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L’arbre fut le premier végétal vénéré par l’humanité. C’est un symbole sacré dans la plupart des mythes fondateurs des peuples de la terre.

 

Symboles de renaissance et d’immortalité

Objets de culte chez les anciens, les arbres ont une histoire qui remonte parfois jusqu’à la nuit des temps. Mis en scène par des légendes, contes et récits, ils jouent les intermédiaires entre les mondes souterrains, terrestre et célestes. Les arbres nous transmettent comme pouvoirs la force, la sagesse et une certaine idée de l’immortalité.

Figuier
Cedrus atlantica
Olivier
Arbres sacrés (4)
Figuier sacré
Sapin
Arbres sacrés (11)
Arbres sacrés (7)
Arbres sacrés (13)

Acacia, Robinia pseudoacacia, la rédemption

La légende dit que l’Arche de l’Alliance était faite de bois d’acacia recouvert de feuilles d’or et que la couronne du Christ était composée d’une branche d’acacia. Grâce à sa grande vitalité et à ses grappes tachées de rouge censé représenter le sang du Sauveur, l’acacia est un symbole solaire d’immortalité et de rédemption très utilisé dans les loges maçonniques. Les Amérindiens faisaient des flèches empoisonnées avec le bois d’acacia.

 

Amandier, Pyrus amygdalus dulcis, la fertilité

Pour les Grecs, l’amandier était le symbole de la fidélité. Pour les Hébreux, il évoquait la vigilance. Pour les Hindous, l’amande dans sa coquille de l’Amandier représente Yoni, le sexe féminin, source de la vie et matrice fertilisante et nourrissante de l’infini. Symboles de fertilité, les amandes sont toujours présentes sur les tables slaves et lors des baptêmes. Partout en Europe du Nord on offre des dragées, des amandes enrobées de sucre, pour partager sa joie et attirer la prospérité sur l’enfant.

 

Aubépine, Crataegus, le mariage

Dans la Grèce antique, l’aubépine était consacrée à Hymen, divinité de l’amour et du mariage. Les mariés en portaient une branche à leurs noces. Placées autour du lit, elles assuraient la fertilité du couple. Autour du berceau, l’aubépine protégeait l’enfant des mauvais esprits. Dans les pays celtiques, lors des célébrations dédiées à Belenos, dieu de la fertilité, on pratiquait des danses sacrées autour de l’aubépine en fleurs, symbole du renouveau et de la fertilité.

 

Bouleau, Betula, la lumière

C’est le premier arbre du calendrier celtique. Les Amérindiens le considéraient comme un arbre sacré et ils utilisaient son écorce pour fabriquer des canots et des parchemins. Le bouleau incarne la croissance et le renouveau. En Bohème, l’eau de bouleau passait pour un élixir de beauté et les Tchèques appellent mars le mois du bouleau. C’est le premier arbre à coloniser les friches inhospitalières, à braver les sols empoisonnés par l’industrie, à percer le monde minéral des déserts glacés et des bétons devenus inutiles.

 

Cèdre, Cedrus, l’éternité

Ce conifère hautement symbolique occupe une place choix dans l’un des principaux cultes de l’ancienne Egypte, celui d’Osiris. Etroitement lié à la notion d’immortalité, le bois du Cedrus libani était considéré comme un tribut précieux réservé aux dieux et aux monarques. Il servait à la construction des temples et des palais. Le cèdre est la fierté et l’emblème du Liban. Lamartine lors d’un voyage en Orient découvre les cèdres du Liban, « qui savent l’histoire de la Terre, mieux que l’histoire elle-même. »

 

Charme, Carpinus, la magie

Le charme est un arbre vigoureux peu sujet aux maladies, d’où l’expression «se porter comme un charme». Le bâton de charme, aux bouts fourchus, est réputé protéger des esprits malins, de leurs tours d’illusions et de leurs humeurs. Son bois sert à fabriquer des baguettes magiques utilisées par les magnétiseurs.

