna d’une grande intensité dramatique.

Ponte di Rialto

Le vaporetto passe sous le Pont Rialto, le plus célèbre des ponts de Venise. Construit à la fin du 16e siècle, il présente une seule arche de pierre de 28 mètres de portée. Traversé par un escalier central, le pont est bordé de boutiques. Il offre une vue imprenable sur le Grand Canal et le ballet incessant des gondoles et des canots à moteurs.

 

Galleria dell’Accademia

L’arrêt du vaporetto à la station Accademia sur le Grand Canal dessert le musée de l’Accadémie, le musée d’art le plus grand et le plus visité de Venise. Avec une profusion de tableaux de Bellini, Capaccio, Giorgione, Titien, Tintoret et Véronèse, le musée offre un panorama complet de la peinture vénitienne du 13e au 18e siècle. (voir mon reportage sur les peintres de la Renaissance à Venise) 

Santa Maria della Salute

La dernière boucle du Grand Canal me mène à Santa Maria della Salute. Particulièrement chère au coeur des Vénitiens, cette splendide église baroque fut consacrée à la Vierge pour la remercier d’avoir mis fin à une épidémie de peste en 1630. Elle est construite sur une plate-forme surélevée qui repose sur plus d’un million de pilotis étroitement serrés les uns contre les autres.

Piazza San Marco

Après avoir déposé mes bagages à l’hôtel, je me dirige vers la Place St-Marc, le coeur de Venise. Entourée sur trois côtés par des arcades aérées, la place ressemble à un grand hall à ciel ouvert, «le plus beau salon d’Europe» aurait dit Napoléon. Si les pigeons sont moins nombreux qu’il y a vingt ans, le Florian est toujours là. (voir mon reportage sur la Place Saint-Marc de Venise)

La Place Saint-Marc est dominée par le campanile reconstruit au début du 20e siècle après qu’il se soit effondré. On grimpe à son sommet pour découvrir une vue prodigieuse sur la cité. Symbole de la puissance vénitienne, la Basilica di San Marco est une pure merveille, un éblouissant exemple de l’architecture byzantine.

 

Résidence des Doges et siège du gouvernement de la Sérénissime, le Palazzo Ducale est le versant civil de la basilique. Avec sa façade en marbre rose et blanc, c’est l’un des plus beaux édifices gothiques jamais construit en Europe.

Sa décoration intérieure est fastueuse avec une succession de salles d’apparat décorées de stucs et de peintures des meilleurs artistes vénitiens de la Renaissance.

Piazzetta San Marco

Aménagée sur le premier port de la cité, la Piazzeta, fait le lien entre la place Saint-Marc et le quai de la lagune. Elle est dominée par deux grandes colonnes portant une statue de saint Théodore, premier patron de Venise, et le lion ailé, symbole de l’évangéliste saint Marc.

Des dizaines de gondoles amarrées à des pieux attendent les touristes. La silhouette noire et élancée de la gondole fait partie intégrante des clichés de Venise. Cette grande barque à fond plat fut construite tout spécialement pour naviguer dans les canaux. Au 16e siècle, il y avait près de dix mille gondoles dans la cité. Aujourd’hui, il n’y en a environ cinq cent.

Basse et légère pour être maniable, la gondole est propulsée par un seul rameur qui se tient debout à l’arrière gauche en ramant du côté droit. La légende raconte que la figure de proue de la gondole, le fer à six dents, symbolise les six quartiers de la ville, les sestieri, et la barre située en arrière l’île de la Giudecca.

Ponte dei Sospiri

Enjambant un petit canal à l’arrière du Palais ducal, le Pont des Soupirs est le pont le plus photographié de Venise. Construit en 1600, il relie les salles d’apparat du palais des Doges aux prisons de la Sérénissime. Les soupirs évoquent le désespoir des condamnés que l’on jetait dans les cachots.

Riva degli Schiavoni

Un long quai, Riva degli Schiavoni, borde le Canale di San Marco. Cette célèbre promenade relie la Piazzetta San Marco à l’Arsenal. Envahie par les marchands de souvenirs, elle accueille les touristes qui débarquent des vaporetti de la station San Zaccaria.

C’est ici que se niche l’Hôtel Daniel où descendent les happy few. Construit au 15e siècle, le palais Dandolo dresse sa façade gothique face au Canale di San Marco. La plus grande partie de sa décoration intérieure a été préservée, dont des fresques du 18e siècle.

San Giorgio Maggiore

Un vaporetto me mène en quelques minutes sur l’îlot de San Giorgio Maggiore qui fait face à la Piazzetta San Marco. L’atmosphère est paisible, presque villageoise, avec un petit port de plaisance.

