20 ans de journalisme,
la passion du voyage et des jardins.

Entouré de vignobles des meilleurs crus d’Afrique du Sud, le jardin potager et fruitier de Babylonstoren est un endroit divin où on aime se promener en famille ou en compagnie d’un guide botaniste.

Babylonstoren, une ferme de style Cape Dutch

Babylonstoren se situe au coeur d’un domaine de 200 ha aménagé il y a dix ans par le paysagiste français Patrice Taravella. Nous sommes dans la province du Cap, au pied des montagnes de la Drakenstein Valley. Un pays de cocagne dans un paysage bucolique cerné de montagnes bleutées agrémentées de vergers et de vignobles soigneusement taillés. On y découvre de belles demeures de style Cape Dutch badigeonnées d’un blanc éclatant sous un toit de chaume, avec des pignons aux courbes convexes et concaves. C’est une architecture simple et raffinée, héritage aussi bien hollandais que germanique, avec des emprunts français. (Voir mon reportage sur Cape Town et les vignobles du Cap). L’histoire de Babylonstoren a commencé il y a longtemps déjà…

Babylonstoren Afrique du Sud

Une terre de vignes bénie des dieux

Au 17e siècle, la Compagnie des Indes orientales (Verenigde Oost-Indische Compagnie – VOC) est un véritable empire commercial créé par les Provinces Unies. En 1652, elle envoie quelques colons sur la pointe extrême de l’Afrique du Sud. Ils s’installent au pied de la Table Mountain, construisent un fort et se mettent à aménager un vaste potager, le Company’s Garden, destiné à fournir en produits frais les navires en route pour les Indes.

Les Hollandais découvrent rapidement que sur cette terre bénie on pouvait aussi cultiver la vigne. Le sol, l’ensoleillement, la pluviométrie étaient parfaites, mais les techniques employées ne l’étaient pas et le vin produit était une abominable piquette. En 1687, la compagnie se résout à expédier des colons français, des huguenots qui avaient fuit la France après la révocation de l’édit de Nantes pour échapper aux persécutions. En arrivant au Cap, ils amenaient dans leurs besace des pieds de vigne mais aussi leur savoir-faire.

Babylonstoren Afrique du Sud

La Tour de Babel

C’est à cette époque que fut créé le domaine de Babylonstoren, l’un des plus anciens de la région. En 1692, son premier propriétaire, le ‘vryburgher’ (citoyen libre hollandais) Pieter van der Byl, acquiert quelques arpents de terre au pied de la colline du Simonsberg, entre Paarl et Franschhoek. Il nomme l’endroit la tour de Babel en référence à la silhouette en forme de cône de la montagne.

Au pied de ses premières vignes, il fait bâtir une ferme, une tour horloge, un cellier, des étables et dépendances agricoles. Il y a aussi une école et des cases pour les esclaves venus d’Afrique de l’ouest et d’Angola puis d’Inde et d’Indonésie. En 1744, le domaine agricole et viticole passe dans la famille Louw qui le conserve pendant quatre générations. Traversant les siècles, le domaine subit les tourments de ces époques troubles, les guerres et les sécheresses, l’esclavagisme et l’apartheid, puis la démocratie, le développement de l’agriculture et la nouvelle vague des cultures organiques.

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L’essence honnête des choses

Le domaine de Babylonstoren prend un nouvel essor lorsqu’il est racheté en 2007 par Koos Bekker, magnat des médias, et Karen Roos, rédactrice en chef du ‘Elle Décoration’ sud-africain. Au fil des ans, il se transforme en un lieu magique, authentique et magnifiquement naturel.

Le souhait des propriétaires était de faire revivre le domaine agricole laissé à l’abandon de façon à le rendre rentable en utilisant les techniques les plus performantes. Ne pas faire une ferme du passé mais la ferme du futur, avec une volonté d’accueillir le public et de partager avec lui des expériences réelles. L’initiative, orchestrée par Karen Roos, a cherché à faire redécouvrir «l’essence honnête des choses». Car, comme nous le dit Patrice Taravella, «la beauté n’est pas un objectif, mais un résultat!» Un projet ambitieux et séduisant… au même titre que l’incroyable cadre dans lequel il s’est développé.

