Les plantes carnivores sont en réalité insectivores. Fascinantes et mystérieuses, ce sont les pièges diaboliques du monde végétal. Un monde étrange à découvrir…
Attrape-mouches
Nettement moins connues que les orchidées ou les cactées, les plantes carnivores sont passionnantes à découvrir. Plus de 600 espèces sont reconnues comme carnivores mais ce nombre ne cesse d’augmenter chaque année. On les trouve dans les quatre coins du globe y compris dans les régions septentrionales. La première plante carnivore fut découverte à la fin du 18e siècle par le botaniste anglais John Ellis. C’est une dionée surnommée ‘Venus attrape-mouche’.

Tourbière de plantes carnivores dans le Jardin des Plantes de Nantes
Belles à croquer
Dans son traité sur les plantes insectivores, Charles Darwin démontre un siècle plus tard le mécanisme de capture des plantes carnivores qu’il nomme «l’une des plantes les plus merveilleuses au monde». La diversité des pièges des plantes carnivores est remarquable. Les feuilles peuvent être pourvues de mâchoires ou de gouttelettes collantes qui recouvrent les feuilles et les poils. Certaines sont pourvues d’une urne profonde ou d’un système de fermeture qui capture la proie.

Tourbière dans le Jardin des Plantes de Nantes
Dans un milieu hostile
Certains végétaux sont devenus carnivores faute de trouver dans le sol les éléments nutritifs nécessaires à leur croissance. Vivant dans les tourbières ou les étangs, les plantes carnivores ont compensé une carence des sols en sels minéraux en transformant leurs feuilles en pièges pour capturer et ingérer des proies vivantes, des insectes et acariens aux petits invertébrés.

Plante carnivore piège à insectes
Lorsque les plantes digèrent
C’est grâce à sa capacité de puiser leur nutrition dans des protéines animales que les plantes carnivores parviennent à survivre. Près des organes de capture se trouvent des sucs digestifs, des enzymes et des bactéries capables de dissoudre le corps des insectes en le transformant en produits azotés assimilables par la plante.

Sarracenia
Dans le jardin, en serre ou en appartement
Que l’on soit néophyte ou amateur chevronné, les plantes carnivores ont la réputation d’être difficiles à cultiver. La plupart vivent dans des contrées marécageuses saturées en humidité qu’il est difficile de reproduire dans le jardin, en serre ou en appartement. Le moindre changement de température ou d’environnement peut altérer leur croissance. Pour réussir leur culture, il faut avant tout connaître leur milieu naturel et leur climat d’origine, tempéré ou tropical, afin de pouvoir comprendre leurs besoins.

Tourbière du Jardin des Plantes de Nantes
C’est la passion qui compte
Aimer les plantes carnivores aujourd’hui et les aimer toujours dans vingt ans, là est la clé de la réussite. Surtout ne vous découragez pas. Restez modestes dans vos compétences et commencez par des plantes faciles à cultiver. Vous franchirez les différents niveaux grâce à l’expérience accumulée au fil des ans. Les pièges de culture des espèces pour amateur chevronné n’auront un jour plus de secrets pour vous.

Tourbière Jardin des Plantes de Nantes
Sensibles au froid
Seuls les Drosera rotundifolia et Sarracenia flava et Sarracenia purpurea sont suffisamment rustiques pour pousser dans le jardin, au bord d’un étang ou dans un petit marécage. Mais au nord de la Loire, il est plus prudent de prévoir une protection hivernale. L’idéal est de leur faire passer l’hiver dans une serre froide. Les autres sont cultivées comme des plantes d’intérieur et elles doivent passer l’hiver à l’abri du gel.
Les plantes carnivores pour débutants

Drosera capensis
Drosera, rosée du soleil
Les Drosera que l’on appelle aussi rossolis présentent une grande variété de formes, avec des feuilles rondes ou filiformes. Ils poussent partout dans le monde, y compris en France. Tous sont pourvus de sorte de tentacules disséminées à la surface du feuillage et de tiges qui sont douées de mouvement. Les poils sécrètent une goutte de liquide visqueux qui brille au soleil comme la rosée matinale. Ces gouttes de mucilage sont très attractives pour les insectes qui sont pris au piège. Les autres tentacules se mettent en mouvement pour enserrer l’animal de leur étreinte mortelle pendant que le processus de digestion se met en place.

