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Entre cour et jardins, le Lude est un des plus beaux châteaux du Val de Loire. Il se découvre tel un livre d’histoire.

 

Sur les bords du Loir

Situé dans la Sarthe, aux confins de l’Anjou, du Maine et de la Touraine, le château du Lude est une sentinelle avancée des châteaux de la Loire. Majestueusement campé sur sa terrasse, dominant la petite ville Renaissance du Lude et le paysage de la vallée du Loir, c’est le plus remarquable château de la région.

Au Moyen-Age

Les origines du Lude remontent au 10e siècle avec la présence d’un fort destiné à lutter contre les attaques des Normands. Au Moyen-Age, une forteresse de pierre et maçonnerie est érigée au bord du Loir. C’est le temps des rivalités entre les grands seigneurs féodaux et des conflits entre la France et l’Angleterre durant la guerre de Cent Ans.

La construction de la forteresse s’étale du 13e au 15e siècle. De cette époque datent les larges et profondes douves sèches, les souterrains voûtés, les tours imposantes dont les plus anciennes ont huit mètres d’épaisseur, l’éperon défensif en maçonnerie et les remparts surplombant la rivière. Le Lude occupé par les Anglais en 1425 est libéré deux ans plus tard par Gilles de Rais, le légendaire Barbe Bleue.

Château de plaisance

Durant la Renaissance, la rude forteresse se transforme en château de plaisance, vaste quadrilatère flanqué de quatre énormes tours. En 1457, le château est acheté par les Daillon, puissante famille au service des Rois de France du 15e au 17e siècle. Le château restauré est doté d’une longue terrasse avec une balustrade qui domine la vallée du Loir. Le palais reçoit la visite d’Henri IV, de Louis XIII et de la Marquise de Sévigné.

Renaissance Italienne

Bien que médiévale par ses tours, la façade François Ier qui fait face aux jardins illustre déjà la Renaissance. Les meurtrières ont fait place aux grandes fenêtres à meneaux richement sculptées et largement ouvertes à la lumière. La décoration est confiée à des artistes italiens. De grands médaillons sculptés en haut-relief, inspirés de l’iconographie romaine, sont disposés sur la façade méridionale et les tours.

Renaissance Française

La cour d’honneur date du 17e siècle. Il s’agit d’un style de transition vers le classicisme caractérisé par la symétrie et la sobriété des lignes, les embrasements moulurés, les pilastres incrustés de plaques de marbre noir et rose et les frontons baroques sur les fenêtres. La lignée des Daillon s’éteint en 1685 avec Henri, Duc du Lude, Pair de de France et grand maître de l’Artillerie.

A la veille de la Révolution

Un siècle plus tard, en 1787, la Marquise de La Vieuville demande à l’architecte Jean-Benoît-Vincent Barré d’entamer de grands travaux. L’architecte conserve la façade Renaissance et la cour d’honneur aux plaques de marbre mais il supprime les bâtiments de l’avant-cour et les remplace par un portique à trois arches qui relie les deux tours ouest. De là, il jette un pont vers la ville.

L’aile Louis XVI

Vers le Loir, entre les tours de style Renaissance, Barré érige l’aile orientale de style Louis XVI. Le bâtiment dresse un corps central de trois étages surmonté d’un fronton triangulaire avec deux pavillons légèrement en retrait. La façade de ce nouveau logis en pierre blonde de tuffeau est un pur exemple du néo-classicisme du 18e siècle offrant ses lignes d’une sobriété et d’un équilibre parfait. L’architecte abat deux tours défensives et comble le fossé pour former un vaste parterre qui s’étend de l’aile Louis XVI jusqu’à l’aplomb de la rivière. Un pont maçonné remplace l’ancien pont-levis pour relier le parterre de l’Eperon à la terrasse du jardin.

 

La famille Nicolaÿ

Le château du Lude appartient depuis plus de deux siècles à la famille Nicolaÿ qui descend des Talhouët à qui l’on doit les transformations apportées au 19e siècle. Classé Monument historique en 1927, le château est habité par le comte et la comtesse Louis-Jean et Barbara de Nicolaÿ et leurs enfants qui partagent avec les visiteurs la richesse de ses intérieurs et le charme de ses jardins.

La visite du château

Le château comprend six étages. En se promenant dans les douves qui entourent le château, on visite les souterrains voûtés et les caves à vin. Un escalier mène à l’étage des cuisines. C’est dans l’aile nord que les visiteurs admirent les pièces de réception du rez-de-chaussée, les chambres à coucher à l’étage puis tout en haut les pièces réservées au personnel.

Les cuisines voûtées

Datant du 15e siècle, les cuisines voûtées du château ont conservé leurs larges cheminées, le puits et le four à pain de la Renaissance ainsi que les fourneaux de fonte du 19e siècle chauffées au bois. Ils reprennent vie lors des Journées gourmandes pour préparer des confitures avec les fruits du potager.

