D’origine italienne, Guido Marcon est un pro de la photo en Belgique. Des voyages aux quatre coins du monde aux salles de concerts et plateaux de télévision, il nous ouvre son album de souvenirs.
Un conte de fées
Il a le regard tendre et dans la voix une pointe d’accent qui, malgré ses soixante années de belgitude, trahit encore ses origines italiennes. Guido Marcon est un vieux de la vieille qui ne manque pas d’humour quand il évoque avec nostalgie sa longue carrière de photographe. Le plaisir du voyage, l’attrait des lieux de tournage, les plateaux de télévisions, capter un moment de la vie d’une vedette pour céder la photo à une dizaine de revues. Notre rital peut en parler pendant des heures.
L’artiste rital
C’est en Vénétie que Guido Marcon a vu le jour. L’enfant grandit dans une famille pauvre de Marostica, bourgade rurale célèbre pour sa Partie d’Echecs vivante. La semaine, on mange du minestrone. Le dimanche, on se régale avec une couenne de lard. Le père travaille dans une fabrique de céramique dont il alimente les fours. A quatorze ans, Guido rejoint son père à l’usine où il apprend à dessiner des milliers de fois la même fleur sur des assiettes. La mer est toute proche. Il ne l’a jamais vue.
L’expo ’58
Son destin bascule en 1958. Pour son exposition universelle, Bruxelles invite le damier humain de Marostica. Guido a 21 ans et il rencontre Henriette dans le pavillon de Hawaï de la Belgique Joyeuse au Heyzel, puis reprend le car avec la troupe. Il lui écrit des cartes postales et revient deux ans plus tard tenter sa chance dans notre plat pays. Il débarque à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles dans la section peinture décorative et monumentale. Après trois ans de cours, il obtient le prix de maîtrise. Mais la vie d’artiste ne nourrit pas son homme. Il devient assistant dans un labo photo puis dans un studio photo. Quand celui-ci tombe en faillite, il reçoit un appareil Hasselblad en guise d’indemnité. Quelques années lui suffisent pour devenir un pilier de la photo pro.
Théâtre National de Belgique
Son premier gros coup? Le mariage princier du Prince Philippe de Liechtenstein en 1971. La revue Le Patriote Illustré prend une de ses photos pour en faire la couverture. Il enchaîne les reportages, l’ouverture d’une exposition au Design Center dans la Galerie Ravenstein en présence de la Princesse Paola, l’ouverture de la boutique Courrèges avenue Louise. Son amie la critique d’art Michèle Coraine l’introduit dans le milieu du Théâtre National de Belgique. “Mon premier reportage concernait une pièce de théâtre où j’ai eu la chance de rencontrer Eugène Ionesco, raconte Guido, ensuite les choses se sont enchaînées de manière extraordinaire”. Un véritable déclic! Pendant 17 ans, il sera le photographe officiel du Théâtre National dont il pourrait reconstituer toute l’histoire à travers les milliers de clichés des différentes pièces qu’il a immortalisées sur pellicule.
Photographe des stars
C’est en collaborant à Télé7Jours que Guido Marcon s’introduit dans l’univers de la télévision belge. Il a libre accès aux coulisses de la RTBF où il rencontre les plus grandes stars. De Mylène Farmer à Henri Salvador en passant par Julio Iglesias, Aznavour, Nana Mouskouri, Léo Ferré, Jane Birkin, Michèle Morgan, Marlène Jobert ou encore l’astronaute Neil Armstrong, plusieurs centaines de personnalités ont été immortalisées par son objectif.
«J’ai photographié Noureev à Forest National, Jacques Brel sur le tournage d’un film, Arthur Miller au Théâtre National de Belgique et Simone Signoret à Paris lors d’une émission littéraire. J’ai même photographié Michael Jackson et les Jackson Five, mais j’ignorais qui ils étaient.»
Ses souvenirs marquants? Une séance de portraits de Georges Simenon à Lausanne et les dernières photos de Claude François, la veille de sa mort. «C’était le 10 mars 1978, à Leysin, en Suisse, où Claude achevait l’enregistrement d’un show télé. J’étais invité à suivre le tournage dans un petit chalet. J’ai mitraillé. Le lendemain, le 11 mars, Claude François mourait.»
Silence, on tourne
Sur un plateau de tournage, l’essentiel est de se faire oublier. Guido Marcon est reconnu par tous pour son talent et gentillesse. «Je suis à mon aise partout mais je sais rester discret. Pour faire ce métier, il faut être en bon terme avec toute l’équipe technique. Si je respecte leur travail, ils respecteront le mien. Sinon, je cours le risque de me faire jeter hors du plateau et de ne plus jamais pouvoir exercer mon métier dans ce créneau là.» Modeste, Guido jure qu’il ne serait rien sans l’amitié des journalistes et de tous ceux qui font de la télévision.
