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A neuf ans, l’enfant corse ne parle pas le français. A 30 ans il est le maître de la France. A 35 ans, il se proclame Empereur! Napoléon Bonaparte, l’homme et le mythe.

 

Napoléon Bonaparte, au-delà du mythe

La légende de Napoléon Bonaparte a inspiré plus de 80.000 ouvrages et un millier de films long métrages et documentaires. Depuis sa mort, on a publié sur lui plus d’un livre par jour pour évoquer son mythe! Dans le cadre du bicentenaire de la mort de Napoléon, l’exposition «Napoléon, au-delà du mythe» organisée à la gare de Liège-Guillemins invite à la rencontre de cette personnalité hors du commun.

De la Corse à Paris

Napoleone Buonaparte voit le jour le 15 août 1769 en Corse dans la maison familiale de la Stada Malerba, à cent mètres de la cathédrale d’Ajaccio. Un an avant sa naissance, la Corse était encore italienne. S’il parle le corse la maison, c’est l’italien à l’école. A 9 ans, Napoléon est admis à l’école militaire de Brienne en France métropolitaine. En 1784, Bonaparte entre à l’Ecole royale du Champ de Mars à Paris.

Passionné par les sciences, brillant en mathématiques, Napoléon Bonaparte était assurément un authentique intellectuel. Il avait la mémoire des visages, se montant capable de reconnaître un soldat lorsqu’il passait ses troupes en revue. Napoléon avait beaucoup d’humour et son langage pouvait être pimenté par un vocabulaire cru. Le français n’était pas sa langue maternelle. Il estropiait souvent les noms et il était le roi des lapsus.

Un charisme exceptionnel

Après l’exécution de Louis XVI, la France se trouve en guerre contre l’Autriche, la Russie, l’Espagne et l’Angleterre. En 1785, Napoléon est officier. Elevé au grade de général à 24 ans, il mate en 1795 une insurrection de 25.000 royalistes. Napoléon n’a que 26 ans lorsqu’il arrive à la tête de l’Armée d’Italie et à la tête d’officiers, plus âgés et expérimentés, qu’il lui fallait séduire.

Le premier discours de Napoléon à ses troupes partant vers l’Italie révèle ses qualités de meneur d’hommes: «Soldats, vous êtes nus, mal nourris… Je veux vous conduire dans les plus fertiles plaines du monde.» Un contemporain évoque le souvenir de leur première rencontre: «Je ne puis comprendre l’ascendant dont je me suis senti écrasé au premier coup d’oeil.» Tel était Napoléon Bonaparte.

Joséphine de Beauharnais

Née en Martinique, Joséphine est créole, une aristocrate française des Antilles. Veuve du général de Beauharnais guillotiné sous le régime de la Terreur, elle fréquente les salons parisiens où elle rencontre Bonaparte. Elle a six ans de plus que lui et elle a deux enfants, Eugène et Hortense. Napoléon l’épouse en 1796 et fera d’elle l’Impératrice des Français et la Reine d’Italie.

Une ascension fulgurante

L’extraordinaire popularité que lui avaient valu ses victoires en Italie et son odyssée en Egypte ont porté Napoléon Bonaparte au pouvoir. Sa légende tient beaucoup à son ascension fulgurante. Le Général Napoléon Bonaparte se fait élire Président de la République italienne en 1802. Trois ans plus tard, il en sera le roi. En France, Napoléon devient Premier Consul, fait frapper de nouvelles monnaies à son effigie et reçoit des honneurs quasi royaux.

Le Code en héritage

Les droits de l’homme. C’était au sortir de l’absolutisme royale une notion révolutionnaire. En août 1789, le jeune Bonaparte est enthousiasmé par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. On doit à Napoléon une oeuvre dont la France et la Belgique sommes les héritiers, son Code Civil qui date de 1804. Le Sénat, c’est lui aussi, de même que les lycées, le baccalauréat et l’université moderne. Il réorganise la fiscalité et crée la Banque de France puis la Cour des Comptes.

Napoléon Bonaparte reprend l’idée de la Révolution, la liberté de culte. Elle ne concernait pas seulement les catholiques mais aussi les protestants et les juifs. L’idée de la révolution était d’offrir à chaque citoyen le droit de pratiquer la religion de son choix. Les évêques et archevêques seraient choisis par le gouvernement mais intronisés par le Pape. Par contre, la Convention avait aboli l’esclavage en 1794, mais le Premier consul le rétablit en 1802.

Sacre de l’Empereur

La légende de Napoléon Bonaparte trouve son aboutissement dans son sacre, lorsqu’il gravit la dernière marche qui le mène au trône. Proclamé Empereur des Français, Napoléon installe le nouveau régime. Dix-huit maréchaux sont nommés tandis que ses frères Joseph et Louis Bonaparte deviennent princes français.

