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la passion du voyage et des jardins.

Le jardin de pivoines de Marie Wabbes est né il y a bien longtemps. Formant un large carré rose, rouge et blanc, il est éblouissant au mois de juin.

 

Marie Wabbes en son jardin

«J’habite ici depuis 1965 et ce jardin est un bonheur». Auteur et illustratrice de livres pour enfants, Marie Wabbes aime se retrouver dans son jardin pour tailler les buis, redresser les lourdes fleurs des pivoines herbacées ou cueillir ses pois de senteurs.

Jardin de pivoines de Marie

Avec ses vallonnements et de hauts arbres centenaires, le parc paysager d’un hectare répond au paysage boisé visible au loin. Le jardin a été dessiné vers 1880 par Edmond Galopin, l’architecte paysagiste du roi Léopold II qui a signé le parc Josaphat.

Jardin de pivoines de Marie
Jardin de pivoines de Marie
Jardin de pivoines de Marie
Jardin de pivoines de Marie

Ceinturée par une couronne de laurier cerise, la cour d’entrée en gravier ratissé forme une sorte de rotonde encadrée par un alignement de platanes habillés d’un manchon de lierre. Elle conduit à une maison de maître construite il y a plus d’un siècle au coeur même du village.

Jardin de pivoines de Marie

Jeu d’ombre et de lumière

«Le parc est très simple, avec un jeu d’ombre et de lumière, des talus ombragés sous les grands arbres puis des zones de pelouse plus lumineuses. C’est exactement ce qu’aimait mon mari, Jules Wabbes, architecte d’intérieur.»

Jardin de pivoines de Marie

Il y a également toute une harmonie dans les verts. Le lierre qui recouvre les talus et les lauriers cerise sont vert foncé, avec des feuilles lisses qui renvoient la lumière vers le vert plus clair des buissons et des grands arbres. Tout cela est très pensé, raffiné.

Jardin de pivoines de Marie

Ce jardin d’Eden respire la quiétude. L’air embaume de mille senteurs délicates qui se succèdent au fil des saisons. Le parfum des fleurs des tilleuls répond à celui des lilas, des roses anciennes, des seringats et des bordures de buis.

Pivoines de Marie

«Le plus important pour moi, c’est que tout s’accorde. Que les choses soient dans un climat de paix, agréables, sans agression. Une question d’équilibre, de plaisir. Une recherche du bonheur finalement.»

Carré de pivoines

Abrité par un long mur en briques envahi par le lierre, un jardin formel offre une atmosphère toute différente. Quatre vastes rectangles entourés de bordures de buis forment le cadre d’une composition rigoureuse divisée par une allée qui s’amincit pour donner l’illusion d’une plus grande profondeur.

Jardin de pivoines de Marie

La terrasse supérieure qui domine le potager donne accès à l’atelier de Marie où elle peint, à l’aquarelle, au pastel ou à la gouache, ses livres pour enfants. Sur l’appui de fenêtre, un ensemble de géraniums arbore des roses tout doux. «J’aime cette gamme, un plaisir. Ce qui m’intéresse aussi, c’est la richesse, la variété. Les géraniums sont tous différents, tout en restant dans une harmonie.»

Jardin de pivoines de Marie

Des bouquets de delphiniums, de roses parfumées et de pavots spontanés animent le parterre près de la maison où Marie installe volontiers un parasol bleu, assorti aux delphiniums. Il faut descendre un escalier de quelques marches encadré par deux piliers pour arriver au jardin situé en contrebas.

Jardin de pivoines de Marie

Un ensemble spectaculaire de topiaires de buis occupe l’un des massifs où trône un mûrier qui fait le bonheur des oiseaux. En face se déploie un vaste parterre de pivoines de Chine aux multiples nuances de roses, de rouges et de blancs.

Pivoines de Marie

Ce parterre est un magnifique témoin de l’histoire des jardins puisqu’il remonte à l’époque précédant la mode des mixed borders venus d’Angleterre. On ne mélangeait alors jamais différentes espèces de fleurs. «Lorsque nous sommes arrivés dans cette maison, nous avons découvert une collection extraordinaire de pivoines de Chine. Ce sont donc pour la plupart des pivoines plantées là depuis l’origine du jardin. Elles ne fleurissent qu’une fois, pendant quinze jours. C’est tellement puissant que cela exclut toute autre tonalité.»

