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Le magnolia est l’un des plus anciens arbres à fleurs. Ses inflorescences en forme de calice nous offrent de somptueuses floraisons printanières et estivales.

Le magnolia, une plante primitive

Apparues sur terre à la fin du Crétacé, il y a plus de 65 millions d’années, les premières magnoliacées fleurissaient au Groenland, à l’époque où cette terre était encore verdoyante. Attribué en 1703 par Linné, le nom de ce genre botanique Magnolia rend hommage à Pierre Magnol (1638 à 1715) , directeur du jardin botanique de Montpellier et l’un des pères fondateurs de la taxonomie végétale. Le genre magnolia présente une structure simpliste où tous les éléments de base sont distincts. Les fleurs sont solitaires, les boutons étant situés à l’extrémité du rameau. Les feuilles sont généralement grandes, épaisses et luisantes. La floraison printanière s’étale de mars au mois de mai mais il existe des magnolias à la floraison estivale.

Magnolia

Magnolia et camélias en mars dans les Cornouailles

Du Nouveau Monde à Nantes

Les espèces originaires de Chine sont connues depuis longtemps. Magnolia denudata et Magnolia liliiflora ont été plantés depuis plus de mille ans dans les temples par les moines bouddhistes et dispersés dans toute l’Asie. La vogue du magnolia n’a commencé en Occident qu’après la découverte du Nouveau Monde. C’est dans le jardin de l’évêque Compton, à Fulham en Grande-Bretagne, que fut planté en 1688 le premier arbre, un Magnolia virginiana. 25 ans plus tard, en 1711, le Magnolia grandiflora fut importé des Etats-Unis en Europe. Il passa probablement par le Jardin des Plantes de Nantes qui accueillait les plantes exotiques récoltées par les capitaines de navires au cours de leurs voyages avant de les acheminer vers le Jardin royal de Paris. La ville de Nantes accueille aujourd’hui la collection nationale française de magnolias. Elle compte 450 espèces de magnolias.

Magnolia grandiflora

Magnolia grandiflora

De Chine et d’Extrême-Orient

De nombreux autres magnolias sont originaires de l’Asie orientale, notamment le Magnolia liliiflora et Magnolia denudata ramenés de Chine au début du 19e siècle et croisés pour produire l’hybride bien connu Magnolia soulangeana. On peut aussi citer le Magnolia campbellii, le Magnolia dawsoniana et le Magnolia wilsonii. Il existe actuellement une centaine d’espèces de magnolias poussant à l’état spontané en Amérique du Nord et en Extrême-Orient. Ce nombre ne fait que s’enrichir par de nouvelles découvertes, en Asie principalement. Des hybrides entre les espèces issues des différents continents sont apparus rapidement en horticulture. Cela nous a donné des centaines de variétés et cultivars, dont la plupart sont des créations d’horticulteurs et pépiniéristes.

Magnolia
Magnolia
Magnolia sprengeri Diva
Magnolia
Magnolia
Magnolia stellata Centennial

En dessous à gauche Magnolia sprengeri ‘Diva’ et à droite Magnolia stellata ‘Centennial’

Le réveil du printemps

Il suffit de trois jours de chaleur frôlant les 15° pour que démarre la floraison printanière de la plupart des magnolias. Déjà bien formés et gonflés depuis plusieurs semaines, les bourgeons s’ouvrent alors sur des branches encore dénudées. La période de floraison s’étale sur plus ou moins trois semaines, du mois de mars au mois de mai selon les variétés. Elle peut varier parfois d’un mois si la saison est avancée ou en retard. Les dernières gelées du printemps peuvent griller les fleurs déjà ouvertes. La situation au soleil levant est la plus mauvaise car le brusque réchauffement provoque la destruction des jeunes fleurs figées par le gel. Si le gel est sévère, il peut tuer de jeunes arbustes dont le bois est gonflé de sève.

Magnolia grandiflora

Magnolia grandiflora

Des fleurs aussi en été

Certains magnolias fleurissent en été. Ils présentent une floraison plus discrète, souvent cachée par le feuillage. Une seule brillante exception, le Magnolia grandiflora. C’est l’une des espèces sauvages qui possède les plus grandes fleurs du monde. Pour l’été, on apprécie aussi le M. sieboldii, à floraison blanc crème au parfum de citron ou le M. virginiana, un arbuste semi-persistant au feuillage luisant à revers bleuté et à la floraison délicieusement parfumée. En Europe, le meilleur climat pour les magnolias à floraison estivale est celui des lacs de Lombardie où l’on trouve des exemplaires superbes. Dans les régions plus froides situées au nord de la Loire, leur rusticité laisse parfois à désirer. On peut toutefois tenter de les acclimater dans des endroits bien protégés, comme en ville contre un mur chaud ou abrités du vent par un sous-bois ou une haie persistante.