Fondé au 10e siècle, le monastère bénédictin San Giorgio Maggiore s’entoure d’un enchevêtrement de jardins. Les bâtiments conventuels abritent la fondation Cini. L’église bâtie à la fin du 16e siècle est un des chefs d’oeuvre de Palladio, avec un fronton triangulaire et des portiques à quatre colonnes qui s’inspirent des temples de l’antiquité. L’intérieur est orné de peintures de Tintoret et de son école.

A côté du coeur se trouve un ascenseur menant au sommet du Campanile  de San Giorgio Maggiore. Il va m’offrir une des plus belles vues que l’on puisse avoir sur Venise et sa lagune, le Canale di San Marco, le Canal Grande et le Canale della Giudecca.

Punta della Dogana

La pointe de la Douane était l’endroit où tous les navires arrivant par la mer débarquaient leurs marchandises pour qu’elles soient taxées. La tour qui date de 1677 est dominée par l’allégorie de la Fortune trônant sur un globe doré. Un centre d’art contemporain accueille aujourd’hui des expositions temporaires provenant des collections d’art de la Fondation François Pinault.

Les quartiers de Venise

Découvrir Venise, c’est aussi accepter de se perdre dans les ruelles, s’arrêter sur un campo pour profiter du soleil et admirer des palais somptueux ou délabrés, écouter les cloches d’une église ou le clapotis de l’eau d’un canal sur lequel passe une gondole. Sur presque toutes les places de Venise se dresse un puits qui recueillait et filtrait l’eau de pluie dans une citerne.

Quartier de San Marco

Lové dans la boucle sud du Grand-Canal, autour de l’église Santa Maria del Giglio, San Marco est le quartier aristocratique de Venise avec de grands hôtels, des boutiques de luxe, des antiquaires et des galeries d’art. C’est ici que se trouve le mythique opéra de Venise, le Gran Teatro de La Fenice.

Mon hôtel Bel Sito se trouve en face de la Chiesa Santa Maria del Giglio qui porte également le nom de Santa Maria Zobenigo. Construite au 17e siècle dans le style baroque, la façade de l’église surprend par son absence de symboles chrétiens. Les statues et bas-reliefs célèbrent en effet les succès commerciaux et maritime de la famille Barbaro et les villes d’Italie. L’intérieur de l’église abrite les Quatre Evangélistes de Tintoret et une charmante Vierge à l’Enfant attribuée à Rubens.

Ma balade me mène au Campo Santo Stefano. C’est l’un des plus agréables campi de la cité qui était à l’époque le théâtre de courses de taureaux. Avec son campanile dangereusement penché, la Chiesa Santo Stefano affiche un portail de marbre gothique flamboyant.

Après avoir traversé le Campo San Maurizio dont l’église renferme un musée de la musique, je découvre le Campo San’Angelo bordé de beaux palais.

Quartier Santa Croce

Il faut descendre à la station de vaporetto San Toma à l’ouest du Grand Canal pour découvrir le quartier Santa Croce. Jalonné de commerces traditionnels et de petits café, c’est un quartier moins assiégé par les touristes.

Les ruelles étroites me conduisent au Campo San Rocco. Au passage, j’admire les boutiques qui vendent et louent les masques et de fastueux costumes pour le Carnaval de Venise qui a lieu chaque année dix jours précédant le mercredi des Cendres. (voir mon reportage sur le Carnaval de Venise)

Incontournable, la Scuola Grande di San Rocco est un remarquable musée à la gloire de Tintoret. Le bâtiment qui date du 16e siècle servait de siège à une confrérie dévouée aux soins des malades et dont St Roch était le saint patron.

A quelques pas de là se dresse la Basilica Santa Maria Gloriosa dei Frari. C’est l’église la plus intéressante de Venise après la basilique Saint-Marc. Ce bâtiment gigantesque de briques dominant le quartier de San Polo offre une sépulture aux personnages illustres de la Sérénissime dont plusieurs doges, Titien et Monterverdi. Il abrite de nombreuses oeuvres d’art dont une admirable Vierge à l’Enfant de Giovani Bellini et l’Assomption réalisée par Titien pour les franciscains.

Quartier Castello

Une autre balade me mène à Castello, un quartier paisible avec son dédale de ruelles pittoresques, de petits ponts, de place ensoleillées et de vieux palais endormis. Un peu à l’écart, je découvre le Campo Bandiera e Moro où se dresse le ravissant Palazzo Gritti Badoer du 15e siècle à la façade rythmée par des fenêtres à meneaux encadrés de piliers en marbre rose de Vérone.

La Chiesa San Zarracia se dresse sur une place tranquille. Fondée au 9e siècle pour accueillir le corps de Zacharie, père de Jean-Baptiste, l’église possède l’une des plus belles façades Renaissance de Venise. Elle abrite une merveilleuse Vierge à l’enfant entourée de saints de Giovanni Bellini.

