Installé dans le bas du village de Bonnieux, le jardin de La Louve est l’un des jardins icônes de la Provence. Il est l’oeuvre de Nicole de Vésian, styliste chez Hermès.
Bonnieux, village perché du Luberon
A flanc de falaise au dessus de la vallée, Bonnieux fait partie des plus beaux villages du Luberon. Dans cette cité perchée de Provence se cache le jardin de La Louve, mélange de pierres et de plantes de garrigues taillées. Le jardin de La Louve est le chef d’oeuvre de Nicole de Vésian, styliste réputée et grande jardinière.
Nicole de Vésian, styliste et jardinière
Mi provençale, un quart galloise et très parisienne, Nicole de Vésian est née en 1916. Styliste indépendante dans les années 60, elle travaille dans son bureau feutré de la rue de l’Elysée à l’élaboration de tissus issus des oeuvres de Sonia Delaunay et à la création de flacons de parfums. Elle s’associe à la maison Hermès et devient directrice du prêt-à-porter avec Christian Lacroix comme collaborateur.
Le Jardin de La Louve
Nicole de Vésian s’installe à Bonnieux au terme d’une brillante carrière. En 1986, elle déménage au lieu dit La Louve. La maison en ruine épouse une succession de restanques en pierre sèche exposées au sud ouest. Le nom de la Louve commémore le dernier animal tué dans cette vallée.
Un jardin épuré et inspirant
Au fil des années, la friche laissée à l’abandon s’est transformée en un jardin épuré qui inspira nombre de ses contemporains. Partant de quelques vieux arbres et de plantes de garrigue, Nicole de Vésian a planté, composé, sculpté à la cisaille et au sécateur toute la gamme des plantes méditerranéennes à feuilles persistantes associées aux galets de la Durance comme élément minéral.
Comme dans les jardins japonais
Les plantes ont été choisies en fonction de leur port, de leur forme, et non de la couleur de leurs fleurs. Les masses compactes vert gris et argent forment, ici un objet isolé, là un étagement ou un massif sensuel, là encore une silhouette qui encadre une ouverture. Nicole de Vésian ne produisait pas des topiaires à proprement parler. La taille dégageait plutôt le port naturel de chaque élément, avec des troncs parfois dénudés, donnant aux arbustes haut sur tige une allure parfois aérienne.
Des jeux d’ombre et de lumière
Le jardin ressemble à une tapisserie en trois dimensions. Grâce au jeu des terrasses et aux différentes perspectives, ces massifs s’admirent de face, en diagonale, d’en haut ou d’en bas et même parfois de l’intérieur. Respect des perspectives et captation des jeux d’ombre et de lumière ont été les règles directrices pour créer ce lieu à vivre en parfaite harmonie avec la nature.
Un dialogue avec le paysage
Vésian capta l’essence du lieu à un degré rare. Le jardin de La Louve entretient un dialogue avec les paysages du Luberon qui l’entourent et dont elle est une distillation très raffinée. En face du jardin, une pente boisée s’élève, toute proche. Vers la forêt communale, cyprès et fruitiers sont comme les témoins d’un passé agricole peu à peu abandonné.
La présence de sphères de pierre et de bancs dessinés par Nicole de Vésian offre de nombreux endroits pour la méditation, permettant de contempler les vignobles, dans le lointain. La vue au couchant est dégagée et rien ne vient perturber le magnifique spectacle. On aperçoit seulement la chapelle d’un ancien couvent mais le village, lui, reste invisible.
Le paysagiste anglais Christopher Lloyd qui visite la Louve en 1992 évoque «la fermentation des massifs comme un levain, toujours changeant». Nicole de Vésian aimait son jardin toute l’année et peut être surtout en hiver, lorsque la lumière méridionale coule à flot.
La seconde vie du jardin
Nicole de Vésian quitte son jardin en 1996, à l’approche de ses quatre-vingts ans. Elle passe le relais à Judith Pillsbury, marchande d’estampes à New-York, parisienne d’adoption et grand amateur de jardins. Elle allait devoir faire vivre et peaufiner ce lieu tout en gardant la structure du jardin de La Louve, déjà célèbre.