Pivoines de Marie

Dans le jardin, il y a des pivoines à fleurs simples ou doubles. On y retrouve les grands classiques, comme les pivoines ‘Duchesse de Nemours’ ou ‘Alice Harding’. Il y a aussi des pivoines officinales, mais les plus belles sont les pivoines hybrides de Paeonia lactiflora. Leurs fleurs très lourdes se soutiennent mutuellement car elles sont plantées très serrées.

Jardin de pivoines de Marie

Le jardin nourricier

La silhouette en parasol de deux pommiers ‘Belle Fleur’ marque le centre du jardin. Au delà, des parcelles abritent encore des parterres de plantes potagères, mellifères et aromatiques, agrémentés de dahlias et de pois de senteur pour les bouquets. La terre y est riche et légère, idéale à travailler.

Jardin de pivoines de Marie

Tout pousse à toute vitesse, même les mauvaises herbes que Marie élimine à la main. «Je refuse absolument d’utiliser des produits chimiques, que ce soit des engrais, des pesticides ou de l’anti-herbe. La question ne se pose même pas, tellement cela me semble évident. La présence des mauvaises herbes n’est pas un drame. Cela ne m’empêche certainement pas de savourer ma récolte de courgettes, potirons, poireaux, petits pois ou mes asperges. Ce qui compte, c’est de pouvoir capturer la saveur immédiate des légumes ou des petits fruits fraîchement récoltés.»

Jardin de pivoines de Marie

A l’ombre, une rangée de boutures de buis est cultivée afin de remplacer les parties des haies un peu dégarnies. Le fond du potager est occupé par quelques rangs de framboisiers. Un groupe de groseilliers cache le gros tas de compost réalisé à partir des coupes de gazon, de feuilles, de déchets végétaux ménagers et de fumier de cheval. Appliqué chaque printemps au pied des plantations, ce mélange tonique permet aux pivoines d’épanouir un feuillage vigoureux et une spectaculaire floraison.

Pivoines de Marie

Une serre aux camélias

Marie me fait enfin les honneurs de sa serre où elle chouchoute ses camélias. Attenante à la cuisine, on accède à ce jardin secret par une cour de service peuplée l’été de plantes en pot, citronnier, cycas et camélias. «Les camélias sont une des mes passions depuis longtemps, bien avant que ces plantes ne soient à la mode.»

Pivoines de Marie

Membre de l’International Camellia Society, une association très active en Belgique, Marie s’est rendue en Chine, dont les camélias sont originaires. Il y a aussi l’Espagne, près de St Jacques de Compostelle, une région où les camélias poussent bien. Les camélias supportent également notre climat et on trouve de très beaux spécimens dans le Jardin du Fleuriste, derrière le Parc Royal de Laeken. Certains ont pour souche des variétés anciennes établies dans notre pays au 19e siècle.

Jardin de pivoines de Marie

L’auteur à la main verte

La nature inspire Marie. Dans son atelier où la table de dessin regarde forcément vers le parterre de pivoines, les tubes et les crayons s’amoncellent dans toutes les teintes. «Toute ma vie est orientée vers le jardin, source de nourriture pour le corps et pour l’esprit. J’aime aussi beaucoup les enfants. J’en ai quatre et plein de petits enfants. On a une maison de poupées où on s’installe pour jouer, manger, dormir.»

Dans ses livres pour les enfants, Marie écrit des histoires d’ours en peluche et de lapins câlins, mais elle dessine aussi des fruits et des légumes, des fleurs et des abeilles. «La plupart des enfants ne savent pas comment pousse une salade ou d’où vient le miel. Dans tout ce que je fais, je suis très attentive à ce que la couleur suive le propos. Dans un dessin tout comme dans un jardin, on ne choisit pas les formes et les coloris au hasard.»

Rendez-vous dans la rubrique Végétaux, Plantes vivaces, pour découvrir mon reportage sur les Pivoines de Chine, ou cliquez sur le lien.

Reportage publié en 2013 dans Nest (www.nest.be)

Jardin de pivoines de Marie

 

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