Des selfies et dédicaces
Guido Marcon tient à son look de baroudeur invétéré. Dans les années 80, Guido a participé à un clip avec Adamo où il incarnait un révolutionnaire sud-américain. «On me confondait avec Fidel Castro ou le Ché. Bobby Farrell, chanteur du groupe Boney M m’appelait Raspoutine. J’adorais!». Guido possède une impressionnante série de dédicaces. A une période où on était encore à mille lieues de la mode des selfies, il prenait la pose en compagnie des plus grands artistes. Ça aussi, c’est une sorte de signature…
La passion du jazz
Guido Marcon est un passionné de la note bleue. Il a laissé son appareil et son cœur traîner dans les plus importants festivals et les plus belles salles de concert, à Forest National, au Cirque Royal, au Palais des Beaux-Arts, ou encore au NorthSea Jazz Festival en Hollande. Il y a photographié les plus grands, Miles Davis, Duke Ellington, Ella Fitzgerald, Toots Thielemans. Son objectif était parfaitement subjectif! Il suivait son instinct artistique qui lui permit de réaliser parmi ses plus beaux clichés.
Globe-trotter, Nikon en bandoulière
Les voyages et l’aventure nourrissent son imaginaire. Ce baroudeur de l’obturateur ne résiste pas devant un ticket d’avion qui l’emmène dans des reportages lointains. Guido a bourlingué aux quatre coins de la planète. Afghanistan, Bolivie, Brésil, Equateur, Pérou, Iran, Pakistan, Rwanda, Birmanie, Amazonie, avec les Nikon toujours en bandoulière, à l’affût de l’image choc ou simplement émouvante. Il a roulé sa bosse, un peu partout.
Carnaval de Venise
Guido est fier de son exposition sur le carnaval de Venise qui a connu les honneurs des cimaises au Centre des arts de la scène Sherover à Jérusalem en 1989. «Je suis allé plusieurs fois à Venise pendant le Carnaval. Les grands bals du mardi gras étaient réservés exclusivement aux vénitiens et à leurs amis. C’est un endroit fabuleux pour faire des photos. Il y a le cadre qui est une véritable scène de théâtre, la lumière est souvent brumeuse le matin, les gens masqués prennent la pose. Au grand angle ou au télé, les photos sont toujours magiques!»
La crise de la presse écrite
Emportant un boîtier ou un smartphone dans leurs bagages, les journalistes de la presse écrite illustrent aujourd’hui souvent eux-mêmes leurs articles. «Il devient de plus en plus difficile de placer des photos de reportages de voyages. Les journaux et magazines, confrontés à la crise de la presse écrite, veulent obtenir et utiliser les photos gratuitement. Dans le domaine du tourisme, il m’est arrivé de partir un mois sans être du tout sûr de pouvoir placer le moindre cliché à mon retour. C’est pour cela que je suis gêné par des invitations tous frais payés à l’étranger. Je ne peux pas promettre que le reportage sera publié dans un grand magazine.»
La mémoire d’une vie
Guido a toujours travaillé seul, avec l’aide de son épouse pour l’archivage de ses clichés. «Je suis parti de rien et je ne veux rien devoir à personne.» Dans son grand bureau sous les toits, Guido a rassemblé tous ses trésors. Dans des armoires, rangés bien à l’abri de la poussière, des centaines de classeurs rassemblent tous les clichés négatifs en noir et blanc et couleurs.
Des milliers de diapositives et des centaines de photos dorment dans des boîtes à l’abri de la lumière. Il a scanné ses plus beaux clichés et les a imprimé en cibachrome, la Rolls de la photographie couleur.
Difficile de trouver un organe de presse en Belgique ou à l’étranger qui n’ait jamais publié une photo ‘copyrightée’ Guido Marcon. Une belle carrière, comme on dit.
Crédit photo Guido Marcon
Voir le reportage sur le Carnaval de Venise par Guido Marcon dans la rubrique Voyages, Europe ou cliquez sur le lien.
Bravo Guido et merci de toutes ces belles photos et aussi tous les bons moments que nous avons partagés.
Tu te souviens le jour où j’ai fait croire que tu étais photographe non-voyant? Il y à longtemps, à cette époque on disait encore aveugle. Et ce soir d’été on nous sommes rentrés en auto-stop de Knokke le Zoute?
Merci de ta bonne humeur.
