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Le Château de Gaasbeek est une forteresse médiévale qui sert d’écrin à une collection d’art. Un des plus impressionnants châteaux de Flandre.

 

La perle du Pajottenland

Le château de Gaasbeek se niche au creux des collines verdoyantes du Pajottenland brabançon, une région qui inspira Breugel l’Ancien. Le fils cadet d’Henri Ier, duc de Lorraine et de Brabant, Godefroid de Louvain, fait construire un château fort à Gaasbeek vers 1235 afin de protéger le duché de Brabant contre les comtés voisins de Flandre et du Hainaut. Un siècle plus tard, la seigneurie de Gaasbeek devient la propriété des familles de Hornes puis d’Abcoude par le biais de mariages et d’héritages.

Château de Gaasbeek

Seigneurs de Hornes et d’Abcoude (1335-1434)

Si vous allez aujourd’hui à Gaasbeek, vous ne risquez pas d’être pris dans un traquenard et d’avoir la langue et le pied droit arrachés. Tel fut en effet le sort réservé en 1388 par le bailli de Gaasbeek et le fils bâtard du seigneur de Gaasbeek à l’échevin bruxellois Evrard ‘tSerclaes. Ce dernier s’opposait à Sweder d’Abcoude qui voulait étendre son pouvoir au baillage de Rhode. En représailles, les bruxellois ont assiégé et incendié le château en emportant avec eux toute la volaille ce qui leur valut de porter le prosaïque sobriquet de «kiekenfretters», les avaleurs de poulets.

Château de Gaasbeek

Seigneurs de Hornes et d’Egmont (1434-1615)

Le château de Gaasbeek repasse dans le giron de la famille de Hornes. Compagnon de Charles Quint, Martin de Hornes se ruine dans la reconstruction d’un château de style Renaissance. La brique espagnole cuite au charbon de bois remplace la pierre dans le nouvel édifice. En 1565, le comte Lamoral d’Egmont achète la seigneurie de Gaasbeek. Chevalier de la Toison d’Or, gouverneur et capitaine général de Flandres et d’Artois, il fait partie de la haute noblesse des Pays-Bas. Son opposition au roi d’Espagne Philippe II pendant l’Inquisition va lui coûter la vie. A la fin du 16e siècle, Gaasbeek est endommagé pendant les guerres entre les Provinces du Nord et les Espagnols qui règnent encore sur les Pays-bas méridionaux.

Château de Gaasbeek

Comtes de Warfusée (1615-1683)

Au moment où René de Renesse, comte de Warfusée, prend possession de la seigneurie de Gaasbeek en 1615, la région jouit d’une prospérité relative grâce à la paix instaurée par les archiducs Albert et Isabelle. René de Renesse embellit le domaine d’un jardin d’agrément en terrasse, d’un pavillon de plaisance, de grottes et de fontaines près des étangs et d’une chapelle de style baroque en l’honneur de Ste Gertrude dans le parc. Il fait bâtir quatre maisons pour le receveur de la baronnie, le maire du village, le chapelain et le jardinier du château. En 1633, suite à une tentative de coup d’Etat, Warfusée est exilé et ses biens sont saisis. Le château est pillé et bombardé. Pendant les guerres de Louis XIV, les quatre tours sont incendiées. L’aile sud-est entièrement détruite ne sera pas reconstruite, donnant au château son actuelle forme ouverte.

Château de Gaasbeek

 

Comtes de Tirimont (1695-1796)

Une fois de plus, Gaasbeek va renaître de ses cendres grâce à Louis-Alexandre Scockaert qui rachète le château de Gaasbeek en 1695. Diplomate au service du gouvernement espagnol et avocat au Grand Conseil de Malines, cet homme puissant est anobli par Charles II, roi de Castille. Le comte de Tirimont restaure le château qu’il transforme en demeure résidentielle. Son fils Alexandre-Louis épouse Jeanne Volckaert. De par sa parenté avec P.P. Rubens, de très importants documents concernant le grand peintre se retrouvent dans les archives du château.

