Balade dans le Kirstenbosch National Botanical Garden, au pied de la Table Mountain à Cape Town. Un jardin emblématique d’Afrique du Sud.
Kirstenbosch National Botanical Garden
Le Kirstenbosch s’étend sur 532 hectares sur le flanc oriental de la Table Mountain, à Cape Town. C’est l’un des jardins botaniques les plus renommés au monde grâce à ses collections et sa situation exceptionnelle. Il est géré par le South African National Biodiversity Institute (Sanbi).
Le climat est méditerranéen avec un été long, chaud et sec, de novembre à mars, un hiver pluvieux, de juin à août et des vents parfois violents. La température hivernale descend rarement la nuit en dessous de 8°C et monte le jour en été jusqu’à 25°C.
Les chasseurs de plantes
Plus de 20.000 espèces de végétaux s’épanouissent en Afrique australe, soit 5% de la flore mondiale estimée à près de 400.000 espèces. On trouve à l’état sauvage des dizaines de fleurs cultivées chez nous comme plante annuelle, de balcon, d’orangerie ou de fleuriste, pelargonium, glaïeul, amaryllis, freesia, kniphofia, leucospermum, eucomis, protea, strelitzia et agapanthe.
Ces fleurs ont été ramenées par les chasseurs de plantes à partir du 16e siècle pour enrichir les serres des jardins botaniques d’Europe.
Les explorateurs hollandais
En 1605, Charles de L’Ecluse dessine un Protea neriifolia collecté au Cap de Bonne Espérance en 1597. Charles de L’Ecluse dirige alors le jardin botanique de Leyde. En 1624, le missionnaire Justus Heurnius en route vers Batavia fait halte sur la côte et récolte quelques plantes sauvages.
En 1672, Paul Hermann est engagé comme médecin par la Compagnie des Indes orientales. En route vers Ceylan, il s’arrête au Cap et constitue un herbier des plantes indigènes. A son retour, il introduit au Jardin botanique de Leyde un grand nombre de plantes originaires d’Inde et d’Afrique du Sud.
En haut Jan van Riebeeck et Charles de L’Ecluse, en bas William Burchell et Carl Peter Thunberg.
Les botanistes anglais et suédois
Les plantes sud-africaines sont de plus en plus prisées dans l’hémisphère Nord. Francis Masson est envoyé au Cap en 1772 par Joseph Banks, alors directeur des Kew Gardens à Londres, pour y récolter des plantes destinées à enrichir ses collections. Masson introduit 400 nouvelles espèces, Pelargonium, Erica, Cineraria, Ixia, Strelitzia reginae. La même année, Anders Sparrman et Carl Peter Thunberg complètent encore les collections végétales. En 1811, le naturaliste William Burchell découvre lui aussi la richesse botanique, géologique et zoologique du Cap. Ses rapports sont toujours aussi pertinents deux siècles plus tard.
Une haie d’amandiers sauvages
Revenons au Kirstenbosch. Protégée comme monument national, une haie d’amandiers sauvages, Brabejum stellatifolium, est la plus ancienne plantation du parc. Elle date de 1652, à l’arrivée des premiers colons hollandais envoyés au Cap par la Compagnie des Indes orientales. Le gouverneur Jan van Riebeeck dresse un fort et aménage un vaste potager, le Company’s Garden, pour approvisionner en produits frais les navires naviguant vers les Indes. Il entoure les parcelles de culture d’une haie impénétrable d’amandiers pour éloigner la population pastorale Khoikhoi qui vivait dans la région depuis 2000 ans.
L’Allée des Camphriers de Cecil Rhodes
A la fin du 19e siècle, Kirstenbosch est encore un domaine sauvage avec de vieux vergers, quelques vignes, des forêts où l’on coupe du bois de chauffage et où on récolte des glands. Il y a des fermes où on élève des milliers de porcs. En 1895, Cecil John Rhodes rachète une ferme de 130 hectares pour sauver le site de l’urbanisation croissante du Cap. L’Allée des Camphriers, Cinnamomum camphora, également connue sous le nom de Rhodes Drive, est plantée en 1898 en l’honneur de la reine Victoria. Rhodes meurt en 1902 en léguant Kirstenbosch à l’Etat Sud africain.
Cecil John Rhodes et Harold Pearson
La naissance du jardin botanique
Le professeur Harold Pearson est botaniste à l’Université de Cambridge puis de Cape Town. Il est nommé en février 1913 directeur du nouveau jardin botanique de Kirstenbosch. Il est assisté par un curateur, J.W. Mathews. Il n’y a pas d’argent et la tâche est immense. La mission est de conserver et promouvoir la flore d’Afrique du Sud. C’est le premier jardin botanique au monde à préserver sa flore nationale.
Pearson plante une collection de 400 cycas, Encephalartos, dans ce qui est connu aujourd’hui comme The Dell. Il meurt cinq ans plus tard et est enterré dans le jardin, au pied d’un cèdre de l’Atlas, Cedrus atlantica ‘Glauca’, offert par le jardin botanique de Kew. Son épitaphe est «Si vous cherchez son monument, regardez autour de vous.»
