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la passion du voyage et des jardins.

Foisonnant, exubérant et plein d’atmosphère, le jardin de Great Dixter n’est pas le plus prestigieux d’Angleterre, mais c’est certainement celui qui a le plus de fougue et de personnalité.

Tout est magique à Great Dixter

Northiam est un petit village situé à la frontière du Kent et du Sussex. C’est ici qu’a vécu toute sa vie Christopher Lloyd (1921-2006), jardinier et écrivain spécialisé dans l’art des jardins. En arrivant à Great Dixter dans le chemin bordé d’un pré fleuri, je découvre une maison à colombage dont les parties les plus anciennes datent du XVe siècle. Elle est si étrange qu’on dirait qu’elle est habitée par un vieux magicien sorti d’un film de Harry Potter. Les cheminées blanches des greniers à houblon ponctuent de façon caractéristique l’image du jardin.

Great Dixter
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Une couronne de haies et de topiaires

C’est le père de Christopher, Nathaniel Lloyd, qui avait tracé au début du siècle passé la trame du jardin de Great Dixter en plantant de solides haies d’ifs. Elles sont aujourd’hui devenues gigantesques, presque oppressantes, dressées comme des remparts. De hautes topiaires d’ifs qui représentent des oiseaux, des paons et des formes abstraites sont placées comme les pièces d’un jeu d’échec géant et je me sens minuscule à leur pied. Ailleurs, le naturel règne en maître, surtout dans les prairies fleuries qui, par l’opposition entre la raideur des haies d’ifs et les hautes herbes, font en grande partie le charme de Great Dixter.

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Le wild gardening de Daisy Lloyd

Quand on parle des prairies fleuries de Great Dixter, on oublie souvent de citer Daisy Lloyd, la maman de Christopher. Jardinière passionnée, c’était une dame excentrique. Elle s’intéressait à la nouvelle vague du jardinage sauvage, le ‘wild gardening’ lancé par William Robinson. Pionnière en matière de prairie fleurie, elle partait dans les champs et les bois à la recherche d’orchidées qui, à l’époque, poussaient encore un peu partout à l’état sauvage. C’est elle qui expérimenta la culture des camassias, fritillaires, anémones, perce-neige, crocus, narcisses et primevères dans l’herbe non tondue au pied de vieux arbres fruitiers.

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Edwin Lutyens, l’architecte du jardin

La restauration de la maison et les grandes lignes du jardin ont été confiées à l’’architecte paysagiste Edwin Lutyens (1869-1944). En 1911, il divisa le jardin en une série de compartiments asymétriques, intégrant dans le plan les vieilles dépendances agricoles du domaine. Les plans du jardin sont pourtant pleins de contradictions énigmatiques dues aux rapports tendus entre Nathaniel Lloyd et Edwin Lutyens. On lui doit pourtant le célèbre escalier aux marches circulaires de Great Dixter qui descend vers le verger. Les marches concaves et convexes donnent un effet théâtral qui contraste avec la végétation de fleurs sauvages.

Great Dixter
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Christopher Lloyd, jardinier et écrivain

Le ‘Long Border’ de Great Dixter est la bordure la plus photographiée de Grande-Bretagne. Ce mixed-border et toutes les autres plantations du jardin sont l’oeuvre de Christopher Lloyd, figure incontournable de l’art du jardin au 20e siècle. Ses amis dont figurait Beth Chatto le surnommaient Christo. Ce botaniste plein d’imagination ne s’impose vraiment à Great Dixter qu’en 1972, à la mort de sa mère. Il s’occupait déjà des plantes de la pépinière. C’était un auteur prolifique, publiant de nombreux livres sur les jardins, les couleurs des fleurs et les prairies fleuries. Il avait une chronique dans «The Gardian» et dans le magazine «Country Life» où il partageait avec humour et sans prétention ses expériences horticoles.

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Tapisserie aux couleurs audacieuses

Le jardin laisse la vedette aux bordures colorées. Buissons, graminées, plantes vivaces, bisannuelles, annuelles et bulbes s’y bousculent en larges touffes de feuillages et de couleurs. Aujourd’hui encore, on admire la juxtaposition de plantations presque sauvages et d’autres très maîtrisées qui plaisait tant à Christopher Lloyd. On retrouve les couleurs fortes et les associations audacieuses, comme un phlox rose auprès d’une anthémis orange. Expérimenter et lancer des défis ne posaient pas de problème à Christopher. Il osa ainsi aménager sur l’emplacement d’une ancienne roseraie un jardin exotique. Cette réplique d’un fragment de jungle tropicale est peuplée de cannas, bananiers, phormiums et des floraisons luxuriantes de dahlias et de bégonias utilisés pour leurs feuillages contrastés.

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Great Dixter Charitable Trust

En 2003, Christopher Lloyd a constitué une fondation afin que son jardin lui survive. Désormais, son ami Fergus Garrett veille sur les plantations. Jardinier en chef depuis 1992, il a travaillé avec Christopher Lloyd jusqu’à son décès, en 2006. Rechercher les meilleures plantes et sans cesse de nouvelles combinaisons de fleurs et de feuillages est une passion partagée par l’ensemble de l’équipe de Great Dixter. Car ce jardin n’est pas figé dans le passé. Il ne cesse d’évoluer pour rester une source d’inspiration. Fergus Garrett partage également son savoir et son expérience avec d’autres passionnés de jardins en organisant des stages et des journées d’étude pour les étudiants, bénévoles et jardiniers du monde entier.

Great Dixter, visite du jardin. La maison se visite uniquement l’après midi. Tea room et pépinière. Northiam, East-Sussex TN31 6PH. www.greatdixter.co.uk. et  www.visitbritain.com

Pour découvrir d’autres jardins dans le Kent et le Sussex, Pashley Manor, Borde Hill et Sissinghurst et Wisley dans le Surrey, rendez-vous dans la rubrique Jardins, Angleterre du Sud ou cliquez sur les liens.

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