20 ans de journalisme,
la passion du voyage et des jardins.

Pour Lysiane, la terre est une compagne féconde. Artiste sensible aux beautés de la nature, elle sème à tout vent et associe fleurs et légumes pour former le plus joli des tableaux impressionnistes.

Le jardin poétique de Lysiane

Aimant peindre et les aquarelles, un peu nomade, Lysiane est psychologue de formation. Touchée par toutes les merveilles de la nature, c’est dans son jardin que Lysiane se ressource, composant des tableaux éphémères en constante évolution, pleins de couleurs et de fantaisie. «J’observe la nature. Je m’émerveille de la manière dont les fleurs vivent ensemble, comment elles cohabitent, comment le biotope se compose, les luttes entre les plantes et les stratégies pour que chacune trouve sa place. La vie de chaque plante m’importe, qu’elle puisse inscrire son identité dans le milieu qu’elle a choisi, en toute liberté.»

Le Fournil de la Ferme du Bois Eloi
Le Fournil de la Ferme du Bois Eloi
Le Fournil de la Ferme du Bois Eloi
Le Fournil de la Ferme du Bois Eloi

Le fournil de la ferme du Bois Eloi

Lysiane et Alain sont arrivés il y a 35 ans dans ce quartier bucolique du Brabant wallon. Ils ont eu la chance de reprendre la ferme du grand-père d’Alain avec un hectare de terrain. «La ferme, qui date de la fin du 18e siècle, a cessé toute activité agricole dans les années 60, explique Alain. Certaines parties, des restes de charpente et des encadrement de portes en pierre semblent très anciennes, provenant probablement de l’abbaye d’Aywiers qui se trouve toute proche dans la vallée de la Lasne. J’ai été heureux de pouvoir reprendre cette ferme avec ce grand terrain car j’ai été élevé à la campagne.»

Le Fournil de la Ferme du Bois Eloi

Le jardinage en héritage

Alain est arrière petit-fils de jardiniers de châteaux. «Mon arrière grand-père a fondé l’école d’horticulture de La Hulpe. Mon grand-père avait un jardin potager extraordinaire. Quand j’étais petit, je passais mes vacances chez eux. Je le regardais planter ses poireaux avec un grand compas en bois qui lui servait également à tracer ses lignes de semis et repiquages dans les parterres du potager. Ils était soucieux du parfait alignement des légumes. Il plantait ses poireaux de manière à ce que les fanes se courbent toutes dans le même sens!»

Le Fournil de la Ferme du Bois Eloi

Un jardin en terrasses

Dès l’entrée dans la cour de la ferme, le visiteur se sent immédiatement happé par l’allée de népetas qui se prolonge jusqu’au verger. Le jardin qui s’étend sur une trentaine d’ares est en pente légère, aménagé en terrasses retenues par des murets de pierre sèche. Alimenté par un puits, un bassin rectangulaire est bordé par de vieilles dalles de trottoirs de Bruxelles. Le jardin de fleurs s’est installé à la place du fumier. Au bout de la roseraie, on découvre la maisonnette des enfants, une véritable cabane de sorcière toute de guingois. C’est dans ce cadre bucolique que les hôtes sont accueillis dans un gîte aménagé dans l’ancien fournil.

Le Fournil de la Ferme du Bois Eloi

Pour aménager les axes et les chemins de circulation, Alain et Lysiane ont reçu les conseils d’Emmanuel Dubois, un homme proche de la nature qui a un sens inné du paysage. «Les bâtiments de la ferme sont très structurés, avec des ailes se faisant face autour d’une grande cour, explique encore Alain. L’idée a été de travailler à partir de ce grand axe qui aboutit à la barrière de la prairie aux moutons avec l’impression que le jardin se prolonge dans le paysage jusqu’à l’église de Maransart que l’on voit dans le fond. Un second axe perpendiculaire dévale la pente pour former une croix au centre du jardin.»

Le Fournil de la Ferme du Bois Eloi

Un chemin vagabond

Un sentier fait le tour du jardin. Il serpente autour des carrés du potager, des massifs de roses et des parterres de petits fruits. Son tracé est spontané, comme le tracé d’un animal dans la nature. C’est un axe de circulation important car il permet de remonter les déchets en haut du jardin. Le sol est par endroit sablonneux, surtout dans la pente, plus argileux et riche dans la pâture. Un compost a été installé en haut du terrain. L’idée, c’est que la terre coule et dévale la pente. Le compost est redescendu doucement par des litières successives qui sont devenues des parterres.