Les pièces de réception

Dans les grandes pièces de réception des ailes Nord et Sud, les plafonds aux poutres peintes, les cheminées de pierre monumentales et les tapisseries des Flandres font référence à l’ornementation de la Renaissance.

Erigé au 19e siècle dans un style néo-Renaissance d’une rare opulence, le grand hall mène les visiteurs aux salons d’apparat du château.

La Galerie Renaissance est ponctuée d’éléments néo-gothiques. Ils évoquent les origines du château mais aussi une période qui connut un regain d’intérêt au 19e siècle sous l’impulsion de Viollet-le-Duc.

Le studiolo est le trésor du Lude. Situé dans une des tours les plus anciennes, dans les appartements de la duchesse du Lude, cette petite pièce qui était une sorte de cabinet d’étude est entièrement couverte de peintures murales allégoriques, mythologiques et bibliques datées du milieu du 16e siècle. 

 

Le Grand Salon qui occupe le centre de l’aile orientale conçue par l’architecte Barré offre d’amples proportions et un harmonieux décor Louis XVI.

L’escalier et les chambres

L’escalier monumental conduit aux appartements privés. Son riche décor et son organisation singulière offre d’étonnantes perspectives.

La visite se poursuit dans les derniers étages du château par la visite des chambres, de la lingerie, de la nurserie et des communs réservés au personnel du château qui nous plongent dans la vie de château.

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Les écuries

Aux abords du château, en allant vers les jardins, sont construits les dépendances du château. Un imposant édifice abrite des écuries voûtées, la sellerie, une collection de calèches ainsi qu’un grenier à blé, vaste pièce dotée d’une admirable charpente. Sous les frondaisons des marronniers, un dédale de fusains marque la séparation du jardin avec les communs.

Le jardin à la française

La grande terrasse et sa longue balustrade dominent des jardins à la française qui suivent en contrebas le cours du Loir sur plus de deux cent mètres. Souligné par un alignement d’ifs en topiaire et de magnolias taillés en pyramides autour de grands bassins, le dessin formel de ce jardin posé sur un tapis vert contraste avec le paysage rural qui s’étend sur l’autre rive.

Ce jardin dont le dessin d’origine remonte à 1880 reste fidèle à l’esprit de son créateur, le paysagiste Edouard André. Rythmée de contreforts d’ifs, le mur de soutien est planté d’arbustes à la floraison printanière parfumée ainsi que de grands rosiers en buissons.

 

La perspective est dominée par une admirable statue installée sur la terrasse représentant le combat d’Hercule et Antée.

 

Le jardin de l’Eperon

Du côté de la rivière, un éperon de maçonnerie fermait la forteresse. L’espace fut remblayé au 18e siècle pour accueillir un jardin formel qui épouse les contours de l’ancienne fortification. Cet espace a été redessiné en 1997 par le paysagiste belge Augustin d’Ursel.

La roseraie

Face à la terrasse, une roseraie occupe un jardin clos peuplé de rosiers d’origine chinoise, Rosa chinensis, Thé et hybrides de Thé, accompagnés de plantes vivaces. Dans ce jardin abrité dominent les tons roses, bleus et corail. Certaines roses comme Mutabilis, Clementina Carbonieri et Archiduc Joseph y fleurissent sans interruption de mai à décembre.

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A l’extrémité de ce jardin suspendu, la pointe de l’éperon est mise en valeur par un labyrinthe de buis.

Le Jardin de la Source

Un petit jardin intime fait la transition avec le parc paysager dessiné par Edouard André en 1882. Ce jardin romantique est animé d’un kiosque d’inspiration chinoise, de grotte et de rocailles. Une source surgit au fond de la grotte. Le jardin est particulièrement fleuri au printemps.

Le potager clos de murs

Créé par Edouard André, un vaste potager clos de murs est bordé de serres, de couches pour les semis et d’une orangerie. Restauré dans les années 1990, il accueille des collections de fleurs et de légumes cultivés en permaculture destinés aux cuisines du château. Ce jardin privé ouvre ses portes lors des fêtes du jardin ainsi qu’un week-end par mois en saison et sur demande pour les groupes.

Château du Lude

Visite du château et des jardins classés Jardin remarquable par le Ministère de la Culture. Journées gourmandes et Journées du Patrimoine avec la visite du potager et la préparation de confitures à l’ancienne dans les cuisines médiévales. Chasse aux trésors dans les jardins et Escape Game dans les écuries du château. Fête des Jardiniers le premier week-end de juin avec la remise du Prix Redouté. Château du Lude, entre Le Mans et Saumur, Angers et Tours. France. https://www.lelude.com/

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