Je poursuis vers le Campo Santa Maria Formosa, une vaste place bordée de palais de style gothique. Construite sur un plan en croix latine, l’église est un curieux édifice qui possède deux façades du 16e siècle, l’une baroque face à la place et l’autre de style Renaissance face au canal.

Le circuit aboutit sur le Campo San Giovani e Paolo où je découvre la Scuola Grande di San Marco avec sa splendide façade Renaissance en marbres polychromes, une oeuvre de Pietro Lombardo. Ce bâtiment civil abritait l’une des six grandes confréries de Venise.

Sur la place se dresse fièrement la statue équestre du condottiere Bartolomeo Colleoni réalisée par Andrea Verrocchio en 1496. Venise se méfiait de tout ce qui touchait au culte de la personnalité et décourageait la sculpture de personnages. La statue de Colleoni est une exception car le Sénat ne voulait pas perdre l’énorme somme d’argent que le condottiere léguait à la cité.

La place est dominée par la haute silhouette de la Basilica dei Santi Giovanni e Paolo, la plus grande église gothique de la ville après l’église des Frari. Construite en briques rouges par les Dominicains au 14e siècle, sa façade austère est inachevée.

A l’intérieur de ce panthéon des doges se dessine un panorama fascinant de l’art funéraire au Moyen-Age et à la Renaissance. Depuis 1430, c’est ici que se déroulaient les funérailles de tous les doges. On y admire le Polyptyque de saint Vincent Ferrier attribué à Giovanni Bellini. Le prêtre dominicain espagnol est entouré de saint Christophe et saint Sébastien.

De la place, on longe le rio dei Mendicanti qui est l’une des principales voies de circulation nord-sud de la cité. Il conduit au Fondamenta Nuove où se trouve la station de vaporetti qui conduisent aux îles de la lagune.

Les îles de la Lagune

Si vous séjournez plus d’un week-end à Venise, consacrez une journée à la visite des îles de la Lagune, de véritables petits bijoux posés sur l’eau. (voir mon reportage sur Murano, Burano et Torcello) 

Réputée pour son art du verre depuis le 13e siècle, l’île de Murano regorge de boutiques qui proposent des petits objets en verre coloré qui font la joie des touristes. Il est par contre difficile de visiter un atelier de souffleur de verre. (voir mon reportage sur le verre de Murano)

A Burano, les petites maisons peintes en couleurs vives bordent les canaux où sont amarrés les bateaux. L’île était célèbre au Moyen-Age pour ses manufactures de dentelle où travaillaient les femmes de pêcheurs.

Torcello est l’île la plus ancienne de la lagune. Il y a peu de touristes ici pour admirer les deux remarquables églises, Santa Fosca, un sanctuaire en forme de rotonde, et la cathédrale Santa Maria Assunta couverte de somptueuses mosaïques byzantines.

L’île de San Michele est le cimetière de Venise, un des rares au monde où les convois mortuaires sont acheminés par bateau. Vous y trouverez les tombes d’Igor Stravinski et Serge Diaghilev.

 

Carnet de route d’un week-end à Venise

• Y aller: L’aéroport Marco-Polo de Venise est desservi par les grandes lignes internationales et les vols low-cost. Un trajet en bus shuttle de l’ATVO vous mène à Venise en moins d’une demi-heure jusqu’à la Piazzale Roma. https://www.atvo.it/fr-venise-airport.html
• Y circuler: Pas de voiture, ni de vélo, ni de trottinette dans Venise. Les visites se font à pied et il faut avoir de bonnes chaussures et de bonnes jambes pour escalader tous les escaliers des ponts qui enjambent les canaux.
• Bateau-taxi: Les bateaux à moteur peuvent souvent vous conduire avec vos bagages jusqu’au seuil de votre hôtel, mais ils sont onéreux. https://www.motoscafivenezia.com/fr/billet/choisir-destination.php
• Vaporetto: Pour découvrir les différents quartiers et admirer les meilleurs panoramas de Venise, n’hésitez pas à prendre les vaporetti, les bateaux-autobus qui vont d’une rive à l’autre. Achetez un pass pour quelques jours ou une semaine. Vous aurez tout le loisir de multiplier les haltes au gré de votre fantaisie. http://actv.avmspa.it/it/content/vaporetto
• Où loger: Les hôtels ne manquent pas à Venise. Choisissez de préférence un hôtel proche d’un arrêt de vaporetto. Je logeais à l’Hôtel Bel Sito, très bien situé dans le quartier de la Fenice près de la station de vaporetto Giglio. Sur une jolie place ensoleillée au bord d’un canal, une demeure historique pleine de charme avec un confort et un accueil parfait. https://www.hotelbelsitovenezia.it/fra

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