Drosera filiformis
Cultivez les Drosera en serre fraîche ou en véranda, avec un maximum de soleil et sans craindre la température ambiante. Gardez le substrat très humide du printemps à l’automne. Facile pour le débutant, le Drosera capensis n’a pas besoin d’un repos hivernal.

Dionaea muscipula
Dionaea, attrape-mouches de Vénus
Spectaculaire malgré sa petite taille, le Dionaea muscipula a développé des pièges en forme de mâchoire. Un bouquet de feuilles se développe sur la partie superficielle du rhizome. Les feuilles terminées par des dents pointues constituent de redoutables pièges pour les insectes. La fermeture du piège est provoquée par l’attouchement des poils tactiles. Les mâchoires se referment très rapidement, en quelques dixièmes de seconde, et emprisonnent la proie.

Dionaea muscipula
Le Dionaea vit dans les tourbières de Caroline du nord et du sud, aux Etats-Unis, dans un climat tempéré à subtropical. Gardez le substrat très humide du printemps à l’automne. La plante a besoin d’un maximum de lumière en été et d’un repos hivernal dans une serre fraîche avec un arrosage réduit.

Nepenthes
Nepenthes, plante à urnes
Le Nepenthes porte de belles urnes suspendues qui servent de pièges à insectes. Attirés par un nectar produit sur l’ouverture du piège, ceux-ci s’engouffrent et glissent au fond de l’urne tapissée d’un liquide gluant. Les urnes sont fermées par un opercule qui fait office de parapluie.

Nepenthes
Terrestre ou épiphyte, le Nepenthes est une liane grimpante qui vit dans les forêts humides de l’Asie du sud-est. Certains sont endémiques dans les îles de Sumatra et de Bornéo. On l’installe dans une serre, une salle de bain lumineuse ou une véranda. On choisi un pot en suspension de manière à ce qu’il puisse développer ses urnes sans problème. La production d’urnes étant directement liée à l’humidité ambiante, il faut vaporiser le feuillage régulièrement et éviter le soleil direct.

Sarracenia
Sarracenia, plante trompette
Le Sarracenia produit un bouquet de feuilles disposées en rosettes qui ont évolué en une trompette dressée qui joue le rôle de trappe à insectes. Attirés par le nectar situé au sommet de l’urne, les insectes finissent par tomber à l’intérieur sans possibilité d’en ressortir à cause des parois glissantes et des poils incurvés vers l’intérieur.

Sarracenia
Les urnes peuvent contenir un très grand nombre de proies, principalement des insectes volants, des mouches et des guêpes. Les urnes ont une durée de vie limitée, pas plus d’une année. On les coupe en février mars avant la reprise de la croissance.

Sarracenia
Les fleurs du Sarracenia sont parmi les plus belles dans le monde des plantes carnivores. Elles sont portées par une longue hampe dont l’extrémité se recourbe sous le poids des pièces florales. Leurs couleurs vives et leur parfum attire les insectes pollinisateurs. La floraison se produit sur des plantes de plusieurs années.

Sarracenia en fleurs
Le Sarracenia est la plante carnivore la plus facile à cultiver. Dans son milieu d’origine, le sud et l’est des Etats-Unis et le Canada, la plante peut former d’impressionnantes touffes d’un mètre de haut. Cultivé en tourbière, il peut résister jusqu’à moins 20°C et en pot jusqu’à moins 10°C. Le Sarracenia a besoin de beaucoup de soleil et d’un repos hivernal.

Sarracenia
A découvrir le Sarracenia ‘Juthatip Soper’. C’est un des plus beaux cultivars du Sarracenia. En été, la plante présente plusieurs feuilles avec chacune une couleur différente: blanche quand elles sont jeunes, rose à maturité et rouge cramoisi en vieillissant. La plante est particulièrement décorative lorsqu’elle rassemble des feuilles à tous les stades végétatifs.

