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Il y a trente ans, la nuit du 9 novembre 1989, le Mur de Berlin s’est ouvert subitement, réunissant Berlin Est et Ouest.

 

La division de l’Allemagne

L’histoire du Mur de Berlin plonge ses racines dans les Accords de Potsdam en 1945 où Churchill, Truman et Staline, les alliés vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, divisent l’Allemagne en deux blocs.

Mur de Berlin 30 ans

A l’Ouest, la République Fédérale Allemande, la RFA placée sous la protection de la Grande-Bretagne, des USA et de la France. Côté Est, la République Démocratique Allemande, la RDA contrôlée par l’Union Soviétique. Très vite, le fossé se creuse entre le socialisme emprunt de stalinisme de la RDA et la démocratie de type occidental de la RFA.

Mur de Berlin 30 ans

A Berlin, le conflit était perceptible au passage de la frontière à Check-point Charlie et dans les autres passages entre l’Est et l’Ouest. Il ne s’agissait encore que d’une limite de secteurs que plus d’un demi-million de personnes franchissaient chaque jour.

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L’émigration massive vers l’ouest

Mais la tentation était grande pour les habitants de l’Allemagne de l’Est de passer à l’Ouest en réaction à la perte de libertés politiques et aux faiblesses de l’économie de la RDA. De 1950 à 1961, près de 3,8 millions de personnes ont ainsi quitté la zone Est pour vivre à l’Ouest.

 

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Le rideau de fer

Dans l’idéologie de la RDA, l’Ouest était l’ennemi. La construction d’un mur de séparation impénétrable le long de la frontière résolvait plusieurs problèmes. Il stoppait l’émigration vers la RFA tout en s’assurant du soutien du ‘grand frère’ soviétique en jouant son rôle de bastion le plus avancé du communisme. Ainsi va se construire l’un des édifices les plus épouvantables qui divisa la ville de Berlin pendant 28 ans, de 1961 à 1989.

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Cela se passe sous le regard perplexe des trois alliés occidentaux qui réagissent avec désinvolture. Pour eux, il s’agissait seulement du destin des Berlinois et des Allemands. En pleine guerre froide, la priorité des puissances occidentales était d’abord d’éviter une guerre atomique.

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Dans la nuit du 13 août 1961, les unités armées de la RDA commencent à boucler hermétiquement Berlin-Est. La circulation des trains de banlieue et des métros cesse entre les moitiés de la ville. Les voies d’accès sont verrouillées, les rues bloquées par des barricades. Un cordon de soldats s’aligne devant la Porte de Brandebourg.

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Les clôtures et les barrières de barbelés qui ferment la zone frontalière sont complétées très vite par des murs maçonnés.

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Ces murs seront remplacés en 1963 par des plaques de béton empilées plus résistantes. Les murs de la dernière génération se composent de dalles maintenues à la verticale par des supports en béton armé en forme de H et couronnées par un cylindre de béton.

 

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De multiples obstacles

La rue se transforme en frontière. Les fenêtres des maisons de la Bernauer Strasse dans le quartier de Mitte sont obstruées par des barbelés puis maçonnées.

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Pratiquement tous les immeubles donnant directement sur la frontière seront évacués et démolis afin de libérer le champ d’observation et de tir. Les immeubles étant à l’Est et le trottoir à l’Ouest, les habitants s’enfuient tant qu’ils le peuvent

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Les murs de béton sont doublés de couloirs pour chiens de garde, de pointes d’acier dans le béton, de chemins de ronde éclairés de projecteurs, de barricades hérissées de pointes d’acier.

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Des clôtures électriques déclenchent un signal en cas de contact. Au sol, on étend des matelas d’acier piqués de clous.

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Des miradors sont édifiés pour abattre les fugitifs qui essaient de rejoindre la zone Ouest.

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Checkpoint Charlie

De 1961 à 1989, Checkpoint Charlie est le seul point de passage entre Berlin-Est et Berlin-Ouest pour les militaires alliés, les diplomates et les étrangers. La tension est palpable dans ce point de contrôle dirigé par les Alliés.  Les chars soviétiques et américains se font face. Les deux super puissances se dressent ainsi l’une en face de l’autre, lourdement armées et séparées seulement par quelques mètres.

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De multiples évasions

Les tentatives pour passer la frontière pourtant se multiplient. Le 15 août 1961, un cliché du photographe Peter Leibing immortalise le premier garde-frontière fugitif. Soudain, profitant d’un moment de relâchement de la surveillance, le soldat Conrad Schumann se met à courir. Il jette son arme pour aller plus vite et saute par dessus les barbelés pour rejoindre la liberté.

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Des tunnels sont creusés sous la frontière pour retrouver une fiancée, un ami ou réunir des familles séparées. Des voitures sont trafiquées pour cacher des fugitifs. Une petite Isetta a ainsi permis à un passeur de faire neuf trajets avec des fugitifs installés à la place du chauffage et de la batterie.

Mur de Berlin

Du courage et des idées

Les idées ne manquent pas pour s’échapper de la RDA. Une famille s’évade grâce à une nacelle suspendue sur un filin tendu au dessus de la frontière, une autre grâce à une mongolfière.

Mur de Berlin

Un fugitif construit un submersible minuscule qui traverse la mer Baltique. Un autre s’envole grâce à une sorte d’ULM confectionné à partir d’un moteur de Trabant et d’un réservoir de moto.