Magnolia stellata Royal Star
Magnolia Haevent Scent
Magnolia
Magnolia Bjuv

En haut à gauche Magnolia stellata ‘Royal Star’, à droite Magnolia ‘Haevent Scent’, en bas à droite Magnolia ‘Bjuv’

 

Un arbre solitaire et gourmand

Le magnolia se plaît en solitaire, avec suffisamment d’espace pour s’étaler et se faire admirer. Gourmand, il tolère mal le voisinage d’autres plantes concurrentes car ses racines adventives ont besoin de s’étaler en surface. Ils préfèrent généralement une ombre légère, offrant du soleil pour la ramure, mais de l’ombrage pour les racines. Le sol idéal est acide ou neutre, riche en matières organiques. Il craignent tous le calcaire, sauf le Magnolia grandiflora. La terre idéale est une argile lourde mais bien drainée, mieux appréciée qu’un sol plus léger. Si le sol est pauvre, on rajoute de la terre franche sans calcaire, de la terre de betterave ou de chicorée, plus du terreau de feuille ou de la tourbe. Le magnolia ne supporte pas l’eau stagnante. En terrain humide, on installe le magnolia sur une petite butte surélevée ou on l’entoure d’un fossé servant à passer un drain pour évacuer l’humidité.

Magnolia salicifolia
Magnolia
Magnolia
Magnolia

En haut à gauche Magnolia salicifolia

 

Une diversité de port et de croissance

En visitant un arboretum comme celui de Kalmthout , de Meise ou de Wespelaar, on se rend compte de la grande diversité dans le port des magnolias, la couleur des fleurs et l’étalement des floraisons. La taille adulte d’un magnolia varie de 3 mètres, tel le Magnolia liliiflora jusqu’à de grandes arbres qui dépassent 25 mètres comme le Magnolia acuminata. Plus un magnolia est de grande taille, plus il met de temps à fleurir, parfois dix ou quinze ans, surtout s’il est issu de semis. Les arbustes greffés fleurissent généralement après deux ans.

Magnolia

Magnolia
Magnolia x brooklynensis Woodsman
Magnolia Yellow Bird
Magnolia denudata Variegata

En haut à droite Magnolia x brooklynensis ‘Woodsman’, en bas à gauche Magnolia ‘Yelow Bird’, à droite Magnolia denudata ‘Variegata’

 

On plante au printemps

Comme le magnolia déteste être transplanté, il est conseillé de choisir de jeunes sujets puis de ne plus les déranger. Comme les magnolias sont généralement vendus en conteneur, on peut en principe les planter quand on veut, même en pleine floraison. Mais l’idéal, c’est une plantation au milieu du mois de mars, lorsque les bourgeons commencent à gonfler et que le sol est suffisamment réchauffé. Il ne faut pas enterrer trop profondément la motte. On doit ensuite arroser le pied de la plante, le pailler et le protéger contre les vents froids jusqu’à la reprise complète.

Magnolia Purple Breeze
Magnolia
Magnolia Pickards Garnet
Magnolia stellata Chrysanthemiflora

En haut à gauche Magnolia ‘Purple Breeze’, en bas à gauche Magnolia ‘Pickards Garnet’, à droite Magnolia stellata ‘Chrysanthemiflora’

 

Semis, boutures et greffes

Le semis est réservé aux collectionneurs ou amateurs éclairés. C’est une méthode de reproduction valable pour un grand nombre d’espèces. Les graines sont récoltées au début de la maturité des cônes, puis stratifiés ou conservés en chambre froide avant les semis en terrine. Pour les variétés hybrides, la plante est toujours multipliée végétativement. Des boutures herbacées ou semi-ligneuses peuvent être prélevées à la fin de l’été. On peut aussi faire des greffes en incrustation ou placage en avril ou des marcottes par couchage ou buttage à la fin du mois d’août.

Magnolia

 

Choisir un magnolia

En Belgique, l’arboretum pépinière de Benoit Choteau propose un grand choix de magnolias avec une centaine de variétés différentes. On y retrouve les principales espèces botaniques comme le Magnolia acuminata, M. campbellii, M. cylindrica, M. denudata, M. grandiflora, M. kobus, M. liliiflora, M. loebneri, M. x soulangeana, M. sprengeri, M. stellata ou le M. tripetala. Parmi les hybrides à floraison printanière, Benoît Choteau recommande le Magnolia ‘Pickard’s Maime’ qui offre une floraison blanc rosé avant l’apparition des feuilles. Le M. ‘Yellow Bird’, aux fleurs jaunes plus tardives qui sortent en même temps que le feuillage, fin avril à début mai. Le petit M. stellata ‘Chrysanthemiflora’, un arbuste idéal pour les patios ou les terrasses qui se couvre de fleurs rose pâle, en forme d’étoiles, dès la fin du mois de mars.