Sarracenia
Conseils de culture des plantes carnivores
– Achat. Achetez de préférence vos plantes au printemps, au moment où la croissance reprend. Les plantes carnivores détestent être déplacées et le rempotage est vécu comme un véritable traumatisme. Achetez une plante adulte en pot, en jardinerie, chez un fleuriste ou chez un producteur spécialisé.
– Température. Pendant l’hiver, placez la plante près d’une fenêtre ou dans une serre ou véranda. Les espèces tropicales ont besoin de 15°C. Les espèces originaires des régions tempérées supportent de moins 4°C à moins 10°C. La température ne doit pas dépasser 15°C en hiver. Une température plus chaude va raccourcir sa durée de vie. Au printemps, quand les gelées ne sont plus à craindre, la plante peut être installée sur le balcon ou au jardin où elle supportera une température de 20°C voire plus.
– Luminosité. La lumière est indispensable aux plantes carnivores. Elles apprécient en été beaucoup de lumière mais de préférence pas de soleil direct sur le feuillage. A l’intérieur, utilisez un éclairage artificiel proche de la lumière naturelle une quinzaine d’heures par jour en été. En hiver, réduisez la lumière. Le repos végétatif est obligatoire car il permet de prolonger la durée de vie de vos potées.
– Contenant. Utilisez un pot en plastique de grande taille muni de trous de drainage. Le pot doit être placé sur une soucoupe ou un plateau rempli de billes d’argile expansée et d’eau pour conserver une humidité constante.
– Humidité ambiante. Le sol doit être humide, mais sans eau stagnante. L’air doit être quasiment à saturation d’humidité. L’idéal est donc une serre bien climatisée. Dans la maison, placez des humidificateurs d’air, surtout pour les espèces tropicales.
– Culture au jardin. La plupart des plantes carnivores vivent dans des milieux pauvres en nutriments dans le sol, tels les marais ou les tourbières acides et très humides. Utilisez un mélange composé de tourbe blonde et de gros sable à parts égales. Ajoutez de la mousse, de la perlite ou de la vermiculite et quelques morceaux de charbon de bois lavé.
– Culture en pot. Le substrat doit être à forte tendance acide, avec un pH proche de 5. Faites un mélange de 70% de tourbe blonde naturelle de sphaigne (surtout pas de la tourbe brune), sans addition aucune d’engrais ou de terreau, plus 30% de sable de rivière ou d’aquarium. Bien mélanger les deux éléments et ensuite gorger d’eau votre substrat.
– Rempotage. Dès l’achat, rempotez votre plante dans un grand pot ou dans un bac à réserve d’eau avec jauge. Il faut une profondeur de 20cm au minimum et autant de côté que ce soit pour une seule plante ou pour quatre. Le rempotage s’effectue ensuite tous les trois ou quatre ans, en renouvelant uniquement le substrat.
– Arrosage. Utilisez de l’eau de pluie ou de l’eau déminéralisée. Pendant la période de croissance, posez la base du pot dans 2 à 3cm d’eau de mi-avril à fin octobre. Pour les pots à réserve d’eau, placez le niveau au quart de la hauteur de la jauge. En hiver, de novembre à fin avril, arrosez le dessus du substrat en le maintenant juste humide.
– Bon à savoir. Les racines des plantes carnivores leur permettent de puiser l’eau et les faibles quantités de sels minéraux contenus dans la tourbe. Le complément est fait par les proies qu’elles capturent. Il ne faut jamais apporter de l’engrais ni des petites bêtes ou des aliments car les plantes sont frugales. Les feuilles mâchoires sont fragiles et il faut éviter de les toucher.

Saracenia
Pour aller plus loin:
- Association francophone d’amateurs de plantes carnivores, http://www.dionee.org et http://www.rossolis.org et www.infoscarnivores.com
- Jardin des plantes de Nantes, vous découvrirez une vaste tourbière de plantes carnivores d’origine locale et américaine dans le haut du parc. www.nantes.fr/jardin-des-plantes et www.jardins.nantes.fr
- Cedric Carnivore’s, Producteur de plantes carnivores, Cédric Azaïs a installé ses serres à Marcellus, le long du Canal du Midi. Elles se visitent quelques week-end pendant la belle saison. Vente via le site www.cedric-carnivores.fr
Pour découvrir la culture des cactus et d’autres plantes d’intérieur, rendez-vous dans la rubrique Végétaux, plantes d’intérieur ou cliquez sur le lien.