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la passion du voyage et des jardins.

Karel Goossens a consacré sa vie aux topiaires de buis et d’ifs. Un hobby qui est devenu un métier qu’il pratique comme un art.

 

Un jardin extraordinaire

Karel Goossens est un homme de la terre, un artisan qui a consacré sa vie aux Buxus et aux Taxus. Sa pépinière de 6 hectares qui se trouve en Flandre non loin de Bruges ressemble à un grand jardin. Les topiaires de buis et d’ifs y sont alignés comme des soldats et des chevaliers dans un immense jeu d’échec. Les vagues de buis verts et dorés taillés en boule s’étendent au pied de colonnes sombres et monumentales d’ifs. Ailleurs, ce sont les cônes, des torsades, des spirales, des pyramides, des obélisques et d’autres silhouettes géométriques qui captent le regard.

 

C’est un jardin extraordinaire digne des plus beaux jardins de topiaires de France ou d’Angleterre. «J’ai appris mon métier il y a trente ans sur le terrain. Je suis plus un artisan qu’un entrepreneur. Je cultive, je taille et je soigne mes Buxus et Taxus comme je le ferais dans mon propre jardin. C’est un travail énorme et peu rentable, mais c’est ma passion.»

La sculpture des ifs

L’if, Taxus baccata, est un champion pour former des topiaires de grande taille. Sa croissance est lente mais sa longévité est remarquable. Pouvant atteindre 20 mètres de haut et trois mètres de circonférence au moins, ce conifère persistant, compact et dense accepte d’être taillé en une palissade de verdure de 3 mètres de haut. Il existe plus de 200 formes différentes de Taxus baccata.

La plante se multiplie par semis. Cette grande diversité est liée au caractère dioïque de l’espèce et à la nécessité de croiser toute plante avec une autre pour obtenir des graines. L’if d’Irlande, Taxus baccata ‘Fastigiata’, est un arbre dressé qui dépasse rarement 7 mètres de haut mais il peut atteindre 5 mètres de large. Il existe de nombreuses formes à feuillage doré, Taxus baccata ‘Aurea’, ‘Fastigiata Aurea’, ‘Semperaurea’, ‘Elegantissima’, ‘Dovastonii Aurea’, ‘Standishii’ ou ‘Summergold’.

L’if pousse parfaitement bien à l’ombre des grands arbres des forêts. Il tolère une large gamme de sols et de conditions climatiques, y compris la craie et le calcaire en zone très sèche. Karel Goossens insiste sur le fait que l’if apprécie les sols bien drainés. «Si le sol est lourd et compact, il faut rajouter au trou de plantation un mélange d’un tiers de sable de rivière, un tiers d’humus et un tiers de terre de jardin. Si le sol est trop léger, on rajoute un peu d’argile et de l’humus qui apportera des nutriments. La taille principale de l’if s’effectue après la pousse de printemps, fin juin ou début juillet. On peut refaire une légère taille en septembre octobre, avant l’hiver.»

Le retour du buis

Dans la nature, le buis commun, Buxus sempervirens, est un grand arbuste au feuillage persistant très touffu qui peut atteindre 8 mètres de haut. Peu exigeant, il s’accommode du soleil comme de la mi-ombre, d’un sol acide ou calcaire, sec ou humide. Les racines sont superficielles et il faut prendre soin de ne pas les endommager lors des bêchages. La multiplication se fait principalement par boutures au mois de juillet.

Buxus sempervirens ‘Latifolia maculata’

Une promenade dans la pépinière de Karel Goossens permet d’admirer quelques espèces et variétés de buis, pas toujours faciles à reconnaître. Si le Buxus sempervirens présente un feuillage vert, le buis ‘Latifolia maculata’ est bien doré au début du printemps et ‘Elegantissima’ a un feuillage vert marginé de blanc. Quant au Buxus sempervirens ‘Rotundifolia’, c’est un arbuste à la croissance plus vigoureuse qui porte des feuilles rondes, luisantes et vert foncé.

Buxus microphylla ‘Trompenburg’

A découvrir également les Buxus microphylla avec des formes naines ou érigées que l’on ne doit pas tailler. Deux buis sont particulièrement résistants aux maladies cryptogamiques et aux attaques de la pyrale. Il s’agit du Buxus microphylla ‘John Baldwin’ et du Buxus sempervirens ‘Trompenburg’ qui ont des feuillages très coriaces.

Des buis en bonne santé

Si le buis supporte les tailles sévères en mars avril sur le vieux bois pour rajeunir l’arbuste, une taille d’entretien faite au mauvais moment peut rendre l’arbuste plus sensible aux maladies fongiques, Volutella buxi et Calonectria pseudonaviculata. Derrière ces noms barbares se cachent des champignons parasites microscopiques qui provoquent le dépérissement du buis.

«La plupart des gens taillent leurs buis après la pousse de printemps, au début de l’été. Mais à cette époque de l’année, les températures élevées et les pluies chaudes accroissent fortement la pression fongique. Je pratique depuis de nombreuses années une seule taille en hiver, en décembre janvier. Les températures sont trop basses pour les champignons et les feuilles coupées ne risquent pas de brûler par le soleil.»

