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la passion du voyage et des jardins.

Un jardin potager expérimental sur un toit plat avec des arbres fruitiers, une garrigue mellifère, des oliviers et des figuiers… cela se passe au cœur de Bruxelles.

 

Bruxelles au vert

Personne ne pourrait soupçonner, en empruntant l’ascenseur glacial d’un parking à deux pas de la Grand-Place de Bruxelles, découvrir un jardin potager sur un toit à quinze mètres au-dessus du sol!  Superbement ensoleillé, le jardin offre une vue à 360° sur l’église Sainte-Catherine et la flèche de l’Hôtel de ville.

Potager sur les toits
Potager sur les toits
Potager sur les toits
Potager sur les toits

Un jardin de 700 mètres carré

Annemie est une jeune artiste volontaire et impulsive. Rien ne lui fait peur, rien ne lui résiste. «Lorsque je suis arrivée ici, notre salon donnait sur les toits plats des immeubles. Cette surface disponible de 700 m2 sur deux niveaux me tendait les bras. C’est ainsi que, à partir de 2010, je l’ai progressivement transformée en un terrain de culture expérimental.»

Jardin sur les toits (31)
Potager sur les toits
Potager sur les toits
Potager sur les toits

Une ‘green activist’

Activiste multimédia, graphiste, plasticienne et jardinière urbaine, Annemie fait partie d’un collectif d’artistes qui associe l’art, les médias et l’écologie. Elle utilise son jardin pour créer des oeuvres graphiques, des photos, des vidéos, des livres et même des concerts.

Potager sur les toits

Ecologie urbaine

Ce qui intéresse plus particulièrement Annemie, c’est l’Urban farming, l’agriculture urbaine sous toutes ses facettes. «La nature me fascine. Elle me permet de lier l’art à la vie. J’aurais aimé être biologiste. Je suis fascinée par le voyage des plantes dans le jardin, le maillage vert qui se crée au fil des potagers urbains et du voyage des abeilles.»

Potager sur les toits

Jardin connecté et interactif

Le pourtour du jardin potager sur le toit est planté de noisetier, saule pourpre, érable champêtre. «J’utilise des webcams et des capteurs qui mesurent le vent, la qualité de l’air, la pollution et l’humidité. Je partage ces infos sur le net, une façon de faire des comparaisons avec d’autres jardins. Car le jardinage, c’est aussi pour moi une notion de partage. Mon rêve serait d’ouvrir mon jardin et d’en faire une sorte de jardin collectif, un jardin modèle pour les gens du quartier.»

Potager sur les toits

Permaculture en plein ciel

Annemie a voulu réaliser un jardin le plus naturel possible en respectant les différentes étages de végétation comme dans les principes de l’Edible Forest Garden, la forêt nourricière. Cette technique appliquée en permaculture tend à reproduire un écosystème forestier comestible.

L’idée de la permaculture est d’associer des plantations d’arbres, de fruitiers, de buissons, d’arbustes, de plantes à racines et grimpantes, de plantes tapissantes, de fleurs mellifères, de légumes et d’herbes aromatiques. Grâce à sa structure stratifiée et à la captation différenciée des nutriments dans le sol par les plantes, ce système offre naturellement un rendement exceptionnel et de manière parfaitement naturelle. (voir mon reportage sur la Permaculture)

Potager sur les toits

Des travaux titanesques

Le défi pour Annemie, c’était de reproduire cet écosystème sur un jardin avec des cultures hors sol. L’installation de ce jardin sur une toiture plate a entraîné des travaux titanesques. Après avoir vérifié la solidité du toit et son étanchéité, le sol a été couvert d’une bâche en plastique épais contre les racines (type bâche d’étang) puis de plaques en polyester rainuré pour guider l’évacuation de l’eau de pluie vers la pente du toit.

Potager sur les toits

Sur un lit de lave

Un feutre géotextile a ensuite été étendu sur le toit, puis une couche de lave d’Alsace mélangée à des graviers, du terreau et du compost. Très légère, la lave facilite le drainage. Elle contient beaucoup de minéraux et grâce aux petits trous, les bactéries s’installent et favorisent la vie organique.

