20 ans de journalisme,
la passion du voyage et des jardins.

François Goffinet compose des jardins en s’attachant essentiellement à l’harmonie qui relie l’homme à l’espace qui l’entoure. C’est comme en musique, chaque note est importante.

Le secret des plantes

François Goffinet a une allure de gentleman anglais, des manières courtoises et cultive un léger accent britannique. Malgré un agenda de ministre, c’est un homme qui sait prendre le temps pour faire bien les choses. Né au Château de Reux en Condroz, dans une famille nombreuse, il a passé son enfance dans un milieu créatif empreint de musique, de peinture, de sculpture et de jardinage.

Après une brève formation en sylviculture, il quitte sa terre d’enfance pour faire son apprentissage sur le terrain. On le retrouve au Chelsea Physic Garden de Londres, l’un des plus ancien jardin botanique de Grande-Bretagne, puis il intègre les cours de la Royal Horticultural Society à Wisley, une prestigieuse école à ciel ouvert où il apprend le secret des plantes.

François Goffinet

Le volume et l’esprit du lieu

Né de sa rencontre avec un propriétaire et ses rêves, chacun de ses projets parle d’espace et d’harmonie. «Lors de mes séjours à Annevoie chez mes grands-parents maternels, Pierre et Kathleen de Montpellier d’Annevoie, j’ai été imprégné par la beauté des jardins. Les grands arbres, les fleurs, les bassins, les cascades, les statues et les tonnelles m’ont offert une harmonie du corps et de l’esprit, des émotions subtiles qui résonnent encore dans mes créations.»

François va poursuivre sa formation dans l’optique de réunir autour de lui un groupe de compétences, de différentes disciplines, à la manière d’un atelier du 18e siècle. Pour lui, l’art du jardin prend sa source dans la synthèse de plusieurs métiers, aujourd’hui trop souvent dispersés,

François Goffinet

La musique de l’espace

Ciselant ses projets comme un chef dirige son orchestre, François Goffinet s’entoure des meilleurs collaborateurs, architectes, historiens de l’art, botanistes, horticulteurs et artisans, pour faire naître l’harmonie, dans ses moindres détails. «Dans un jardin, tout est une question d’harmonie. C’est comme en musique, chaque note est importante. Le jardin est un volume. Il n’y a pas que des plantes. Il y a des terrasses, des escaliers, des pavillons. Il y a aussi l’environnement, le ciel, la vue, les arbres existants. Du dialogue entre tous ces éléments et la dimension humaine va naître un équilibre sensoriel qui apaise et rassure.»

François Goffinet

Sentir un lieu et l’écouter

François Goffinet est un homme de terrain et sa conception d’un projet s’élabore sur le site lui-même. C’est l’étape la plus créative de sa mission, le moment où le jardin se construit. «Dans un jardin, on se trouve devant un paysage, parfois ouvert mais sans attrait, parfois nerveux, fermé et sombre. Il faut d’abord et avant tout comprendre un lieu et l’écouter pour pouvoir le sentir et lui donner tous ces éléments qui vont pouvoir être harmonisés dans une vibration qui fera la beauté du lieu.»

François Goffinet

Le rythme de la nature

François travaille à l’aide de jalons en bambou d’un mètre quatre-vingt, la taille d’un homme. Cette toise correspond à 6 pieds, un étalon de mesure utilisé depuis l’Antiquité. Elle lui permet d’élaborer un plan à résonance humaine. Parfois 400 bambous sont déployés sur le terrain en une seule journée pour poser les jalons de sentiers, terrasses, bassins, pavillons, talus ou larges pelouses.

«Le rythme est un élément essentiel dans un jardin puisque c’est le lien entre le corps et l’espace. C’est aussi un lien entre un mouvement et chacun de ces mouvements va se lier, s’harmoniser avec les dimensions du corps mais également avec l’espace dans lequel on va rentrer. Ce rythme unit l’humain et le lieu, l’homme et la nature.»

François Goffinet

L’art du jardin

L’art du jardin qui faisait partie des Beaux Arts était composé d’une multitude de métiers. Parmi ceux-ci, un peintre mettait en scène le projet du maître jardinier. C’est ainsi que François demande à ses dessinateurs de traduire en croquis la synthèse des recherches. «C’est la meilleure façon de présenter le projet au propriétaire qui doit l’approuver et à ceux qui doivent le réaliser, mais c’est aussi un outil précieux pour les futures générations qui devront le restaurer ou le transformer. Tout ne se fera peut-être pas, mais l’important, c’est de garder une trace et de garder la direction, le sens du projet.»

François Goffinet

L’homme et l’espace

Dès les prémisses du dessin, le savoir-faire d’un architecte intervient afin de veiller à l’équilibre de la maison et des structures du jardin. «La beauté, c’est l’harmonie entre la maison, le coeur de celui qui y habite mais aussi l’espace qu’il crée autour de lui. Et cet espace doit être également en parfaite harmonie avec la nature qui l’entoure.»

Vient ensuite le choix des végétaux, indispensables pour donner des formes, créer des perspectives et permettre les jeux d’ombre et de lumière. Ce travail se fait en collaboration avec un botaniste et une paysagiste coloriste qui composent des plans de plantations précis en fonction des thématiques choisies pour le jardin, du nuancier des couleurs et des époques de floraison.

François Goffinet

Le souci du détail

Perfectionniste et rigoureux jusque dans les moindres détails, François Goffinet se préoccupe enfin des ornements et du mobilier qui soulignent et appuient la composition d’ensemble. Chaque espace peut faire naître un objet élaboré selon les longues traditions des ferronniers, sculpteurs, tailleurs de pierre, fontainiers, éclairagistes, charpentiers ou menuisiers.

«Il faut veiller à l’emplacement de l’objet, mais aussi à sa dimension, à sa matière et à son style. Quelque chose qui est mal fait, c’est un arrêt visuel qui gêne et détruit l’harmonie.» C’est pour cela qu’il a créé une ligne de mobilier de jardin intemporelle. Réalisés sur mesure, bancs, chaises longues, bacs à parasol ou caisses d’orangerie, en bois brut ou laqué, sont pensés pour être transmis entre générations.

François Goffinet

François Goffinet Limited

Les projets que François Goffinet signe tant en Europe qu’aux quatre coins du monde concernent la restauration des plus célèbres domaines historiques mais également la création de nouveaux jardins contemporains. Aux Etats-Unis, recommandé par Russell Page, il est depuis trente ans l’architecte paysagiste du Donald M. Kendall Sculpture Gardens au siège de PepsiCo à New York. On le retrouve également en Angleterre où il a restauré le parc de Leeds Castle ou à Longleat, chez le Marquis de Bath.

Membre associé de l’International Dendrology Society, il est nommé en 2015 Fellow de la Linnean Society et, en 2016, il a fait l’objet d’une remarquable exposition organisée par la Banque du Luxembourg.

François Goffinet (UK) Ltd, Tige de Ronvaux 3 à 5590 Chevetogne. Belgique. Tel 083 23 11 40. www.fgoffinetdesign.be

Crédits photos François Goffinet, dessins Peter Lorenzoni

Reportage paru dans L’Eventail 2017 (www.eventail.be)

Rendez-vous dans la rubrique Découvertes, Portraits, pour découvrir mes reportages sur les paysagistes Jean Noël Capart, Nathalie Devallée, Jean Mus, Bas Smets, Michel Desvigne, Christophe Spehar, John Brookes, Dominique Eeman, Piet Oudolf, Alain Baraton, Palick van Hövell, Jules Buyssens,  ou cliquez sur les liens.

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