Pour Karel Goossens ce n’est pas difficile de conserver des buis en bonne santé. «Le problème réside dans le fait que les gens pratiquent des traitements en dépit du bon sens. Une plante en bonne santé va être moins sujette aux maladies cryptogamiques. L’apport excessif de chaux et le fumage excessif fragilisent la plante, surtout en cas de sécheresse. Par contre une couche de mulch répandue autour des arbustes empêche la propagation des spores de champignons en cas de fortes pluies.»

Buxus sempervirens ‘Elegantissima’

«Il est indispensable de mesurer le pH de son sol pour voir s’il faut faire des amendements adaptés au terrain. Dans un sol sablonneux, visez un pH de 5,6, en sol sablo-limoneux un pH de 6,6, dans un sol limoneux un pH de 7,3 et dans un sol argileux un pH de 7,7. Au delà, la plante n’est plus en mesure d’absorber le phosphore et l’oligo-élément manganèse.»

Buxus microphylla ‘Trompenburg’

Des traitement biologiques

Depuis trois ans dans sa pépinière, Karel Goossens n’a plus constaté de dégâts dans ses buis qu’il traite régulièrement avec des produits biologiques. Après la taille, le feuillage du buis est pulvérisé avec de l’Oenosan, une poudre calcaire riche en micro-organisme qui accroît la résistance de la plante. Il faut la pulvériser tôt le matin quand le feuillage est humide. Le résultat est une meilleure photosynthèse et une réduction de l’évaporation permettant de prévenir les dégâts du gel. Comme engrais, Karel utilise le DCM Mix5 Minigran, un engrais composé organo-minéral riche en azote, phosphore et potassium.

Buxus sempervirens ‘Latifolia maculata’

Pour lutter contre les maladies cryptoganiques, différents produits ont fait leur preuve. Le plus connu est Eminent à base de tétraconazole particulièrement efficace mais qui peut être dangereux pour la santé et qui risque de provoquer une résistance. Karel Goossens ne traite plus ses buis qu’avec des produits écologiques. «J’utilise comme fongicide de contact du lactosérum issu de la production organique de fromage que je dilue et mélange avec un petit pourcentage de Microferm qui contient de bonnes bactéries et du Nectar duo, un produit à base de souffre qui augmente la résistance de la plante. Je mélange ces trois produits dans la même pulvérisation que j’effectue six fois par an, de mi mai à fin octobre contre la maladie.»

Buxus sempervirens ‘Rotundifolia’

Concernant la pyrale du buis, Cydalima perspectalis, là aussi, Karel Goossens insiste pour adapter le traitement au cycle du papillon. «Tant que le papillon vole, il peut pondre avec deux ou trois générations entre juin et novembre. Je déconseille de traiter au printemps car le traitement est dangereux pour les oiseaux et il faut refaire les pulvérisations régulièrement. Je préconise une pulvérisation du feuillage mi juillet, puis fin août, mi septembre et mi octobre pour détruire les chenilles avant leur stade hivernal.»

Buxus microphylla ‘Jon Baldwin’

Dans sa pépinière, Karel Goossens utilise un produit bio, le Bacillus thuringiensis. «Cette préparation à base de bactéries produit une toxine paralysante qui tue les chenilles. C’est un produit efficace, bon marché et écologique. En Belgique, il ne peut être utilisé que par des professionnels. Quant aux pièges à phéromones, ils n’éliminent pas la pyrale mais servent d’indicateur qui révèle la présence du papillon.» Karel Goossens conseille enfin de diversifier les plantations du buis avec d’autres espèces de plantes et d’accueillir les prédateurs naturels de la pyrale que sont les oiseaux, chauve-souris, araignées, frelons et guêpes pour permettre à la nature de retrouver son équilibre.

Buxus microphylla japonica ‘Faulkner’

European Boxwood and Topiary Society

Karel Goossens est président de la branche belge de la European Boxwood and Topiary Society. «L’EBTS a été fondé en Angleterre en 1996 par Mark Braimbridge et la comtesse Véronique Goblet d’Alviella qui en est aujourd’hui la présidente. Grâce à cette association, j’ai eu la chance de visiter des jardins remarquables et de rencontrer de grands paysagistes, écrivains et propriétaires de jardins, Lord Cavendish, Sir Roy Strong, Robin Lane Fox, Lynn R. Batdorf, Arabella Lennox-Boyd et beaucoup d’autres reconnus pour leur réputation dans le monde de la botanique. Notre association s’adresse à tous les passionnés de jardinage et en particulier à ceux qui structurent leur jardin avec des formes topiaires.»

Pépinière Goossens, spécialisé dans les topiaires de buis et d’if

Culture de Taxus baccata, Buxus sempervirens et Buxus microphylla, pour haies, écrans et topiaires. Vente de produits écologiques de traitements pour le buis et de grandes et petites échelles trépied Hasegawa en aluminium ultra léger pour tailler les topiaires ou la récolte des arbres fruitiers. Gevaartsestraat 77 à 8020 Oostkamp, Belgique. www.ebts-belgium.be et www.buxuskwekerijgoossens.be

Reportage publié en 2020 dans Eden (www.edenmagazine.be)

Rendez-vous dans la rubrique Végétaux, Arbres et Arbustes pour découvrir mes reportages sur le Buis, la pyrale et les maladies du buis, sur les Topiaires à feuillage persistant , la Haie taillée, le Ligustrum obtusifolium ‘Massif et  l’Ilex crenata qui remplacent le buis ou cliquez sur les liens.

 

 

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