Château de Gaasbeek

Marquis Arconati Visconti (1796-1923)

Une noble famille milanaise, les Marquis Arconati Visconti, hérite du château de Gaasbeek suite à un mariage entre les familles Scockaert et Visconti. En 1796, le domaine passe entre les mains de Paul Arconati Visconti. Maire de Bruxelles en 1800 sous le régime français, cet homme original fait construire dans le parc un arc de triomphe en l’honneur de Napoléon qu’il admire. Son neveu Giuseppe Arconati Visconti hérite de ses biens en 1891. Mêlé au Risorgimento, le mouvement de révolte de la Lombardie contre l’Autriche, il est condamné à mort en Italie et se réfugie à Gaasbeek. Il fait placer les créneaux sur les deux tours qui flanquent le portail d’entrée du château.

Giammartino Marquis de Visconti

Giammartino Arconati Visconti

Passionné de voyage, d’archéologie et de géographie, son fils Giammartino est proche de la pensée libérale de gauche. Le marquis Giammartino tombe amoureux à Paris de Marie Peyrat, une roturière. Née en 1840, Marie est la fille d’un journaliste réputé pour ses opinions républicaines et anticléricales et futur vice-président du sénat. Le marquis épouse sa belle en 1873 avec pour témoin Victor Hugo. Le couple vit entre Paris, Milan et Gaasbeek. Giammartino décède trois ans plus tard. Marie, en plus du titre, hérite alors d’une fortune colossale.

Marie Marquise de Visconti

La Marquise Rouge

Féministe, Marie refuse de se comporter comme une dame de son rang. Elle roule ses cigarettes et porte des vêtements d’homme. A Paris, elle tient des salons littéraires et politiques où elle est appréciée pour son indépendance d’esprit. Léon Gambetta la surnommera l’«Ange du Libéralisme». Grâce à sa fortune, elle collectionne des oeuvres d’art et finance des recherches scientifiques. Elle passe de longues vacances à Gaasbeek où elle se déguise en page de la Renaissance.

Château de Gaasbeek

Un rêve de château

En 1887, l’excentrique Marquise Visconti se lance dans la restauration du château de Gaasbeek, inspirée par le château de Pierrefonds à Compiègne. Elle confie les travaux à l’archéologue décorateur bruxellois Charle Albert (pseudonyme d’Albert Joseph Charles),  disciple de Viollet-le-Duc. Celui-ci se lance dans une conception idéalisée et romantique d’une forteresse du Moyen-Age pour l’extérieur avec l’ajout de tourelles, de meurtrières et de créneaux. Le style néo-Renaissance est choisi pour les façades du château. Quant à son appartement privé, la marquise le fait aménager en style néo-rococo.

Château de Gaasbeek

Forteresse médiévale

Le château est entouré de larges et profonds fossés convertis en prés. Les douves étaient en partie remplis d’eau et en partie à sec car Gaasbeek était un des rares châteaux du Brabant construit sur une hauteur. Au 16e siècle, le château était entouré de hautes et fortes murailles disposées de manière à recevoir de l’artillerie. Les assaillants devaient s’en emparer avant de pouvoir atteindre le pont levis et faire l’assaut du château proprement dit.

 

Château de Gaasbeek
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Château Renaissance

Le château s’inscrit sur un plan polygonal irrégulier. Posé sur un promontoire naturel, dominant une vallée et une série d’étangs, il s’inscrit aujourd’hui entre trois tours et un châtelet d’entrée. De l’ancienne enceinte au sud, il ne reste plus que les soubassements de trois tours et les bâtiments qui furent incendiés par les troupes françaises de 1691 ou démolis en 1714. A certains endroits les murailles montent à 15 mètres de haut.

Château de Gaasbeek

Les corps de logis du Château de Gaasbeek s’élèvent sur les restes de l’ancienne muraille en grès de l’époque médiévale. Les façades en briques espagnoles encadrées d’ornement de pierre sont percées de fenêtres à meneaux. Edifiées aux 17e et 18e siècle, elles ont été en grande partie reconstruites à la fin du 19e siècle. Leur style Renaissance s’inspire du Château de Blois sur la Loire qui appartenait à Louis XII et Anne de Bretagne.