Les fastes du couronnement de Napoléon Ier se déroulent le 2 décembre 1804 à Notre-Dame-de-Paris avec la bénédiction du Pape Pie VII en personne. L’Empereur revêt un lourd manteau en velours cramoisi doublé de satin blanc et d’hermine. Il reçoit de ses maréchaux les symboles impériaux, sceptre, main de justice, globe, anneaux et collier de la Légion d’Honneur. Il se rend au maître-autel pour coiffer son front de la couronne de lauriers d’or conçue pour l’événement. La cérémonie se déroule sous les yeux du peintre Jacques-Louis David qui immortalise l’événement en quatre tableaux.

L’Empereur prononce le serment de «gouverner dans la seule vue de l’intérêt, du bonheur et de la gloire du peuple français». Au service du peuple et non pas maître de la France. Par ces mots, il marque sa différence avec le pouvoir des rois de jadis et il se présente comme un empereur nourri par les valeurs de la révolution.

Maison de l’Empereur

Etre Empereur, ce n’est plus être Premier consul. Napoléon Ier doit apparaître comme l’égal des grands souverains d’Europe. Il installe une noblesse nouvelle, la noblesse d’Empire. Les nouveaux ducs, barons et marquis reçoivent des noms de batailles ou de terres conquises. Avec lui, la vie de cour, l’apparat et le faste retrouvent tous leurs éclats. La table était en permanence garnie de plats et de nourritures de grand luxe. La vaisselle en vermeil pesait à elle seule près d’une tonne.

Napoléon Bonaparte savait combien l’impact de l’image contribuerait à assurer la stabilité de son règne. Lorsque l’on évoque la légende de Napoléon, certains parlent d’un délire de la représentation. Il fait appel à des peintres, à des sculpteurs, à des miniaturistes. Son portrait devait être accroché en tous lieux.

Le peintre Jacques-Louis David en 1803 dans le Passage du Grand-Saint-Bernard montre Napoléon Bonaparte sur un cheval nerveux. Il faut convaincre de la fougue, de la hardiesse, mais surtout de la détermination du Premier Consul. Quant on sait que Bonaparte a passé les Alpes assis sur une mule!

En 1806, Ingres présente Napoléon Ier sur le trône impérial. Il s’agit de l’apothéose avec un Napoléon divinisé, monarque parmi les monarques. Il le montre entouré de toute la symbolique et de la pompe impériale.

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La Légion d’Honneur

Instituée par le Premier consul en 1802, l’ordre national de la Légion d’Honneur est une décoration de première importante. Elle concerne ses soldats et ses officiers mais aussi à des civils méritants, tous ceux qui sortent du rang, quels que soient leur milieu social, leurs origines, leur race ou leurs convictions par rapport à la religion.

Une armée de 800.000 hommes

Pour contribuer à l’effort de guerre, des levées en masse d’hommes permettent de réunir une des plus grandes armées de l’histoire, soit 800.000 hommes en 1793. Les armées se déploient surtout aux frontières. Mais Napoléon Bonaparte va inventer la guerre aux capitales. Il entrera dans Vienne, Berlin, Varsovie et Moscou. Pendant la guerre, la vitesse d’exécution était primordiale. Surprendre l’ennemi, toujours surprendre. Offensive immédiate, poursuite des fuyards pour empêcher la reconstitution de l’armée adverse.

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La vie des soldats

Où loger chaque soir 120.000 hommes? Dehors à la belle étoile dans un champ ou dans la cour d’une ferme. Et tant pis s’il pleut. Après des marches de trente ou quarante kilomètres, les soldats sont à ce point épuisés qu’ils trouvent le sommeil dans les pires conditions. Leur havresac qu’ils portent au long des routes interminables pèse 25 kilos. Il comporte trois chemises, deux paires de bas, deux de souliers cloutés, des mouchoirs, un peigne, des brosses pour les habits et les cuivres. Ils portent aussi leur ration de nourriture pour trois jours. Les cavaliers étaient protégés par une cuirasse.

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Le bivouac de l’Empereur

Quatre tentes étaient à la disposition de l’empereur. Une pour dormir, une faisant office de bureau, une pour les cartes militaires et la dernière pour le personnel. Son lit pliant en fer l’accompagne partout tout comme sa malle à linge en acajou à renforts en laiton, des tables, chaises, fauteuils et écritoires, tous repliables ainsi que son épée et sa médaille de Légion d’honneur.

 

 

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Les conquêtes de l’Empire

A Marengo, Napoléon Bonaparte remporte une brillante victoire en 1800. Son principal ennemi est l’Angleterre. Elle ne veut pas de paix tant que la France occupera la Hollande ainsi qu’Anvers, «ce pistolet braqué sur le coeur de l’Angleterre.» En Méditerranée, Napoléon perd la bataille navale de Trafalgar en 1805. Mais il aura aussi d’autres victoires, comme celles d’Austerlitz quelques mois plus tard puis de Wagram en 1809.

