Paysagiste et jardinier, Christophe Spehar est un intuitif, un architecte qui tire parti du site et de ses contraintes naturelles.
L’art de maîtriser l’espace
«Le paysage, c’est là où le ciel et la terre se rejoignent». De nationalité française, Christophe Spehar est paysagiste, diplômé de l’école du Breuil à Paris. En 1998, il a la grande chance d’être sélectionné pour participer au prestigieux concours organisé par le Conservatoire International des Parcs et Jardins et du Paysage de Chaumont-sur-Loire. (voir mon reportage sur le Festival des Jardins de Chaumont-sur-Loire)
Observer avant d’agir!
«La première qualité d’un architecte de jardin, c’est de s’adapter au site et d’en tirer le meilleur parti. J’ai toujours privilégié les mouvements naturels du terrain que je remodèle. Je raisonne d’abord en termes de volumes et de circulations. Ce n’est qu’ensuite que viennent les plantations, pour soutenir des notions de perspectives et de profondeur ou pour souligner l’architecture du bâtiment.» Christophe Spehar aime la nature et la respecte. Ses interventions sont puissantes et sa sculpture affirmée du sol accentue les points forts du site tout en créant un jeu de lumières très graphique.
L’espace et la structure
Christophe Spehar est un fervent admirateur de Roberto Burle Marx, paysagiste brésilien auteur des jardins de Brasilia, un maître dans la création d’espaces et de volumes. Il apprécie son approche humaniste et sa manière de gérer de grands espaces en utilisant des formes libres et sinueuses ponctuées de plantations en masses exubérantes.
Une autre référence pour Christophe Spehar est le paysagiste Jacques Wirtz avec ses moutonnements de buis taillés et ses vagues de graminées qui dialoguent avec l’architecture environnante.
Ses jardins puissamment structurés où se mêlent l’homme et la nature, le minéral et le végétal, ont renouvelé l’approche de l’architecture et du paysage.
Courbes et contre-courbes
Christophe Spehar aime utiliser les formes sinueuses en réponse au vallonnement. Si les droites et les diagonales sont aussi intéressantes dans un espace vert que dans un tableau, courbes et contre-courbes y ajoutent charme et douceur. Le mouvement l’interpelle car il rend le jardin extrêmement vivant. Dans ce jardin, le terrain très en pente présente un dénivelé de 17 mètres. Un véritable défi pour le paysagiste qui décide de mener une intervention relativement discrète en réponse à la beauté naturelle du paysage environnant.
Circulation et cheminement
Une manière de dynamiser l’espace est de créer un rythme au sol par des circulations et des cheminements bien pensés. Lorsqu’ils sont engazonnés, ils apportent une certaine homogénéité. Pour dynamiser l’espace, le paysagiste plante de larges masses monochromes qui contrastent avec l’horizontalité des surfaces en gazon. Des végétaux au feuillage persistant et aux différentes nuances de vert dessinent la trame des chambres de verdure. Le cheminement se fait de manière progressive, passant du construit au végétal. L’illusion d’optique est partout présente.
Structurer le paysage
Que l’espace soit grand ou petit, la démarche est la même pour Christophe Spehar. La préoccupation première de paysagiste est de dessiner une colonne vertébrale, une charpente qui fait qu’un jardin reste beau en hiver. Aux abords de la maison, le minéral est à l’honneur. Les liens avec l’architecture sont forts.
Aventurier du paysage
Pour souligner mais aussi dialoguer avec la topographie particulière du terrain, le paysagiste choisi de travailler essentiellement avec des végétaux verts, une végétation d’arbres, d’arbustes et de graminées reliés avec de vastes étendues de gazon. Les liaisons sont naturelles, fluides, très organiques.
La présence de l’eau
«Dès que je le peux, j’introduis de l’eau dans mes projets, dormante, courante ou jaillissante, mais toujours apaisante.» Nul besoin d’avoir un grand jardin pour aménager un point d’eau qui associe avec bonheur différents matériaux, galets, briques ou pierre bleue. Au lieu de lutter contre l’eau, le paysagiste choisi de travailler avec elle. Glissant sur une pierre bleue affleurant à la surface de l’eau, un fin ruissellement relie les bassins, comme l’eau surgie d’une source.
Christophe Spehar, paysagiste, Belgique. http://reliefs.eu/
Rendez-vous dans la rubrique Découvertes, Portraits pour découvrir mes reportages sur les architectures paysagistes Jean Noël Capart, Nathalie Devallée, Bas Smets, Michel Desvigne, Piet Oudolf, Jean Mus, François Goffinet, Palick van Hövell, Dominique Eeman, John Brookes, Jules Buyssens, Marcel Gaucher et Alain Baraton ou cliquez sur les liens.
Bravo pour vos realisations paysagères,. encouragements
Je fut dans la décennie 1990 , un de ses élèves sur le terrain , près de 30 ans plus tard, je m’inspire encore de ses bons conseils.
Merci Christophe pour m’avoir transmis une partie de cette passion . Laurent .
Christophe Spehar a vraiment le sens du paysage. Il a énormément de talent.
Merci pour vos articles , je vais rechercher ce qu’il a fait à Chaumont sur Loire.
Ses jardins coulent comme des coups de pinceaux sur une toile, en suivant les courbes de la nature. Trop joli!