Babylonstoren
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L’inspiration du Company’s Garden

La restauration des bâtiments – la maison principale qui date de 1777 et les dépendances qui ont pour la plupart plus de 300 ans – est orchestrée par l’architecte Johan Malherbe. L’aménagement des jardins potagers et fruitiers est confié au paysagiste Patrice Taravella, créateur du Prieuré Notre Dame d’Orsan qui a été décrit comme l’un des plus beaux jardins de France.

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Le paysagiste a puisé ses sources dans le plan quadrillé du Company’s Garden et dans le principe d’une création vivrière rurale de grande taille. L’héritage Cape Dutch a été valorisé avec des carreaux de Delft produits au 17e siècle par la Compagnie des Indes orientales. On les retrouve partout, dans les bâtiments et même dans le jardin formant une mosaïque de faïence bleue et blanche en couronne au pied des arbres fruitiers.

Une trame élégante et cartésienne

On retrouve aussi dans le potager de Babylonstoren la composition élégante et cartésienne du Prieuré d’Orsan. Patrice Taravella a basé son agencement sur une composition formelle mathématique permettant de travailler non pas avec des mesures mais avec des surfaces. L’axe principal du jardin orienté est-ouest s’étend sur un terrain en pente douce de 3,5 ha et suit le cours de la rivière. Des axes secondaires se croisent en angle droit dessinant une multitude d’enclos de plantations de forme carrée ou rectangulaire protégés du soleil et du vent par un écran d’arbres. Le jardin est alimenté par un grand réservoir d’eau relié à des bassins et des canaux. C’est la gravité et les dénivelés qui permettent à l’eau d’atteindre toutes les parcelles de culture.

Babylonstoren

Le dessin très structuré est mis en place avec les plans d’eau, les haies, les pergolas, les tourelles et berceaux de châtaignier. Les horticulteurs et les jardiniers se sont mis ensuite à l’ouvrage pour planter plus de 300 plantes comestibles, des arbres fruitiers, des plantes potagères et des herbes médicinales. Les fleurs n’ont pas été oubliées, avec de merveilleux rosiers grimpants qui prennent d’assaut les pergolas et plus de 7000 Clivia qui tapissent le sous bois comme une rivière de fleurs offrant un spectacle magnifique en septembre.

La corne d’abondance

Nous sommes dans l’hémisphère sud et les saisons sont inversées. Dans les jardins fruitiers, on récolte en octobre les petits fruits, les ronces, framboises, groseilles et le myrtillier arbustif Vaccinium corymbosum. Les fruits à noyau se récoltent en novembre et décembre avec une trentaine de pêches et nectarines, Prunus persica et presque autant de variétés de Prunus salicina, un prunier du Japon qui offre une floraison précoce très abondante. Les figues, Ficus carica, se dégustent en février tandis que dans le labyrinthe, les figuiers de Barbarie, Opuntia ficus-indica, offrent leurs fruits en avril.

Il faut attendre la fin de l’été austral pour récolter les agrumes, citron Citrus lemon, orange douce Citrus sinensis, pamplemousse Citrus paradisi, Lime et Kumquat. Les récoltes se terminent en juin juillet avec les goyaves Psidium guajava bien mûres qui forment à l’entrée du potager une allée magistrale. Liesl van der Walt, curateur du jardin, a suivi plusieurs formations au Prieuré d’Orsan pour maîtriser les techniques anciennes de taille et de palissage des arbres fruitiers pour maximiser leur rendement et ajouter du caractère à la structure du jardin. Des cours de taille sont d’ailleurs régulièrement proposés aux visiteurs lors de stages pour découvrir toutes ces méthodes de taille fruitière.

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La convivialité de Babylonstoren

Le jardin est comme une bibliothèque de végétaux et les visiteurs comme des marins qui passent. Partager le jardin fait partie de la convivialité de Babylonstoren, invitant le public à se promener dans les allées ombragées, en famille ou en compagnie d’un guide botaniste ou jardinier pour découvrir un univers passionnant, à la rencontre des plantes, de leur culture et de leur utilisation.

