Depuis des millénaires, la yourte est l’habitat traditionnel des nomades du Kirghizistan. Dormir en yourte est une expérience inoubliable.
Les nomades du Kirghizistan
La yourte est à elle seule un concentré de toutes les traditions nomades que l’on trouve au Kirghizistan, au Kazakhstan et en Mongolie. La yourte est une tente ronde en feutre qui offre un gîte aux bergers dans les jailoo, les pâturages des hauts plateaux. Mais on la retrouve partout dans le pays, au bord des routes, dans les villages, dans la cour ou le jardin d’une maison pour accueillir les invités.
Banni pendant la sédentarisation forcée imposée par le pouvoir soviétique, le mode de vie nomade est vite réapparu après l’indépendance du Kirghizistan. Il s’agit en fait plus de transhumance que de nomadisme. Se déplacer à cheval, vivre des produits de l’élevage et habiter sous la yourte en été sont un mode de vie unique au monde.
Une habitation familiale
La yourte est une tente ronde démontable avec une ossature en bois recouverte de feutre. Un artisan met environ un mois pour confectionner une yourte. Sa durée de vie dépasse rarement les 25 ans. C’est une habitation familiale comprenant une pièce unique autour d’un poêle. Quand on pénètre dans une yourte, l’atmosphère feutrée qui s’en dégage est profondément intime et conviviale.
Il suffit de deux heures pour monter une yourte. On commence par poser le montant de la porte puis un assemblage de claies qui forment les murs en treillis. On ajoute ensuite un cercle en bois soutenu par de fines perches attachées au treillis et qui forment un toit en coupole. L’armature mise en place, on installe le tissu intérieur puis les différentes couches de feutre et enfin la toile blanche extérieure qui est maintenue par de lourdes cordes.
Chaude et spacieuse
La yourte utilise les matières premières fournies par le troupeau du berger, principalement la laine de mouton. Elle n’est que posée sur le sol ce qui permet de l’installer sur n’importe quel terrain, même s’il est gelé ou enneigé. On y trouve plusieurs lits qui servent de sièges pendant la journée, un coffre armoire où est remisé le linge et une table basse où est posée la nourriture.
Figurant sur le drapeau du Kirghizistan, le tunduk est une découpe à ciel ouvert pratiquée au sommet de la yourte. Cet orifice circulaire qui laisse entrer la lumière du jour se ferme par mauvais temps en y faisant glisser un carré de feutre. C’est aussi ici que s’évacue la fumée du foyer à même le sol remplacé au 20e siècle par un poêle fermé. Il est consolidé par deux rangées de trois à cinq pièces de bois entrecroisées. Les montants de la yourte viennent tous s’appuyer sur l’extérieur du cercle.
L’univers en miniature
La yourte est un habitat extrêmement codifié qui reflète à la fois la conception de l’univers et les pratiques sociales. Le tunduk, l’orifice rond au sommet de la yourte, symbolise le ciel et c’est tout naturellement que le foyer se trouve en dessous. Les deux poteaux de bois qui relient le foyer au ciel sont les éléments les plus sacrés de la yourte. Il ne faut jamais passer entre ces deux piliers ni y faire passer des objets. Le kolomto est le centre de la yourte sous le tunduk où se trouve le foyer.
Au nord, sur le mur du fond, se trouve le juk, juste derrière le foyer et en face de l’entrée de la yourte. C’est l’endroit où l’on place un coffre à linge orné de motifs géométriques de couleur vive qui symbolisent les notions de bonheur, de longévité, de fertilité et de prospérité du troupeau. Cet endroit où sont rangés dans des malles et des supports les tapis de feutre, couvertures, vêtements et oreillers fait étalage de la richesse ou de la pauvreté de la famille.
La place devant le juk s’appelle tor. C’est l’endroit sacré où se trouvent l’autel des ancêtres et les objets les plus précieux de la famille et auprès duquel on place les personnes les plus respectables, les personnes âgées et les invités d’honneur.
La partie droite de la yourte est la zone de travail des femmes qui s’activent pour préparer les repas avec les réserves alimentaires de la famille. Un tapis de feutre à motifs colorés est utilisé pour séparer une partie de la yourte où sont entreposés les produits et articles ménagers.
La partie de gauche est réservée aux hommes et aux invités. Les harnais et autres articles nécessaires à l’artisanat et à l’occupation agraire des hommes, à l’élevage et à la chasse, sont suspendus au kerege. Un hôte sera installé plus ou moins proche du fond de la yourte en fonction de son importance.
Des bandes tissées et des tapis de feutre décorent les murs et le sol de la yourte. Le Shyrdak est un tapis de feutre qui se trouve dans toutes les yourtes et dans les maisons kirghizes. La confection du feutre tient une place importante dans les travaux d’été des femmes kirghizes. La laine est nettoyée à coups de bâton puis étalée sur des roseaux et ébouillantée. Elle est ensuite roulée très serré et déroulée à plusieurs reprises avant d’être mise à sécher.
Dormir sous une yourte
Des camps de yourtes accueillent en saison estivale les touristes dans les hauts plateaux du Kirghizistan, au bord des lacs ou dans les pâturages de montagne. Il y a peu de places disponibles et il faut réserver à l’avance pendant les mois de juillet et août.
Le cadre est souvent superbe, totalement isolé avec pour seuls voisins des aigles dans le ciel et des chevaux qui se baladent entre les yourtes. Ce sont des familles de bergers qui gèrent le camp pour compléter leurs revenus.
La yourte proposée au touriste est parfaitement équipée et confortable, avec des lits, des couettes, un coffre et des tapis. Un groupe électrogène fournit une ou deux heures d’électricité avant la nuit et permet de recharger les batteries de téléphone et d’appareil de photos dans la yourte principale.
Un petit poêle est allumé à la tombée de la nuit car il fait vite froid en montagne. On le fait démarrer au petit bois ou à la bouse de yack avant de le remplir d’un sac de charbon. La chaleur intense en soirée fait place au froid au milieu de la nuit lorsque le poêle est éteint.
Certains camps proposent un sauna. Le point d’eau glacée à l’extérieur est spartiate tout comme les toilettes qui sont situées en dehors du camp. La nuit venue dévoile une voûte céleste incroyablement étoilée. Dans un calme absolu, on se repose tout en vivant une expérience insolite.
Carnet de route des yourtes du Kirghizistan
- Y aller: Ce voyage au Kirghizistan a été organisé par Travel Land, une agence basée à Bichkek en partenariat avec Evaneos. https://www.evaneos.fr/kirghizistan/ et https://trvlland.com/fr/
- Quand y aller: les montagnes du Kirghizistan sont inaccessibles en hiver car elles sont couvertes de neige d’octobre à avril. Les meilleurs moments pour découvrir le pays sont juin ou septembre.
- Se déplacer: les déplacements sont lents en véhicule 4×4 sur de longues routes empierrées chaotiques et des pistes poussiéreuses ou bien à cheval, à moto, à vélo ou à pied.
- Tourisme local: les CBT Community-Based Tourism permettent de découvrir le mode de vie nomade et l’hospitalité kirghize avec des programmes d’éco-tourisme durable. https://cbtkyrgyzstan.kg/
- Yurt Camp: Prévoir lampe de poche, sac de couchage et veste Polar car les nuits sont très froides. Baysh Yurt Camp au lac Song-Kul , Nazira’s Yurt Camp à Tach Rabat et Emily Guest House à Bokonbaevo au bord du Lac Issyk Kul.
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