20 ans de journalisme,
la passion du voyage et des jardins.

Les jardins partagés parlent de convivialité, de solidarité, de respect de l’environnement. Grâce à des associations actives, le mouvement prend de la graine.

 

Locataires de terres

Nichés dans les parcs publics, entre deux entrepôts, le long d’un canal ou d’une voie de chemin de fer, les jardins partagés sont des coins de verdure arrachés au béton. Des espaces de liberté volés à l’enfermement. Les jardiniers qui les imaginent et les cultivent nous invitent à semer dans la jungle des villes, déjeuner en paix à l’ombre de la tonnelle du jardin, réapprendre le cycle des jours, des saisons, du vivant.

Jardins partagés

Un supplément d’âme

Sortir de chez soi, faire des rencontres, les jardins communautaires ont aussi ce supplément d’âme qui rend possible l’échange avec ceux qu’on ne veut plus voir: les vieux, les pauvres, les isolés, les paumés, les enfants. Parfois, ils réussissent là où bien d’autres ont baissé les bras: réinsérer d’éternels perdants. A Bruxelles comme ailleurs, les initiatives se multiplient avec tout un réseau de jardins collectifs, familiaux et d’animations mis en place dans les quartiers. On n’est plus dans le registre du labeur, mais du plaisir.

Jardins partagés
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Fleurs de bitume

A Uccle, le parc public qui longe le chemin du Keyenbempt abrite 3 sites de potagers collectifs. Je pousse la barrière, je longe quelques cabanes, une rangée de glaïeuls, un carré de poireaux, de haricots et de salades. Je fais la connaissance d’Horace, Michel, André, Jean, Raymonde, Ingrid, Sylvie, Christiane. Il y a aussi Eddy qui est menuisier pensionné. Cela fait quatre ans qu’il cultive une parcelle du potager.

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Source de ressourcement

Couturière de formation, Isabelle vit dans la cité sociale toute proche. Elle est arrivée il y a deux ans après un parcours difficile. «Quand on arrive ici, on ne veut plus partir. Je me fie à la nature, c’est une vraie source de ressourcement. C’est si important de réussir quelque chose, de récolter et de savourer un légume qu’on a cultivé. Parfois on s’entraide. Il y a quelques jeunes femmes qui viennent ici après leur travail, parfois avec leurs enfants. Il y a aussi des retraités. L’ambiance est sympa.»

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Un retour à la terre

Paradis des pensionnés, des hommes en grande majorité, les jardins communautaires séduisent aussi de jeunes couples en quête d’une vie et d’une alimentation plus saines, des parents voulant offrir à leurs enfants un contact avec la terre et le rythme des saisons, des amoureux du bio. Les parcelles des jardins partagés couvrent une surface d’environ un à deux ares. Le prix de la location à l’année est symbolique.

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Gestion collective et participative

Souvent regroupés en association, les locataires gèrent ensemble les besoins et projets du site mis à leur disposition. Une charte définit les règles de fonctionnement dans un mode d’organisation collectif et participatif. Les locataires s’engagent à assurer un entretien minimum, à ne pas employer de pesticides de synthèse ni d’engrais chimiques. A côté du potager de quartier, on retrouve souvent un verger, un compost collectif, un rucher, un poulailler et des zones vertes librement accessibles au public.

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Citizen maraîchers

Le phénomène de l’urban farming a touché les Etats-Unis au début des années 2000 où des milliers de jardins potagers ont fleuri sur les terrains vagues et les bas-côtés des grandes routes, fournissant aux riverains des produits frais tout en redonnant des couleurs à la ville. A Londres et à Amsterdam aussi, les potagers urbains ont poussé comme des champignons dans les parcs, sur les toits des restaurants, des hôtels et même des épiceries.

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Chez nous, en Belgique, le phénomène est moins visible mais bien en marche. Trouver un terrain ne semble pas très difficile. En ville, les friches sont abondantes et les propriétaires sont souvent heureux de ne plus devoir entretenir leur bout de prairie. D’autres voient ainsi diminuer les dépôts sauvages de déchets. Pour les entreprises et les pouvoirs publics, c’est une mise en valeur de leur image.

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Partage et convivialité

Si les jardins partagés sont majoritaires, il y a aussi des jardins familiaux, d’autres plus collectifs où l’on partage la terre et les outils. Pour quantité de petits propriétaires, c’est un geste de convivialité et de partage. D’autres jardins sont plus spontanés, nés informellement, voire anarchiquement, dans les quartiers et les hameaux, sur des sites communaux ou régionaux mais aussi sur des terrains en friche appartenant à des privés, centres sociaux , fabriques d’église, sociétés de logement, etc…

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A la campagne aussi

Une génération entière a perdu le contact avec la terre. Les enfants, habitués à s’alimenter dans les commerces, sont en train de redécouvrir le plaisir de se reconnecter avec des éléments naturels. Certains jardiniers sont très conscients des enjeux écologiques. D’autres le sont moins et veulent simplement mener à bien des activités de bon sens, pragmatiques. Mais, consciemment ou pas, tous souhaitent quelque part arrêter de subir passivement la mondialisation.

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Un échange de trucs et d’astuces

Même lorsque les parcelles sont cultivées de manière privative par des individus ou des familles, la création et le renforcement du lien social est évident. On échange des trucs et astuces du jardinier amateur, les semences, les récoltes maraîchères. On prépare une petite fête annuelle, un barbecue, on noue des amitiés entre générations, entre populations d’origines sociales et culturelles différentes. Carrefour de savoir-faire et de passion, les jardins partagés sont aussi des plates-formes d’échange, de retrouvailles, des lieux de découverte de l’autre, du monde et de soi-même.

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Projets solidaires

Des associations de maraîchage accueillent des personnes en difficulté. L’intérêt de cette méthode de réinsertion par le jardinage réside dans la multitude des aspects touchés par le travail de la terre. Les assistés deviennent producteurs et même nourriciers. Ils apprennent le sens de l’initiative, la rigueur, la méthode, la patience, la gestion du temps, la dépendance aux contraintes de la nature et des plantes. Quelle valorisation de tenir entre ses mains le fruit du travail de plusieurs mois, quel plaisir de récolter le plus gros potiron ou la plus belle tomate, alors qu’on croyait ne plus servir à rien!

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Jardins thérapeutiques

Des écoles pour enfants en difficulté, des hôpitaux, des centres de soins ont créé des jardins thérapeutiques dans leurs murs. Dans un cadre naturel, la capacité de réfléchir à des problèmes personnels et de les mettre en perspective augmente, ce qui est bénéfique pour le bien-être. Un jardin est un lieu où on se sent heureux. Il offre un petit bout de paradis, des leçons de vie et de petites victoires que sont des cagots de groseilles remplis de fruits écarlates, comme les joues rouges de plaisir du cueilleur qui montre sa récolte.

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Pour aller plus loin: http://www.environnement.brussels et  http://www.asblrcr.be/potager-collectif 

Reportage publié en 2014 dans la revue Jardins & Loisirs (www.jardinsetloisirs.be)

Voir mon reportage sur le jardin collectif de Nature et Progrès, les potagers en permaculture de l’asbl Graines de Vie et de Fraternité ouvrière dans la rubrique Jardinage, Jardin bio et sur les Jardins thérapeutiques dans l’hôpital et sur le Compost en ville dans la rubrique Découvertes, Associations ou cliquez sur les liens.

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