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L’atelier Las Hilanderas au Musée de la Soie à El Paso perpétue à La Palma dans les Canaries la tradition du filage et du tissage de la soie.

 

Museo de la Seda

Le Musée de la Soie, Museo de la Seda, est un des plus intéressants musées de La Palma, une île de l’archipel des Canaries. Fondé en 2002 à El Paso, ce musée vivant présente l’histoire et les procédés de fabrication de la soie depuis le 16e siècle. Un atelier de filage de la soie Las Hilanderas perpétue une technique ancestrale disparue depuis longtemps en Europe.

La soie venue de Chine

Née en Chine entre 3000 et 2000 ans avant J.C., la technique permettant de produire la soie est arrivée en Europe au Moyen-Age par la Route de la Soie. La venue des Papes à Avignon au début du 14e siècle introduit la culture du mûrier dans les Magnaneries de la région. L’histoire de la soie aux Canaries a commencé au début du 16e siècle lorsqu’elle fut rattachée à la couronne de Castille.

La soie à La Palma au 17e siècle

Toute l’île de La Palma pratiquait la culture de mûriers, l’élevage de vers à soie et la production de cocons destinés aux artisans de filature et de tissage de la soie. La soie et la broderie étaient exportées vers l’Espagne et vers la Flandre. Santa Cruz de La Palma était alors un des plus importants ports d’Europe.

La soie à La Palma au 18e siècle

En 1775, il existait à La Palma environ 3000 métiers à tissus «petites largeurs» et «grandes largeurs» ainsi que 800 métiers à tissus de rubans, pochettes, lacets pour chaussures, bonnets… A la fin du 18e siècle, le filage de la soie devient la principale source de revenus de la région. La production de tissus de grandes largeurs était pour sa grande majorité destinée au marché américain.

La soie à La Palma au 19e siècle

Autour de 1815, La Palma produisait plus de soie que le reste des îles. En 1876, D. Blas Carrillo introduit les méthodes de filature industrielle dans sa fabrique à Santa Cruz. Cette production approvisionnait les usines de Lyon, capitale européenne de la soie depuis le 16e siècle.

Concurrencée par les fibres artificielles et la production de soie asiatique, l’industrie de la soie aux Canaries disparaît définitivement à la fin du 19e siècle sauf sur l’île de La Palma. Dans la municipalité de El Paso où elle se maintient vivante, un savoir-faire traditionnel est encore transmis de génération en génération. Un travail réalisé principalement par les femmes, allant de l’élevage du ver jusqu’à la confection finale des pièces.

Le bombyx du mûrier

La sériciculture est l’élevage du ver à soie qui est lui-même une chenille d’un papillon, le Bombyx mori. De la graine au papillon, le cycle du ver à soie dure une année avec cinq stades larvaires et quatre mues. Le dernier âge larvaire se termine la construction du cocon.

Le cocon de soie

Pour construire son cocon, la larve va secréter une bave abondante qui, en durcissant, va se transformer en un fil unique, la précieuse fibre de soie brute. Chaque cocon n’est fait que d’un seul fil qui mesure plus de mille mètres de long.

A l’intérieur du cocon, la larve va se transformer et quitter sa dernière peau. Cette étape conduit à la nymphe, la chrysalide qui va se transformer en papillon. Pour tuer les chrysalides sans abîmer le cocon, ceux-ci sont étouffés dans des bassines à étuves.

La filature

Le traitement de la fibre de soie commence par ébouillanter les cocons pour les ramollir. On peut alors dévider le cocon afin d’en tirer le fil de soie. Le fil du cocon est accroché lors du dévidage puis filé à l’aide d’un tour manuel pour obtenir un écheveau de soie crue.

Le bobinage

L’écheveau de soie doit ensuite passer un processus laborieux avant d’atteindre le métier à tisser. Lors du premier bobinage, les pièces sont nettoyées et nouées pour obtenir des fils continus qui sont enroulés en petits écheveaux à l’aide de tours en bois et de bobines. Deux fils ou plus sont tirés de la bobine et les écheveaux sont enroulés sur une seule canne.

Le moulinage

Cette étape du moulinage consiste à tordre le fil sur lui-même afin d’augmenter sa résistance. Plusieurs fils sont entrelacés en nombre variable selon le besoin pour n’en former qu’un seul à l’aide de deux fuseaux. Une fois que la partie du fil entre les deux fuseaux est moulinée, elle est enroulée sur une bobine en même temps que se déroule une nouvelle partie à mouliner.

La teinture

Une fois que les fils de soie sont torsadés et entrelacés, on forme de nouveaux écheveaux grâce au tour manuel. Ces écheveaux sont rincés à l’eau chaude et au savon pour éliminer la gomme de soie et obtenir l’éclat et le toucher caractéristiques de la soie.

Bien que la soie soit largement utilisée dans sa coloration naturelle, la teinture de la fibre peut ajouter du contraste et de la luminosité, améliorant la beauté du tissu.

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Les pigments naturels sont traditionnellement extraits de champignons, d’animaux et de plantes, coquilles de noix, herbe de teinturier (jaune), eucalyptus (gris), noyer (brun) et la fameuse cochenille (rouge, marron et rose) élevée sur le figuier de Barbarie dans les Canaries. Un mordant ou un fixateur est également généralement utilisé.

Le tissage

La soie est transférée sur des rouleaux pour préparer le tramage. Les fils de chaîne sont enroulés sur un ourdissoir mural ou des bobines de tissage. Le tissage obtenu est préparé et enroulé dans le métier à tisser. Une fois le métier à tisser enfilé, la soie est enfin prête à se transformer en tissu.

Le métier à tisser en bois est resté inchangé depuis le 16e siècle. Il est entraîné par une pédale et possède deux à quatre cadres. Il consiste à entrelacer les fils de chaîne dans la longueur du tissu avec les fils de trame dans la largeur du tissu pour obtenir différentes étoffes, de la mousseline, le taffetas, le crêpe, le velours ou le satin.

Musée de la Soie El Paso

Museo de la Seda Las Hilanderas, Calle Manuel Tano 6, El Paso, La Palma, Canarias. Visite de l’atelier de tissage et, à l’étage, une collection de somptueux vêtements en soie provenant d’Orient et d’Europe. https://www.visitlapalma.es/fr/ et http://lashilanderaselpaso.com/en/

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