Du printemps à l’automne le jardin de Ginny est une véritable source d’inspiration. Bienvenue à Fleurissart, dans le Brabant Wallon.
Vert paradis anglais
J’ai rencontré Virginia et Jon Caldwell il y a bien longtemps. Ils habitaient à Bruxelles et leur petit jardin d’une dizaine d’ares était déjà charmant. Dans une exquise pagaille, les fleurs en liberté se mêlaient aux azalées, aux rhododendrons et aux camélias. Regroupant un nombre incalculable de pots, la terrasse était à elle seule un jardin. Car Virginia bichonne son jardin comme seule une anglaise peut le faire.
L’enfance de Ginny s’est déroulée dans un merveilleux jardin anglais. «Quand j’étais petite, ma maman m’envoyait au jardin pour cueillir les fleurs. Je me souviens surtout des pois de senteur qui est la plante de mon enfance. Jon avait également des parents qui jardinaient. Son père était jardinier dans un grand domaine anglais. Le jardin, c’est notre passion. On y consacre tout notre temps et notre énergie.»




Dans un vallon champêtre
Après avoir beaucoup voyagé à travers le monde Jon et Virginia Caldwell se sont installés dans une région bucolique située au sud de Bruxelles. «Nous cherchions un terrain champêtre où poser nos valises à la retraite de Jon. On s’est promené du côté de Lasne et de Céroux-Mousty. On a visité de jolis coins. C’est en novembre que nous avons découvert cet ancien terrain vague d’un hectare.»
Entouré de champs, de bois et de prairies, le terrain était abandonné depuis cinquante ans et envahi de ronces et d’arbres sauvages. «Il y avait une rangée de sapins côté sud qui faisait beaucoup d’ombre. Et pourtant, nous avions à peine fait quelques pas que nous avons été séduits par le charme champêtre de l’endroit. Nous avons ressenti comme une chaleur qui nous enveloppait. On a senti tout de suite que cet endroit était fait pour nous.»




Un terrain en pente
Tout en construisant leur maison, Ginny et Jon nivellent le terrain en forte pente d’un hectare. Celui-ci forme un long rectangle avec des courbes et ondulations. Il y a près de 10 mètres de différence entre le haut et le bas du terrain ce qui crée des points de vue pleins de surprises. Ils arrachent de vieux sapins qu’ils remplacent par des haies mixtes de noisetiers, aubépines, viornes et houx qui font le bonheur des oiseaux et des écureuils.
Installée dans la partie supérieure du jardin, la maison est adossée à des parterres en terrasses retenus par des palissades en bois. Un chapelet de pièces d’eau anime un côté du jardin entouré de rocailles, de mixed-borders, de parterres de roses et de graminées. Plus bas, devant un petit bois, c’est le royaume des rhododendrons, des azalées et des érables du Japon.
Inspiration anglaise
«Nous n’avons fait aucun plan pour aménager notre jardin, explique Jon, mais nous nous sommes fort inspiré de certains jardins anglais. Et tout spécialement de Bressingham Gardens, dans le Norfolk, créé par le pépiniériste Alan Bloom. C’est lui qui a lancé la mode des ‘islands-beds’ avec des parterres arrondis et des sentiers de gazon qui serpentent, bordés de plantes vivaces. Tout c’est fait petit à petit, au gré de nos envies et de nos humeurs.»
«Holehird Gardens, dans le Lake District, est un site très inspirant. C’est un jardin botanique créé et entretenu entièrement par des volontaires. Nous adorons également le jardin de Pashley Manor, dans le Sussex. Son jardin romantique à souhait est parsemé de sculptures d’artistes britanniques et les massifs offrent un intérêt en toutes saisons.»
Quand on aime, on ne compte pas
«Tout s’est fait petit à petit, au gré de nos envies. Nous formons un bon couple. Moi je dépense et Jon travaille! Je coupe les fleurs fanées et je fais les bouquets tandis que Jon s’occupe des tailles, de la création et du nettoyage des massifs. En ce qui concerne les nouvelles commandes de plantes, on est toujours d’accord.
L’automne passé, nous avons commandé 3000 bulbes à floraison printanière. C’est Jon qui a planté les bulbes dans presque tous les parterres, autour des arbres et des arbustes, entre les plantes vivaces, en bordure des chemins et même en pot sur la terrasse. Je crois qu’il est encore plus fou que moi!»