Un long bassin
Garrett Finney, un paysagiste américain ami de Pillsbury, rajoute une piscine très discrète dans le bas du jardin. Nicole de Vésian avait converti une vieille citerne en bassin pour se rafraîchir l’été. Finney imagina une piscine aux allures de citerne. Judith Pillsbury a dû laisser vivre le jardin qui évolua selon ses goûts à elle tout en respectant le dessin premier.
La troisième vie du jardin
Comment gérer et préserver une oeuvre d’art vivante et en même temps comment la faire sienne? C’est également la question que s’est posée Sylvie Verger-Lanel lorsqu’elle découvre la Louve en 2014. Coup de coeur total pour ce jardin au service du paysage. Avec l’aide de son mari, elle entretient aujourd’hui le jardin avec un infini respect et réussit la gageure de le maintenir dans l’esprit de sa créatrice.
Des plantes de garrigue et de Méditérranée
Le jardin offre désormais de nombreux espaces plantés et aménagés en fonction de leur exposition et du terrain. Une variété surprenante de plantes indigènes de la garrigue, cistes, romarins, thyms, est associée aux oliviers et plantes méditerranéennes.
L’acquisition d’une nouvelle parcelle de terrain a permis le prolongement de la terrasse qui conduit à la piscine par un passage de graminées. Une allée ombragée et fraîche remonte vers la terrasse de réception.
Le jardin de lavande
Un passage conduit au jardin du bas, rejoignant les terres agricoles voisines. Là se trouve le jardin de lavandes maintes fois photographié avec son bel alignement de sphères bleues ou grises offrant le spectacle ludique d’une mer végétale. Plus haut, un cheminement pavé de galets se fraie un chemin vers le belvédère, invitation à contempler la chaîne du Luberon.
Jardin de La Louve à Bonnieux
Labellisé ‘Jardin Remarquable de France’, le jardin est ouvert en juin pour les ‘Rendez-vous aux jardins’ et en septembre pour les ‘Journées du Patrimoine’. D’avril à octobre, visites sur rendez-vous. https://www.parcsetjardins.fr/jardins/509-jardin-de-la-louve
A lire: «Nicole de Vésian: Un art des jardins en Provence», Louisa Jones, Actes Sud.
Reportage publié dans L’Eventail (www.eventail.be)
Pour découvrir mes reportages sur le guide du Luberon, sur les plus beaux villages du Luberon, sur les ocres du Luberon, sur les Jardins de l’Abbaye de Valsaintes et sur la lavande du Luberon, rendez-vous dans les rubriques Voyages, Europe et Végétaux, arbustes, ou cliquez sur les liens.
Après la lecture de ce commentaire je suis impatient de venir visiter ce jardin, j’aimerai faire cela la semaine prochaine ?
Vous devez contacter les propriétaires pour prendre rendez-vous.
Bonjour,
Le Jardin est il ouvert cette semaine ?
Quels sont les horaires et les tarifs ?
Merci
Cordialement
A la fin de mon reportage je vous donne le lien vers le site internet du jardin où vous trouverez toutes les infos. Bonne visite.
Bonjour, c’est dommage que vous ne parliez pas du jardinier de madame de visian, que j’ai très bien connu, étant le petit fils de celui-ci. Il s’appelle José Gil. Dans ma tendre enfance j’y ai passé des heures dans ce jardin avec madame de visian et mon grand père.
Je ne connaissais pas le nom du jardinier de Madame de Visian. Merci pour l’info. Ce jardin est magnifique!
Comment visiter La Louve?
Vous trouverez les infos à la fin du reportage
Je vous ai rencontré à la Miellerie de Belvédère, dans la vallée de la Vésubie.Je garde en mémoire ce moment
que j’ai beaucoup apprécié. Je viens de voir votre site et il est à l’image de notre rencontre: magique,
chaleureux, et d’une grande richesse.Il nous tarde à moi et ma petite famille de venir vers vous.
Très sincérement