Bien sûr que je me souviens et je pense qu’Henriette à rangé quelque part dans un tiroir les petites lunettes noir rondes que ton copain opticien m’avait offertes. Et nous avons encore partagé beaucoup d’autres bons moments…..le retour à Bruxelles en 2CV la nuit quand après avoir roulé pendant des kilomètres, on s’est rendu compte qu’on avait tourné en rond….et …le camionneur qui nous avait pris en stop, que tu as envoyé de la côte par Bruxelles pour aller à Anvers et ……que des bons souvenirs.
Merci pour ton commentaire.
Bonsoir
J’ai dansé dans le Sacre en 1971 à Forest National
J’aimerais beaucoup avoir quelques photos
En avez-vous ?
Je me souviens très bien de vous et vous ai téléphoné à ce sujet
Vous m’aviez parlé si gentillement et puis il y a eu le covid
Je reviens donc vers vous
Quelle chance vous avez eu de danser le Sacre du Printemps à Forest National. J’ai assisté à ce ballet éblouissant et j’en garde un souvenir ému. Je vous conseille de recontacter Guido Marcon si vous avez son téléphone.
Ineffable Guido! C’est vrai que tu nous as toujours facilité la tâche, à nous autres journalistes, par ta sympathie, ta discrétion, tes petites boutades et ton esprit d’à propos lors de toutes nos interviews. Ton métier a disparu, le nôtre est en passe de l’être, chacun joue des pixels de son smartphone, chacun poste ses impressions sur les réseaux sociaux. Mais si notre art est devenu gratuit en euros, il garde une autre valeur: la saveur d’une époque, l’honneur d’un contexte qui ont servi à bâtir le nouveau monde du virtuel. Pas de regrets, mon Guido. Rien que de grands moments de belle mémoire. Un de tes partenaires de naguère.
Alain,
Ce que tu as écrit me touche beaucoup. Moi aussi j’ai toujours eu la chance d’avoir été aidé dans ma tâche par vous autres les journalistes. J’ai toutes ces années en mémoire, mais parfois celle-ci me fait défaut….je ne parviens pas à mettre un visage sur ton nom, j’espère que tu me pardonneras.
Un grand merci à toi, partenaire de naguère.
Guido
Hi Guido,
This reportage, is really fantastique. As I have known you for at least 40 years now, and it was always a real pleasure to see you at work, I think that I done my best to keep your Nikon cameras and lenses in working order so you could bring back all these great photos from your voyages. Everyday when I would walk down our hall at work I could admire your photos. It has really been a great pleasure to have known you and admired your work. Best regards Bob
Ciao Bob,
Le temps passe, mais je n’ai pas oublié que quand j’allais chez Nikon (De Beukelaer), j’ai toujours été accueilli avec le sourire. J’ai toujours apprécié tes conseils et l’aide que tu m’as donné pour le choix de mon matériel, pour les dépannages en priorité et le soin que tu y as apporté. Merci pour tout ça.
Je te remercie pour ton commentaire.
Salutoni
Guido
Je connais prequel toutes tes histoires et je parle souvent des moments magiques que nous avons passé en Venetie. Ton histoire est belle tes photos sont magnfiques
Merci Robert,
Rien que que des bons souvenirs qu’on oubliera jamais.
Superbe Guido…
Coup de coeur pour la série » autour du monde »
Au plaisir de te revoir
Didier
Grazie Didier, à bientôt alors, avec grand plaisir.
Grazie mille, Guido !
Que de bons souvenirs, comme lors du reportage de notre mariage. Un tout grand BRAVO pour l’ensemble de ton travail tout au long de ces années. Que de belles émotions.
Merci Marc.
Et oui, le temps passe et le passé revient avec les souvenirs qu’on a gardé en mémoire.
Super reportage et très belles photos, moi j’ai le souvenir des voyages de » Visa pour le monde » au Maroc et en Macédoine » c’était pas hier, ca ne nous rajeunit pas, mais que de bons souvenirs!!
Bonjour je suis moi-même photographe de concert modeste devant votre magnifique carrière J’ai aujourd’hui 65 ans j’ai et je suis toujours un fan de Claude François c’est sans doute ce qui a tjs tiré vers la scène Aujourd’hui je voulais me consacrer à numérisé des négatifs des dias etc de documents qui lui sont consacrés mais en travaillant la qualité numérique le plus possible L’idée est de transmettre aux fans encore présent les belles image que vous auriez faites de lui J’ai envie de faire ça c’est par mercantilisme c’est la passion Si vous avez des archives et que vous voulez les partager avec moi et par la suite les autres je suis passionnément intéressé Le temps et j’espère faire ça c’est tout Je vous souhaite le meilleur Mon mail est axel.tihon@gmail.com je suis de BXl Encore bravo pour votre magnifique carrière Gracie mille