Un jardin des quatre saisons
Dans le jardin de Ginny, chaque saison offre son lot de merveille, avec sa lumière et ses couleurs. Au printemps, les teintes sont crues, avec du blanc, du bleu et du jaune citronné alors qu’en automne les couleurs sont plus chaudes, avec du jaune orangé, des bleus qui virent au mauve et du rouge bordeaux.
Le jardin de Ginny assemble des milliers de plantes vivaces, de bulbes, de buissons et d’arbres répartis sur différents niveaux. Les repères qui ne sont jamais tout à fait gommés privilégient les lignes courbes. Les massifs en bordure du terrain regroupent un grand nombre d’arbustes dont le feuillage reste vert toute l’année pour préserver le maximum d’intimité.
Dans la serre victorienne
Le potager accueille les légumes et les fleurs à couper. Il y a aussi une ravissante serre victorienne importée d’Angleterre. Le travail ne manque pas lorsque la nature se réveille m’explique Jon. «Dès que la serre se réchauffe, je sème des pois de senteur, tagètes, maïs, nicotiana et des petits dahlias, comme le ‘Bischop’s Children’ qui viendra fleurir les pots sur la terrasse. Les couches sont préparées pour la plantation des tomates, concombres, courgettes, courges et potirons. Je prépare les nouvelles pommes de terre que j’étale dans des boîtes pour la germination.»




Beau, même en hiver
«Pour moi, un vrai jardin doit être un jardin des quatre saisons, me dit Ginny. Il doit toujours y avoir quelque chose à voir, même en plein hiver. Nous avons choisi énormément de conifères nains. Il y a aussi le spectacle des écorces décoratives, celles des bouleaux et des Cornus alba ‘Sibirica’.»




A la fin de l’hiver, Jon coupe à ras les graminées avec un coupe haie et les plantes herbacées au sécateur. Il faut élaguer les rosiers et les buissons qui fleuriront en été. C’est aussi le moment des plantations de printemps. Dès que la croissance commence, il faut fertiliser la terre, rajouter du compost ou un engrais spécial terre acide pour les massifs de rhododendrons, azalées et hamamelis.




Quand la terre se réchauffe
Pour les plantations en pleine terre, il faut attendre que le sol se réchauffe. C’est alors le moment de planter les dahlias, de semer les radis, salades, betteraves, carottes, panais, petit-pois, fèves à couper, haricots verts et de planter échalottes, oignons, ails. «Pour réchauffer la terre avant de semer, je place des cloches en verre. J’ai des pots spéciaux qui me permettent d’avoir des rhubarbes précoces délicieuses.




La fête des bulbes au printemps
Dans le jardin de Ginny au printemps, c’est la fête des bulbes, les crocus et les narcisses qu’on laisse en place et les muscaris qui se ressèment beaucoup. Les pruniers d’ornement se réveillent. « Nos préférés sont le Prunus sargentii qui fleurit très tôt, le Prunus ceracifera ‘Nigra’ à feuillage pourpre et le Prunus ‘Accolade’, éblouissant au mois d’avril.»




Les rhododendrons et érables du Japon
Lorsque la saison avance, au mois de mai, le jardin prend un éclat tout particulier. La floraison des rhododendrons et des azalées explose en un feu d’artifice rose, rouge, jaune et orange, tempéré par le jeune feuillage tendre des érables du Japon. «Nous avons un faible pour l’Acer palmatum ‘Osakazuki’, superbe en automne, et ‘Bloodgood’, au feuillage profondément découpé et très vigoureux.»
L’éclat de l’été
C’est ensuite un festival de couleurs ininterrompu durant tout l’été sur la terrasse avec les fleurs annuelles en pot. Dans les mixed-borders, les plantes herbacées entrelacent les corolles joufflues et parfumées des roses anglaises de David Austin. Hostas, iris, lupins, alchemilles, nepetas, toutes ces plantes semblent se mélanger dans la plus aimable anarchie. Ce n’est bien sûr qu’une impression.




Au seuil de l’automne
Sous la lumière vibrante de la fin de l’été, les massifs de fleurs vivaces se joignent aux gerbes de graminées, stippa, miscanthus et pennisetum, pour offrir un ultime spectacle flamboyant. Le jardin s’égaye de l’infinie douceur des asters et des chrysanthèmes à petites fleurs, de l’or des rudbeckias et des helianthus, des sublimes rudbekias, des monardes et de la verbena bonariensis. L’automne n’est pas encore là que Ginny et Jon rêvent déjà d’enrichir leur jardin par de nouvelles plantations.




Fleurissart, Le jardin se visite dans le cadre de l’association «Jardins ouverts de Belgique». www.jardinsouverts.be
Voir dans la rubrique Jardins, sud de l’Angleterre, mon reportage sur Pashley Manor et dans la rubrique Découvertes, Associations, le reportage sur Jardins Ouverts de Belgique ou cliquez sur les liens.
Reportage publié en 2013 dans L’Eventail (www.eventail.be)
Très joli reportage. Jardin magnifique, excellente photos avec de belles lumières. Félicitations.
Merci Patrick, au plaisir de se revoir dans un jardin…
Magnifique jardin, ça fait du bien de se plonger dans un cadre ainsi construit
Un jardin bien dessiné et admirablement entretenu! Ginny et Jon ont la main verte…
Splendide jardin, merci de nous partager vos reportages. Et je suis admirative devant la qualité et la beauté de vos photos de reportage pour en avoir regardé plusieurs. Grand merci pour ça aussi.