Magnolia Hot Lips
Magnolia campbelli var. mollicomata
Magnolia dawsoniana Barbara Cook
Magnolia stellata

Dans le Jardin botanique de Meise, en Belgique, en haut les Magnolia Hot Lips et Magnolia campbellii var. mollicomata et en bas Magnolia dawsoniana ‘Barbara Cook et Magnolia stellata

Tous ces arbres et arbustes sont intéressants et il est difficile de faire un choix. C’est surtout en les admirant dans un parc, un arboretum ou un jardin que l’on peut apprécier leur silhouette et leur remarquable floraison.

 

Magnolia Leda
Magnolia x Black Tulip
Magnolia kobus Janaki Ammal
Magnolia x soulangeana Lennei
Magnolia Forest Pink
Magnolia Hot Pants
Magnolia Royal Crown
Magnolia Pickards Garnet
Magnolia Frank Gladney

En haut: Magnolia ‘Leda’, M. x soulangeana ‘Lennei’ et M. ‘Royal Crown’, au milieu: M. ‘Black Tulip’, M. ‘Forest Pink’ et M. ‘Pickards Garnet’. En bas M. kobus ‘Janaki Ammal’, M. ‘Hot Pant’ et M. ‘Frank Gladney’

 

Magnolias à floraison printanière

  • Magnolia liliiflora. Convient pour les petits jardins car il atteint seulement 3 mètres de hauteur. Il porte des fleurs en tulipes élancées, blanc crème à l’intérieur, rose pourpre à l’extérieur, tardives, en mai juin. Le cultivar ‘Nigra’ est un arbuste à croissance plutôt faible parfaitement rustique. Sa floraison rouge pourpre foncé en mai juin est plus tardive que les autres espèces.
  • Magnolia cylindrica. Belle espèce encore trop peu répandue dans les jardins. Fleurs précoces, nombreuses, tout le long du rameau, dirigées vers le haut. Les tépales restent longtemps serrés, dressés comme une chandelle jusqu’à son ouverture, en avril. Les fruits sont de forme cylindrique et de couleur rouge vif.
  • Magnolia kobus. Joli port pyramidal arrondi, avec des branches ascendantes et élancées qui culminent jusqu’à 5 ou 6 mètres. Une profusion de fleurs blanches étoilées festonnent les ramilles avant l’apparition des feuilles, produisant en avril mai un spectacle remarquable pour autant que les fleurs échappent au gel.
  • Magnolia stellata. Un des plus précoces, avec une floraison étoilée en mars avril. Les fleurs blanches odorantes portent des tépales rubannés. Le port compact de cet arbuste dépasse rarement 3 mètres de hauteur. A planter à l’abri des vents froids et des rayons matinaux du soleil.
  • Magnolia salicifolia. C’est une des espèces les plus faciles et rustiques. Ses feuilles de saule lancéolées et son bois ont une odeur de citron ou d’anis très prononcée. Le cultivar ‘Wada’s Memory’ fleurit plus tard et échappe ainsi aux gelées.
  • Magnolia x kewensis. Issu du croisement entre le M. kobus et le M. salicifolia, ce petit arbre forme une large couronne. Il fleurit déjà à l’état jeune et ses fleurs blanches jaunâtres ont un parfum de lilas.
  • Magnolia x proctoriana. Hybride naturel entre M. salicifolia et S. stellata, c’est un petit arbre au port pyramidal, aux fleurs nombreuses et penchées, parfois totalement à l’horizontale.
  • Magnolia sprengeri. Belle espèce de port pyramidal mais pas très rustique. A réserver aux jardins urbains et protégés. Fleurs roses en avril avant les feuilles. Le cultivar ‘Diva’, sélection intéressante avec des fleurs roses de grande taille.
  • Magnolia denudata. Très vigoureux, sa cime arrondie peut atteindre 5 à 8 mètres de haut. Chaque ramille produit en avril mai une fleur odorante dressée en forme de coupe du blanc le plus pur. Les fruits rouges et cylindriques sont très décoratifs. Le M. x veitchii est un très bel hybride à découvrir.