Au pied de la Table Mountain
Le jardin botanique de style paysager s’étend sur une quarantaine d’hectares au pied de la réserve naturelle. L’utilisation de la pierre locale de la Table Mountain a été prédominante dans l’aménagement des rocailles, des pavements et des chemins en gravier.
Les parterres mettent magistralement en valeur 8500 espèces végétales originaires d’Afrique australe. On y retrouve le Strelitzia reginae, ou oiseau-de-paris, emblème du jardin. Puis, les parterres laissent imperceptiblement place à la végétation naturelle du fynbos et aux forêts primaires de cycas et de yellowwood, Podocarpus falcatus, qui ombragent les versants orientaux de la montagne.
The Dell
C’est la partie la plus ancienne du jardin. L’amphithéâtre de cycas, Encephalartos, a été planté par le premier directeur du parc, Harold Pearson. Il rassemble une impressionnante collection des plantes rares et menacées, de véritables fossiles vivants. Son centre est animé par le Bain du Colonel Bird, aménagé cent ans plus tôt par un ancien propriétaire du domaine. Pavée et entourée de fougères arborescentes, Diksonia antartica, cette zone ombragée est l’une des plus visitées du Kirstenbosch.
La serre conservatoire
Une vaste serre accueille des plantes qui ne supportent pas le climat du Cap. Les végétaux viennent de différentes zones d’Afrique australe depuis les pics enneigés du Drakensberg jusqu’au zones désertiques et arides du Namib, du Namaqualand ou du Karoo. Aloes, euphorbes, pachypodium, crassula voisinent avec les plantes alpines, les plantes cailloux et autres plantes succulentes.
Fynbos Walk
La partie la plus haute du parc offre une vue magnifique sur la ville du parc. C’est ici que se trouve la promenade du Fynbos. Cette végétation typique du sud-ouest de l’Afrique du Sud se caractérise par des plantes buissonnantes qui ressemblent beaucoup au maquis méditerranéen.
On y retrouve les proteacées, éricacées et restionacées. Près de 300 espèces sont endémiques.
La passerelle Canopy
Le site abrite aussi un jardin des senteurs surélevé afin d’apprécier le parfum des plantes, ainsi qu’un sentier pour malvoyants, une rocaille d’euphorbes et d’Aloe, une colline plantée de perlargoniums, un jardin de sculptures et une section réservée aux plantes utilisées par les guérisseurs. Ondulant comme un serpent, une passerelle en bois et acier se déploie sur 130 mètres au niveau de la canopée, à 12 mètres du sol, offrant au visiteur une vue imprenable sur le jardin et la montagne.
Lorsque l’on visite le Kirstenbosch un dimanche en été, les pelouses sont envahies de Capetoniens qui s’y donnent rendez-vous pour pique niquer et assister à des concerts en plein air.
Carnet de route
Kirstenbosh National Botanical Garden, Le Cap, Afrique du Sud. L’entrée principale se trouve en dessous du parc sur Rhodes Drive. 1km plus haut sur la même route, une seconde entrée donne un accès direct au Restio, la promenade du Fynbos, Protea et Erica gardens. Le jardin botanique accueille 750.000 visiteurs par an. A visiter de préférence durant le printemps austral, d’octobre à décembre. Café, restaurant, boutique, librairie, garden center. Concerts en plein air le dimanche durant l’été austral, de novembre à mars. La ligne bleue du bus City Sightseeing Tours s’arrête à l’entrée du parc. www.sanbi.org/gardens/kirstenbosch
Crédit photos Agnès Pirlot et Sanbi South African National Biodiversity Kirstenbosch National Botanical Garden
Pour découvrir Cape Town , Johannesburg, les vignobles du Cap, la West Coast et Cederberg, Madikwe Game Reserve, rendez-vous dans la rubrique Voyages, Afrique, et le Company’s Garden, et Babylonstoren au Cap, le jardin botanique Walter Sisulu à Johannesburg et Freedom Park à Pretoria, dans la rubrique Jardins, Afrique, ou cliquez sur les liens.
Ai visité cette merveille en novembre 2006; certainement l’un des plus beaux jardin botanique du monde.; mon intérêt initial était focalisé sur les protéacées que je cultive en Corse (un peu partout) mais c’est vers Ajaccio qu’elles se portent le mieux (côte ouest à l’abri du fameux Moscou-Paris ou anticyclone de Sibérie) qui nuit un peu à une plantation que j’ai depuis 2008 vers Aléria en plaine orientale bien plus froide en intensité et en longueur de froid que la côte ouest…Des livres à écrire sur les « acclimatations ». le respect strict des végétations dites « naturelles » et qui ne le sont que depuis peu et provisoirement ne doit pas se faire au détriment des « acclimatations…sous contrôle bien sûr…
Bonjour
C’est bon à savoir. La prochaine fois que j’irai en Corse, j’irai voir les proteas.
Je suis au Cap en ce moment…
Merci
Que de merveilles !♥️♥️✨✨✨✨✨✨ de vraies vacances au Paradis. Si je peux me permettre : j’adore les oiseaux et là je n’en ai vu que un petit joli ???? merci pour toutes ces merveilles ????????????