Le Fournil de la Ferme du Bois Eloi

Rigueur et fantaisie

Alain veille à la structure du jardin, au bon alignement des allées et des carrés du potager. C’est le roi du sécateur, taillant à la perfection les glycines, les rosiers et veillant à la conduite des arbres fruitiers. Dans le potager, il y a des zones plus folles, d’autres plus structurées, mais la plupart du temps, on observe une cohabitation harmonieuse où les fleurs se mêlent aux légumes et aux petits fruits, framboises, groseilles, maquereaux, cassis et mûres qui font le bonheur des petits enfants. Dans la serre, Alain chouchoute ses tomates. Le potager regorge de salades croquantes et de roquette qui pousse facilement. Il y a des haricots, des bettes à cardes, des potirons, potimarons, courgettes. Chaque année, il y a des nouveautés qui sont comme autant de surprises, à partir de semences offertes par un ami qui travaille chez Kokopelli ou par une amie botaniste qui a un merveilleux jardin.

Le Fournil de la Ferme du Bois Eloi

La nature en mouvement

Suivant une esthétique poétique et personnelle, Lysiane assemble dans ses parterres fleurs vivaces, bisannuelles et annuelles, géraniums vivaces, digitales, pavots, oeillets, campanules et phacélies, le tout dans un savant désordre. Elle apprivoise les fleurs sauvages, récolte les graines au bord des chemins et accueille celles qui viennent spontanément dans ses massifs telle la silène qui s’est installée au pied de ses rosiers. Elle laisse même la place aux herbes que l’on dit mauvaises, comme les orties qui lui offrent des soupes délicieuses et qui, tout comme la consoude, enrichit sa terre et son compost de ses substances vitales.

Le Fournil de la Ferme du Bois Eloi
Le Fournil de la Ferme du Bois Eloi
Le Fournil de la Ferme du Bois Eloi
Le Fournil de la Ferme du Bois Eloi

Le jardin, un maillon de la biodiversité

«Le jardin est un maillon précieux de la biodiversité. La flore indigène doit y tenir une vraie place. La délicatesse de ses inflorescences et sa capacité à se sentir comme chez elle quand on respecte ses exigences forcent l’admiration. Je suis toujours attristée lorsqu’une plante meurt. Je préfère accueillir une plante indigène un peu envahissante que d’observer une plante peu adaptée qui s’étiole. J’aime l’idée de permaculture, une manière simple, saine et équitable d’envisager le jardin. Il s’agit avant tout de laisser la nature vous aider. Elle propose une approche globale du jardin dans le but de travailler moins pour récolter plus. Il s’agit d’agir avec ce que propose la nature et non contre elle. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme et se régénère…»

Le Fournil de la Ferme du Bois Eloi

Un festin de fleurs

Cuisiner les fleurs est un grand plaisir de Lysiane. Voici ses fleurs comestibles préférées et quelques idées de recettes. (voir mon reportage sur la cuisine des fleurs)

  • Capucine: Les fleurs offrent une saveur corsée. On les dépose sur les salades sans les mélanger à la verdure assaisonnée car elles se flétriraient. Excellente avec des germes de soja, de fines languettes de concombre et des petites rosettes de brocoli blanchi. Cette salade se sert avec une vinaigrette tiède à l’huile de noix.
  • Bourrache: C’est dans les salades, sur les taboulés et les risottos que ses corolles violettes font merveille. Il faut les détacher soigneusement de leur calice piquant qui gâcherait le plaisir. Ciselées comme des herbes, ses feuilles veloutées sont iodées et évoquent un peu le concombre. On les cuisine à la manière des épinards.
  • Hémérocalle: Ses fleurs en trompettes sont excellentes à croquer. Leur saveur douce et fraîche, avec un petit arrière-goût poivré étonnant, font qu’elles conviennent aussi bien pour les desserts que pour les plats salés. Une jolie entrée consiste à fourrer les fleurs de crevettes mélangées à une pointe de mayonnaise ou de mousse de saumon.

 

Le Fournil de la ferme du Bois Eloi, Lysiane et Alain Bonaventure, gîte rural situé à 25km de Bruxelles, à proximité du Lion de Waterloo, de l’Abbaye d’Aywiers et de l’Abbaye de Villers-la-ville. Belgique. www.gitelasne.be

Reportage paru en 2012 dans le magazine Nest (www.nest.be)

 

Pin It on Pinterest