 

Magnolia loebneri Leonard Messel

Magnolia x loebneri ‘Leonard Messel’

Mamgnolia x soulangeana
Magnolia loebneri Leonard Messel
Magnolia loebneri Ballerina
Magnolia loebneri Mags Pirouette

En haut Magnolia x soulangeana et Magnolia x loebneri ‘Leonard Messel’, en bas M. x loebneri ‘Ballerina’ et M. x loebneri ‘Mags Pirouette’

 

D’autres hybrides à floraison printanière

  • Magnolia x loebneri, croisement du M. stellata et du M. kobus. Les fleurs blanches odorantes se montrent en avril, même sur les jeunes sujets. Elles ont douze tépales rubannés. Hybrides : ‘Leonard Messel’, ‘Spring Snow’, ‘Merrill’, ‘Ballerina’, ‘Neil McEacham’
  • Magnolia x soulangeana, croisement du M. denudata et du M. liliiflora. C’est le plus populaire des magnolias. Il se couvre en avril de grandes fleurs en forme de tulipes blanches, marquées de violet. Ses pétales charnus supportent mal le gel et tournent au brun roux à peine quelques heures après le gel. Hybrides : ‘Lennei’, ‘Lennei Alba’, ‘Brozzonii’, ‘Picture White Giant’, ‘Pickard’s Snow Queen’, ‘Pickard’s Maime’, ‘Alexandrina’, ‘Just Jean’
  • Magnolia The Eight Little Girls, croisement du M. liliiflora et du M. stellata. Petits arbustes compacts à la floraison tardive. Hybrides: ‘Betty’, ‘Jane’, ‘Pinkie’, ‘Susan’, ‘Ann’, ‘Judy’, ‘Randy’, Ricky’.

 

Magnolia obovata

Magnolia obovata

Magnolias à floraison estivale

  • Magnolia acuminata. Ce grand arbre peut atteindre 15 à 25 mètres de haut. C’est l’espèce nord-américaine la plus répandue à l’état naturel et la plus rustique. C’est aussi le magnolia dont la croissance est la plus rapide. Elle supporte des températures de moins 34°C. Elle est surnommée l’arbre aux concombres par allusion à ses fruits. On l’apprécie plus pour son ample feuillage que pour ses petites fleurs, blanc jaune verdâtre, cachées dans le feuillage, en mai juin.
  • Magnolia sieboldii. Dans le jardin, il dépasse rarement 5 mètres de haut mais il développe largement. Ses fleurs blanc nacré en coupe qui apparaissent à la fin du printemps jusqu’au milieu de l’été sont en partie cachées par le feuillage. Elles offrent un délicat parfum de citron et sont ornées d’une rangée d’étamines cramoisies. Le Magnolia wilsonii est une espèce voisine au port buissonnant et aux fleurs blanches et odorantes en juin.
  • Magnolia tripetala. Spectaculaire en feuilles et en fruit, ce petit arbre aux troncs multiples peut monter jusqu’à 8 mètres de haut, développant un port ouvert en parasol. Ses branches étalées et retombantes et ses très larges feuilles lui ont valu son nom de magnolia ombrelle. Les fleurs blanches sont fugaces et paraissent froissées, comme du papier. Sa croissance est rapide et l’arbuste supporte les sols humides. Plus rustique, le Magnolia obovata (syn. M. hypoleuca) est un proche parent qui se couvre de belles fleurs parfumées. En septembre, il porte de longs fruits colorés.
  • Magnolia virginiana. C’est un arbuste discret, à feuilles semi-persistantes vert foncé, lustrées dessus, blanchâtres dessous, tombant tardivement en automne. Rustique, il supporte la plupart des sols, même humides. Sa croissance lente en fait un excellent arbuste pour les petits jardins. Ses fleurs globuleuses blanc crème sont délicieusement parfumées. Elles se succèdent de juin à septembre
  • Magnolia grandiflora. C’est le plus beau des magnolias à feuillage persistant. Il forme un arbre d’environ 15 mètres de haut mais il peut dépasser 25 mètres en culture. Ses fleurs blanc crème, spectaculaires et parfumées se succèdent tout l’été. Au nord de la Loire, il faut lui trouver un endroit abrité, protégé des vents froids. Les murs nord et ouest sont semble-t-il les meilleurs, à l’abri du soleil matinal d’hiver.
Magnolia grandiflora
Magnolia wilsonii
Magnolia hypoleuca
Magnolia virginiana Mattie Mae

En haut, Magnolia grandiflora et M. hypoleuca, en bas M. wilsonii et M. virginiana ‘Mattie Mae’

 

Pépinière Choteau, avenue Léopold III, n°12 à 7130 Bray (Binche), Belgique. www.cece-choteau.com

Crédit photos Agnès Pirlot et Benoît Choteau

Reportage publié en 1999 dans Les Jardins d’Eden (www.edenmagazine.be)

Rendez-vous dans la rubrique Jardins, Belgique, pour découvrir mon reportage sur la collection de Magnolias de l’Arboretum de Wespelaar et sur le Jardin botanique de Meise ou cliquez sur les liens.

Magnolia

 

 

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