 

Chêne, Quercus, la force vitale

Arbre sacré chez les Romains, les Celtes et les Germains, le chêne symbolise la virilité, la force, l’endurance et la longévité. Avec ses racines robustes et profondes, il défie les siècles. Au 8e siècle, la moitié de l’Europe était recouverte de forêts de chênes. Emblème de majesté, il produit un bois à l’épreuve du temps. Consacré aux dieux de la foudre, il a été choisi par les druides celtes pour rendre la justice sous sa large couronne. Il est aussi vénéré pour ses nombreuses vertus médicinales.

 

Cyprès, Cupressus, la mort

Les Egyptiens en faisaient des sarcophages, les Grecs des repères funéraires et les Romains enveloppaient le corps de leurs morts dans les branches de cyprès. Le bois destiné aux bûchers était aussi celui du cyprès. C’est pourquoi, aujourd’hui encore, il reste le symbole du deuil, de la douleur et de la mort.

 

Figuier, Ficus, l’éternité

A l’abri de ses branches, Bouddha a passé de longues années absorbé dans de profondes méditations. Le Ficus religiosa est vénéré aux Indes comme symbole d’éternité. En Egypte, le Ficus sycomora accueille les âmes des morts qui, sous forme d’oiseaux, viennent se poser sur ses branches. Il est mentionné à maintes reprises dans l’Ancien Testament. On le retrouve dans le jardin d’Eden dès la création d’Adam et Eve car c’est bien une feuille de figuier et non une feuille de vigne qui cache leur nudité.

 

Frêne, Fraxinus, le surnaturel

Le culte scandinave dédiait cet arbre sacré à Odin, roi des cieux et lui accordait des pouvoirs immenses. Le frêne dont les branches s’étendent au-dessus de tous les mondes et atteignent le ciel, était supposé garder l’entrée du monde surnaturel. Arbre sacré dans les mythologies crétoises et grecques, le frêne est étroitement associé à la notion de pouvoir royal. Avec le tilleul et le bouleau, le frêne est encore l’un des arbres médicinaux les plus utilisés.

 

Genévrier, Juniperus, la santé

Dès l’Antiquité, on brûlait les branches aromatiques du genévrier dans les rues pour combattre les épidémies de peste et de choléra. Une légende prétend que celui qui croque tous les jours une baie de genévrier sera épargné par la maladie. Les pays germaniques l’utilisent largement dans la cuisine comme digestif dans les plats riches commet les ragoûts de gibier et la choucroute garnie.

 

Ginkgo, Ginkgo biloba, la longévité

Le ginkgo est un des plus vieux arbres du monde car il date de l’ère jurassique, il y a 150 millions d’années. Avant la dernière grande glaciation, il recouvrait tout l’hémisphère nord de la planète. Le Ginkgo est le seul arbre qui ait survécu aux bombardements d’Hiroshima. Il résiste parfaitement à la pollution urbaine.

 

Hêtre, Fagus sylvatica, la sagesse

Avec le chêne, le bouleau et l’olivier, c’est l’un des quatre piliers de l’année solaire chez les anciens Celtes. Le hêtre nous introduit dans le monde des géants. Ne souffrant d’aucune concurrence, il constituait l’essence dominante de la forêt primitive d’Europe. Son talon d’Achille est la fragilité de ses racines qui résistent difficilement à la sécheresse et aux vents violents. Rien ne remplace la puissance calorifique de son bois.

 

Houx, Ilex aquifolium, longévité

Le houx est l’objet de nombreux contes et légendes dans les pays nordiques. On dit que c’est dans son branchage que se cachent les lutins. Durant les saturnales qui avaient lieu au début de l’hiver, les Romains offraient des bouquets de houx pour souhaiter à leur famille et amis longévité et santé.

 

If, Taxus baccata, l’immortalité

Il est vénéré par les anciens Celtes comme un symbole d’immortalité à cause de son feuillage toujours vert et de sa longévité qui peut dépasser 2000 ans. L’if était aussi associé à la mort, au chagrin et deuil. Il est souvent planté dans les cimetières. Les rameaux, les aiguilles et les graines renferment un alcaloïde hautement toxique. La pulpe des baies est comestible.