Mur de Berlin

Malgré le dispositif défensif qui va entourer Berlin-Ouest et la frontière entre les deux Allemagne, près de 500.000 personnes sont parvenues à s’échapper à l’Ouest entre 1961 et 1989. Pour éviter les obstacles de la frontière, la plupart passent par des pays tiers, principalement la Tchécoslovaque et la Hongrie, mais aussi la Roumanie, la Bulgarie et la Pologne.

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Les victimes du mur

Si certains fugitifs réussissent à s’échapper, d’autres échouent à quelques pas de la bande blanche matérialisant la frontière. On parle de 1684 victimes qui succomberont ainsi entre 1948 et 1989. A Berlin, on dénombre 136 personnes qui ont laissé leur vie au pied du mur, ont été abattues ou blessées à mort, se sont noyées ou tuées dans leur chute.

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On se souvient ainsi du jeune Peter Fechter abattu en 1962 par les gardes-frontières et qui a agonisé pendant une heure sur la bande de la mort, de Bernard Lunser qui a sauté d’une maison de cinq étages pour s’écraser sur les pavés ou d’un petit garçon de 5 ans, Cetin Mert, qui s’est noyé dans la Spree.

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“Je suis un Berlinois”

Le président américain John F. Kennedy en visite à Berlin-Ouest en 1963 invité par le maire Willy Brandt va citer cette phrase historique “Je suis un Berlinois.” Il ouvre la voie de la réaction internationale. En 1987 à la Porte de Brandebourg, Ronald Reagan s’adresse à Michael Gorbatchev. “Monsieur le secrétaire général Gorbatchev, si vous voulez la paix, ouvrez cette porte! Monsieur Gorbatchev, démolissez le mur!”

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Tandis que la Hongrie ouvre ses frontières et que Gorbatchev lance sa politique de perestroïka, la RDA persiste dans son immobilisme. Honecker déclare le 19 janvier 1989 que le mur “resterait encore 50 ans, voire 100 ans, si les causes qui le justifiaient n’étaient pas éliminées.”

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La chute du mur de la honte

Les mouvements de protestation poussent Erich Honecker à la démission le 18 octobre 1989. Une grande manifestation se tient le 4 novembre 1989 sur l’Alexanderplatz de Berlin. Le 7 novembre, le gouvernement démissionne.

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Le 9 novembre 1989, un membre du bureau politique annonce lors d’une conférence de presse qu’il est désormais possible de quitter le pays par tous les postes frontières. Le mur est enfin ouvert, sans combat ni violence.

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La nouvelle se répand comme une traînée de poudre et des milliers de personnes se rassemblent aux postes frontières de Berlin.  En cette nuit du 9 novembre 1989, les Berlinois dansent sur le mur.

Mur de Berlin 30 ans

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Un symbole d’unification

Construit en 1791 pour servir d’arc de triomphe, la Porte de Brandebourg resta isolé de 1961 à 1989 dans un no man’s land entre l’Est et l’Ouet. Symbole de la scission de la ville, il est considéré depuis la chute du mur comme un symbole national d’unification et l’emblème le plus célèbre de Berlin.

Carnet de route

Checkpoint Charlie. Le poste frontière est démonté le 22 juin 1990 lors d’une cérémonie solennelle en présence des ministres des affaires étrangères des quatre puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale et des deux Etats allemands. https://www.visitberlin.de/fr/checkpoint-charlie

Checkpoint Charlie

Haus am Checkpoint Charlie. Ce musée très émouvant étudie l’histoire de la construction du mur et l’injustice du régime instauré par le Parti socialiste unifié de la RDA. Il expose des pièces uniques, de nombreuses photos et une documentation impressionnante sur les tentatives et les moyens d’évasion. www.mauermuseum.de

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Panorama die Mauer. Près du Checkpoint Charlie, cette grande rotonde représente un quartier disparu de Berlin de part et d’autre du Mur. Une exposition de photos vous transporte à l’époque de la division et de la chute du Mur. www.die-mauer.de

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East Side Gallery. Situé sur les bords de la Spree et reliant la gare Ostbahnhof au pont Oberbaumbrücke, l’Eastside Gallery est une vaste fresque qui s’étend sur 1,3 kilomètres. Couverte de peintures, c’est la partie du mur la plus connue et la mieux conservée. www.eastsidegallery-berlin.co

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Mémorial du Mur de Berlin. Situé dans la Bernauer Strasse, c’est un centre de documentation et de commémoration de la division de l’Allemagne. Il faut gravir un escalier ou prendre l’ascenseur qui mène à une plate-forme panoramique. De là, on peut observer une partie de l’ancien poste frontière dominé par un mirador avec la bande de la mort de 600 mètres de long. https://www.berliner-mauer-gedenkstaette.de/fr/

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A lire:

  • ‘Cela s’est passé au mur’, Raineer Hildebrandt, Alexandra Hildebrand, éd. Haus am Checkpoint Charlie
  • ‘Le mur de Berlin, 1961-1989’, archives du Land de Berlin sélectionnées et commentées par Volker Viergutz, éd. Berlin Story

Crédit photos Agnès Pirlot, Haus am Checkpoint Charlie et Fonds des archives du Land de Berlin.

Rendez-vous dans la rubrique Voyages, Europe pour découvrir mon guide sur la ville de Berlin, sur l’East Side Gallery à Berlin, sur le Musée juif de Berlin et sur Postdam ou cliquez sur les liens.

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