Potager sur le toit

Des dénivellations et des buttes

Le terrain de culture ainsi aménagé présente des dénivellations qui donnent du volume au jardin et des petites buttes qui permettent différents types de culture selon les besoins des plantes. La couche de substrat varie de 10cm pour les plantes tapissantes du type sedum, thym et fraisiers sauvages aux racines peu profondes à 80cm pour les buissons et les arbres fruitiers.

Potager sur les toits

En bac ou en pleine terre

La culture des légumes et des petits fruits s’est d’abord faite dans des dizaines d’anciens cagots à pommes récupérés comme bacs de plantation puis dans de grands bacs en planches de chêne. Le substrat est un mélange de lave, de terreau et de compost maison. Comme nourriture, Anémie rajoute des amendements organiques et des granulés de cheval séché.

Potager sur les toits

Culture en pleine terre

Certains bacs avaient un fond en bois. Les autres étaient directement posés sur le lit de lave et offraient des récoltes plus abondantes. Annémie a ainsi décidé de supprimer progressivement les bacs de plantation. Aujourd’hui, les légumes sont cultivés en pleine terre, associés aux autres plantes comme dans le principe de la permaculture. Les cultures offrent un rendement nettement supérieur avec beaucoup moins de besoins en arrosage.

Potager sur le toit

Un micro-climat

Orienté sud-ouest et protégé des vents du nord grâce à la construction d’une cabane, le jardin bénéficie d’un microclimat qui a permis d’acclimater une végétation de type méditerranéenne avec des lavandes, des figuiers et des oliviers. «Les oliviers étaient déjà là, dans de grands pots. Je les ai installés sur des buttes de lave et ils se portent à merveille.»

Potager sur le toit

Fleurs et légumes

Le coin potager accueille toutes sortes de légumes, de plantes aromatiques et de petits fruits. Le tout vit en parfaite symbiose, les tagètes avec les fraises, un pied de souci pour chasser les insectes, du fenouil pour cuisiner ou faire du thé, de la bourrache qui se ressème toute seule et colonise l’espace.

Jardin sur le toit

Une serre en aluminium

Annemie a monté une serre en aluminium et verre surélevée sur un socle en bois afin d’y installer plus de terre pour obtenir une meilleure production. L’intérieur abrite une vigne, des pieds de tomates et d’aubergines gourmandes en chaleur ainsi que des plantes plus délicates comme les avocats et quelques plantes médicinales. Et tout autour, des couches pour les semis.

Potager sur le toit

Le jardin mellifère

En ville, comme il n’y a pas de pesticides toxiques, les abeilles y vivent en bonne santé. Annemie installe cinq ruches et devient apicultrice. Des plantes mellifères les entourent comme le Tetradium daniellii appelé l’arbre à miel précieux pour sa floraison parfumée.

Sous les oliviers, un tapis verdoyant rassemble des touffes de menthe, nepeta, sedum à fleurs jaune, fraisier et thym sauvage qui a trouvé ici son habitat. Une cabane abrite le coin d’herboristerie d’Annemie qui récolte chaque année ses semences d’origan, menthe, fenouil, thym, sauge et romarin.

Potager sur le toit

Seed Bombing

«Connaissez-vous le seed bombing? C’est une technique de fleurissement des terrains vagues en ville. On rassemble des semences d’engrais verts, moutarde, phacélie, calendula – toutes des fleurs précieuses pour les abeilles – dans des billes d’argile que l’on peut jeter dans des endroits difficiles d’accès. C’est un bon système car les graines sont protégées par l’argile quand il fait sec et la graine peut germer quand il pleut.»

Potager sur le toit

Plus d’infos:   www.urbanfarming.org   et   www.permaculturedesign.fr

Rendez-vous dans la rubrique Jardinage, Potager, pour découvrir mes reportages sur la Permaculture, le Potager bio, le Potager mobile en pot, ou cliquez sur les liens.

Potager sur les toits

 

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