 

Laurier, Laurus nobilis, la gloire

Apollon, dieu de l’intelligence et de la connaissance, ayant poursuivi la nymphe Daphnée, celle-ci implora Minerve qui la changea en laurier. Pour honorer cette vertu, Apollon voulu que cet arbre lui fût consacré et depuis, il porta une couronne de feuilles de laurier. Le laurier blanc signifie candeur, le laurier-cerise l’orgueil et le laurier-rose, douceur et beauté. Le laurier sert à couronner les vainqueurs et les héros.

 

Noisetier, Corylus avellana, la fertilité

Les Anciens lui attribuaient de nombreux pouvoirs magiques. Comme les sapins et les noyers, les noisetiers avaient le pouvoir de conférer la fertilité. Encore d’usage aujourd’hui, la coutume d’utiliser une branche de coudrier taillée en fourche pour détecter l’eau souterraine remonte aux anciens celtes. Encore faut-il que la baguette ait été coupée à minuit, le jour de la Saint-Jean.

 

Olivier, Olea europaea, la victoire

Pour les anciens Grecs, l’olivier représentait la victoire, la force et le succès. Cueilli par des épouses et jeunes filles très vertueuses, il n’était employé qu’à de nobles usages, pour la décoration des autels et des temples. C’est une branche d’olivier que ramena la colombe à Noé après le Déluge. L’olivier était un symbole de paix pour les catholiques alors qu’il est la source de la lumière divine pour les musulmans. Cet arbre devint le symbole de la paix entre Dieu et les hommes. Sa feuille figure actuellement sur le drapeau de l’Organisation des Nations Unies.

 

Pommier, Malus, la beauté

Quel fruit Eve offrit-elle à Adam? Pomme, figue ou orange, nous ne le saurons jamais. Chez les Grecs, les pommes d’or du jardin des Hespérides constituaient le secret de la beauté et de l’immortalité des dieux qui en consommaient. Pomone est la déesse des fruits. Les ancêtres des pommes européennes furent ramenées du Péloponnèse par le romain Claudius Appius à qui on dédia la pomme d’api.

 

Sapin, Abies et Picea, la forêt

Toujours vert, le sapin est un gage de renouveau, le symbole de la victoire de la vie sur la mort. Il ornait les fêtes populaires du solstice d’hiver, bien avant que le monde chrétien ne reprenne cette coutume à l’époque de Noël. Les Germains vénéraient les sapins comme habitat préféré du dieu Vogesus, dieu de la forêt dans l’est de la Gaule, protecteur des arbres et du monde végétal. Ce culte a perduré en Alsace avec la tradition d’exposer un sapin dans les villages et les maisons à l’époque de Noël.

 

Saule, Salix, la renaissance

Symbole féminin pour les peuples anciens, le saule était lié à la notion de fertilité, de mort et de renaissance. Au Moyen-Age, on l’associait aux sorcières qui s’en servaient pour faire leurs balais magiques. Plus tard, il fut consacré par l’Eglise à la Vierge Marie.

 

Tilleul, Tilia, la justice

Planté dans les lieux de rassemblements et de fêtes au Moyen-Age, le tilleul était l’arbre de la justice. Selon la légende de Philémon et Baucis, le tilleul symbolise l’amour conjugal. Il est le symbole de féminité en référence à sa feuille cordiforme, son parfum sucré et entêtant, sa couronne en forme de coeur et même ses nodosités rebondies comme des croupes bien formées observées sur les troncs des vieux arbres. Les fleurs attirent les abeilles qui en font un miel aromatique délicieux.

A lire:

  • «Dictionnaire amoureux des Arbres», Alain Baraton, éd. Plon
  • «Arbres et arbustes thérapeutiques», Anny Schneider, éd. de l’Homme.
  • «Le Livre des Arbres, Arbustes et Arbrisseaux», Pierre Lieutaghi, éd. Actes Sud
  • «Le signe de l’arbre, Horoscope celtique», Michael Vescoli, éd. Babel
  • «Eloge des arbres», Andrée Corvol, éd. Robert Laffont
  • «Larousse des Arbres et des Arbustes», Jacques Brosse, éd. Larousse

Reportage publié en 2005 chez Femmes d’Aujourd’hui (https://www.femmesdaujourdhui.be/ )

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