Château de Gaasbeek

Le châtelet d’entrée

Le niveau inférieur du châtelet d’entrée et ses fenêtres hautes de style Renaissance datent pour une large part du 16e siècle. Le couronnement de cette entrée monumentale flanquée de deux tours circulaires ne fut construite qu’à la fin du 19e siècle dans un style néo-gothique. La grande baie ogivale est ornée d’un lion héraldique des premiers seigneurs de Gaasbeek de la Maison de Louvain. Au premier étage du châtelet se trouvent les appartements de la Marquise. Hormis les vitraux, ces trois chambres ont tout du confort d’un appartement parisien équipé du confort moderne du 19e siècle avec chauffage et salle de bains.

Château de Gaasbeek

Les tours d’angle

Les trois tours cylindriques massives percées de meurtrières datent du 16e siècle. A l’ouest se dresse La Tour d’Egmont qui abrite au rez-de-chaussée la chambre d’Egmont et à l’étage la Chambre Bleue appelée aussi la Chambre de la Marquise. A l’est s’élève la Tour de Leeuw qui s’achève sur un pignon à gradins romantique. Au centre entre les corps de logis se dresse l’énorme Tour de Charles Quint qui abrite la salle des chevaliers. Une construction rectangulaire lui est accolée contenant un escalier, un exemple splendide de l’architecture de la Renaissance tardive de la fin du 16e siècle. L’espace intérieur voûté en brique espagnoles est rythmé par des paliers aménagés entre les murs extérieurs et une colonnade médiane.

Château de Gaasbeek
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Le parc et les jardins

Le parc forestier de 42 hectares invite à la promenade le long des étangs qui servirent autrefois de première défense du château-fort. Un acte datant de 1404 nous apprend qu’il y avait autour de la forteresse un vignoble, un verger, un potager, des prairies et des bois, une colline, des fossés et une garenne aux perdrix.

Château de Gaasbeek

La cour d’honneur est actuellement un jardin formel avec en son centre une fontaine en pierre blanche finement sculptée, inspirée de celle qui fut érigée en 1511 du Grand Marché de Tours. Elle porte les écus des principaux seigneurs de Gaasbeek.

Château de Gaasbeek
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Créé par René de Renesse de Warfusée au début du 17e siècle, le jardin d’agrément se situe sur une haute esplanade. Il est supporté par un grand mur de briques légèrement profilé et entouré par un long bandeau de pierre bleue rehaussé d’un parapet de briques. Le centre de ce jardin formel est ornée d’une fontaine de marbre blanc à deux étages représentant un jeune garçon assis sur une oie. A découvrir aussi le Jardin-musée, un remarquable potager et jardin fruitier créé sur deux hectares qui perpétue le savoir-faire des maîtres jardiniers du 19e siècle.

Château de Gaasbeek
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Un château musée

La Marquise Marie Arconati Visconti a été la dernière occupante de Gaasbeek. Elle meurt sans descendance en 1923 à l’âge de 83 ans. Elle fait don du château et d’une partie du mobilier et de sa collection d’art à l’Etat belge pour qu’il en fasse en musée. C’est aujourd’hui un château meublé de magnifiques tapisseries de Tournai et de Bruxelles du 16e siècle, de meubles flamands du 17e siècle, de tableaux précieux et d’une multitude d’objets anciens, de statues, d’orfèvrerie et d’argenterie.

Château de Gaasbeek
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Carnet de route

Château de Gaasbeek. Visite du château avec une succession d’intérieurs historiques comme la salle des chevaliers de style néo-gothique, la bibliothèque, la salle de la garde, la cuisisne, la salle des archives ou encore les chambres d’apparat. Le château est actuellement fermé pour rénovation mais le parc et le jardin-musée sont ouverts. Brasserie restaurant et salon de thé. Accès: ring de Bruxelles sortie 15a. Kasteelstraat 40 à Lennik, Gaasbeek. Belgique. https://www.kasteelvangaasbeek.be/fr

Rendez-vous dans la rubrique Voyages, Europe, Belgique, pour découvrir le Jardin Musée du Château de Gaasbeek et le Jardin du Musée d’Erasme à Anderlecht, lAbbaye de Villers-la-Ville, le site de la bataille de Waterloo 1815, le Musée Hergé, la Fondation Folon, AfricaMuseum, les Grottes de Han, une journée à Bruges ou cliquez sur les liens.

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