Marie-Louise d’Autriche

En 1809, Napoléon et Joséphine déclarent renoncer à leur union. Ils n’ont pas d’enfants et Napoléon est libre de choisir une nouvelle épouse. En 1810, Napoléon épouse devant l’église l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche. Pendant la campagne de Russie, il lui écrira: «Voilà dix-neuf ans que je fais la guerre et j’ai donné bien des batailles et fait bien des sièges en Europe, en Asie, en Afrique. Je vais me dépêcher de finir celle-ci pour te revoir bientôt.»

Le déclin de l’Empire

La Campagne de Russie en 1812 est un échec. Napoléon a réunit 650.000 hommes. Il atteint Moscou mais la ville est déserte et en feu. La retraite qui se fait au début de l’hiver tourne au cauchemar avec une température de moins 25°C. Après avoir franchi le Dniepr, la Grande Armée arrive face à une rivière marécageuse, la Bérézina. Pour protéger la retraite, l’armée doit brûler les aigles de tous les corps et laisser dernière elle des milliers de soldats qui seront faits prisonniers par les cosaques russes.

Seul contre tous

C’est le bras de fer entre Napoléon et les forces alliées de l’Angleterre, la Russie, la Prusse et l’Autriche. Napoléon perd à Leipzig la Bataille des Nations. En janvier 1814, les armées prussiennes et autrichiennes marchent vers Paris. Un gouvernement provisoire dominé par Talleyrand est nommé. Le 2 avril 1814, le Sénat déclare déchu de son trône Napoléon. L’Empereur signe son acte d’abdication et la France retrouve un roi, Louis XVIII.

Le Vol de l’Aigle

Napoléon n’est plus que le souverain de la minuscule île d’Elbe, à mi-chemin entre la Corse et l’Italie. Sur son île, Napoléon a vent du mécontentement de ses soldats. «L’armée me désire!» Il s’évade et le 1er mars 1815, il débarque avec 1100 hommes à Golfe Juan. Selon ses mots, «l’aigle, avec les couleurs nationales, volera de clocher en clocher jusqu’aux tours de Notre-Dame». Le 20 mars 1815, sans qu’une goutte de sang n’ait été versée, il rentre sous les ovations aux Tuileries.

Mais les souverains européens veulent la peau de Napoléon. Leur intransigeance est totale. Le 25 avril 1815, ils prennent l’engagement de ne pas déposer les armes avant d’avoir abattu Napoléon. Il ne reste plus à l’Empereur qu’à mettre sur pied une armée. Le 12 juin 1815, huit jours après la distribution des aigles dans la grande galerie du Louvre, Napoléon quitte Paris pour rejoindre l’armée du Nord.

Waterloo, l’acte final

Le 15 juin 1815, Napoléon, 120.000 soldats et 30.000 chevaux franchissent la Sambre. La campagne va durer trois jours. L’armée marche sur trois fronts pour battre séparément les armées anglaises et prussiennes. Napoléon affronte les armées alliées sur la plaine de Mont-Saint-Jean le 18 juin 1815. A 18 heures, l’issue de la bataille est indécise. C’est l’arrivée des troupes prussienne qui va s’avérer déterminante. Napoléon est vaincu! (voir mes reportages sur Napoléon à Waterloo, la Route Napoléon en Wallonie et sur l’Histoire de la bataille de Waterloo)

L’exil à Ste Hélène

De retour à Paris, Napoléon abdique le 22 juin 1815. Il doit se résigner à se rendre aux Anglais. Le 7 août 1815, il est contraint de monter à bord du HMS Northumberland qui appareille à destination de Sainte-Hélène, une île située au milieu de l’Atlantique sud. Durant les six années de captivité, il va séjourner à Longwood, une résidence d’été battue par les vents. Napoléon passe en revue sa vie, dicte ses souvenirs et peaufine sa légende. Il meurt le 5 mai 1821 à 17h49. (voir mon reportage sur Napoléon à Sainte-Hélène)

 

A lire: « Napoléon, au-delà du Mythe », par Eddy Przybylski et Thomas Lambiet, Ed. Europa Expo, l’excellent guide de l’exposition qui a eu lieu en 2021 à Liège.

Plus d’infos: https://www.napoleon.org/  et  https://fondationnapoleon.org/  et  https://www.napoleon-empire.net/napoleon-biographie.php

Rendez-vous dans la rubrique Voyages, Europe, Belgique, pour découvrir mes reportages sur le Mémorial Waterloo 1815, Napoléon à Waterloo, la Ferme de Mont-Saint-Jean, Napoléon à Sainte-Hélène, la Route Napoléon en Wallonie, le Site de Waterloo 1815 et l’Histoire de la bataille de Waterloo au fil de ses fermes, ou cliquez sur les liens.

 

 

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