Après avoir joué avec les poissons koï qui se faufilent dans les bassins entre les nénuphars, les lotus et les Aponogeton distachyos au parfum de vanille, les enfants se perdent avec bonheur dans le labyrinthe et le jardin secret arrosés par des jets d’eau rafraîchissants. Plus loin, ils découvrent les citrouilles géantes, les lits d’herbes parfumées, les ruches, un compost, un hôtel à insectes et l’utilité de ces auxiliaires du jardinier. Car nous sommes dans un jardin organique cultivé dans le respect de la nature avec une recherche constante d’équilibre. Pas un seul pesticide, juste de l’huile de coude pour biner, sarcler, dégager les mauvaises herbes et attacher les plantes grimpantes.

Babylonstoren
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Cottages et Greenhouse

Babylonstoren, c’est aussi un hôtel écolo-chic et des cottages à louer entre jardins et vignobles. A la production d’un vin raffiné et subtil, d’une huile d’olive et de fruits et légumes bio s’ajoutent un restaurant étoilé. Après les balades et dégustations dans les vergers et le jardin potager à la découverte d’une incroyable diversité de fruits, légumes, herbes et aromates, le visiteur est invité au ‘Greenhouse’, un restaurant très convivial près de la serre à l’ombre des arbres. Il y a aussi un restaurant gastronomique, le ‘Babel’, installé dans une étable immaculée. Tous deux affichent une carte exclusivement dressée à partir des produits issus du jardin et de la région.

Babylonstoren

Salade aux trois couleurs agrémentée de courges butternut, de jeunes carottes, de pétales de fleurs et d’une sauce à base de cannelle, de citron et de dattes. Légumes crus tendres accompagnés d’un petit fromage frais et d’une coupelle d’huile aux herbes avec un pain maison. Courges poêlées au parfum d’orange, salade de fruits, d’ananas et de goyave… Tout est parfumé et savoureux. Avant de partir, on passe à l’épicerie fine de la ferme pour repartir avec le livre de recettes du domaine «Babel», de Maranda Engelbrecht, de l’huile d’olive ou un confit de figues vertes. Durant notre hiver, c’est le plein été là-bas et c’est un vrai coup de soleil!

Babylonstoren
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Carnet de route

Babylonstoren. Le domaine est situé dans la Drakenstein Valley, à 1h de Cape Town et à 45 min de l’aéroport international, sur la R45, Klapmuts, Simondium road, Paarl, 7646 Western Cape, South Africa. Hôtel étoilé et cottages à louer, spa et salle de fitness, restaurant et tea room. www.babylonstoren.com

Que faire dans la région?

Au nord de Cape Town, de Stellenbosch à Franschhoek, des centaines de domaines viticoles ont été créés au creux des vertes vallées du Drakenstein. La région est réputée pour réunir les meilleures tables d’Afrique du Sud avec plein de restaurants délicieux, bistrots gastronomiques et picnics de luxe. On y découvre de belles demeures de style Cape Dutch. La plupart des vignobles proposent des ‘wine testing’ et des visites de chais. Voir mon reportage sur les vignobles du Cap

Crédit photos Agnès Pirlot et Babylonstoren

Reportage publié dans Les Jardins d’Eden 2016 (www.edenmagazine.be)

Avant de partir en Afrique du Sud, rendez-vous sur le site Poesy By Sophie, une mine d’or avec plein de conseils pour les voyages en Afrique Australe.  Pour découvrir mon reportage sur les vignobles du Cap, le Company’s Garden , Freedom Park , le Jardin botanique Walter Sisulu ,  le Kirstenbosch Botanical Garden et visiter Le Cap, de la Table Mountain au Cap de Bonne Espérance, la West Coast et le Cederberg, Johannesburg, et le Madikwe Game Reserve, rendez-vous dans la rubrique Jardins Afrique et Voyages Afrique ou cliquez sur les liens.

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